Rebondissement inattendu sur le marché des applications de rencontres. Alors qu’elle devait fermer ses portes à l’issue du premier semestre 2025, l’application française Fruitz a finalement été sauvée sur le fil. Et pour cause, ses fondateurs ont décidé de la reprendre à Bumble, trois ans après l’avoir cédée au groupe américain. Le rachat a été finalisé au mois de juillet, mais les modalités financières de l’opération n’ont pas été dévoilées.
Pour rappel, Bumble avait racheté Fruitz en 2022 pour 75 millions de dollars, la toute première acquisition du groupe américain qui y voyait un moyen de conquérir l’Europe. Mais Bumble, en difficulté face au mastodonte Match Group (Tinder, Hinge, Meetic…), avait finalement décidé de s’en séparer en début d’année pour se recentrer sur son application éponyme. Un coup rude à encaisser pour les fondateurs de Fruitz, Julian Kabab, Fabrice Bascoulergue et Arnaud Ruols, qui avaient réussi à lancer une application de rencontres avec un concept orignal : chaque utilisateur choisissait un fruit (cerise, pêche, pastèque, raisin) en fonction du type de rencontres souhaitées. Par exemple, la pêche pour un coup d’un soir ou la cerise pour trouver son âme sœur.
«On ne voulait pas que notre bébé parte à la poubelle»
Néanmoins, le trio d’entrepreneurs, qui avaient quitté l’entreprise en juillet 2024, n’a pas voulu accepté la disparition de son application en restant les bras croisés. «Quand on a appris la nouvelle de la fermeture, on a demandé à Bumble ce qu’ils faisaient. Et on leur a alors signifié que nous étions prêts à faire une offre pour racheter l’application. Ce fut une négociation express et je salue la bienveillance à notre égard de l’équipe de Bumble», explique Julian Kabab, co-fondateur de Fruitz. Avant d'ajouter : «En nous choisissant comme repreneurs, ils ont démontré un profond respect pour l’histoire de l’application et pour ses fondateurs. Un geste rare dans l’univers des acquisitions, qui illustre une véritable considération et une confiance que nous n’oublierons pas.»
L’opération a été bouclée en quatre mois, le temps pour les trois fondateurs de former une offre suffisamment solide pour séduire le propriétaire américain. Après avoir convaincu une banque de les suivre dans l’aventure, Julian Kabab, Fabrice Bascoulergue et Arnaud Ruols ont pu souffler au début de l’été quand leur offre de rachat a officiellement été retenue par Bumble. «On ne voulait pas que notre bébé parte à la poubelle, nous avons créé l’app avec nos mains et elle marchait bien», souligne Julian Kabab.
«Le marché du dating ne va pas mal»
Alors qu’ils pensaient avoir dit adieu à Fruitz il y a un an, les trois entrepreneurs, qui avaient prévu de monter un autre projet en dehors du dating, ont finalement replongé dans une aventure entrepreneuriale qui avait débuté en 2017. «C’est plus bizarre que compliqué pour s’y remettre», sourit Julian Kabab. Pour l’instant, l’équipe de 8 personnes qui gère Fruitz s’attèle à détacher l’application du système de Bumble avant de relancer une roadmap produit pour innover.
Opérationnelle dans cinq pays (France, Belgique, Pays-Bas, Suisse et Canada), l’application redevient donc officiellement française. Pour leur retour aux manettes de cet acteur du dating, les trois fondateurs ne prévoient pas de lever des fonds. Mais ils ont déjà des idées pour la suite : «Contrairement à ce qu’on peut lire un peu partout, le marché du dating ne va pas mal. C’est plutôt la manière dont les gens ont envie de se rencontrer qui a évolué. Notre roadmap n’est pas encore définie, mais nous allons lancer des choses qui sortent de l’ordinaire.»
«Les quatre fruits, ça ne changera pas pour les 18 prochains mois»
Que les puristes de l’application se rassurent cependant, le concept de base va rester… pour l’instant. «Les quatre fruits, ça ne changera pas pour les 18 prochains mois», assure Julian Kabab. Une petite phrase qui laisse peut-être présager une mini-révolution pour tirer un peu plus son épingle du jeu sur le marché du dating ? Il faudra patienter jusqu’en 2027 pour le savoir.
En attendant, Fruitz, qui a échappé à l’habituelle brutalité business des Américains, va pouvoir savourer sa renaissance. Malgré ce «plot twist» inattendu, les trois fondateurs n’entendent pas délaisser le projet qu’ils avaient commencé à monter avant cette opération commando. C’est simplement repoussé à plus tard, mais pour de bonnes raisons.