Dans un climat de levées de fonds particulièrement tendu, Ventech vient de franchir une nouvelle étape. Le fonds français et paneuropéen spécialisé dans l’early stage annonce la clôture de son sixième véhicule à 175 millions d’euros, le plus important de ses 26 années d’existence.

« Malgré un contexte compliqué, nous sommes à +15 % par rapport au précédent fonds », observe Jean Bourcereau, Président et Managing Partner de Ventech. « Notre force, c’est la fidélité de nos investisseurs : 95 % des LPs ont remis au pot », poursuit-il. Selon Jean Bourcereau, ce taux de réengagement s’explique aussi par une année 2024 particulièrement bonne en matière de distributions, marquée par des sorties emblématiques comme Believe.

L’IA comme pari central

Avec ce nouvel véhicule, Ventech fait un choix clair : consacrer la moitié de son capital et de son temps à l’intelligence artificielle. Aux modèles de base, jugés trop gourmands en capitaux, l’équipe préfère les applications verticales, capables de transformer en profondeur des secteurs entiers.

« L’IA provoque une rupture comparable à l’arrivée d’Internet », estime Jean Bourcereau. « Comme au début des années 2000 avec Internet, il y aura une bulle et beaucoup de déceptions, mais la vague de fond est là. Notre rôle est d’identifier les fondateurs qui transforment cette technologie en solutions concrètes pour les entreprises et les consommateurs », explique-t-il.

En un an et demi, 15 startups ont déjà été financées, dont Omaha Insights, une jeune pousse française qui veut aider les banques d'investissement à mieux évaluer les entreprises dans lesquelles elles investissent.

Cinq thématiques pour bâtir les futurs champions

Si l’IA absorbe une part croissante de l’activité, Ventech déploie aussi son fonds sur quatre autres thématiques : santé digitale, logiciels industriels, cybersécurité et souveraineté technologique. Autant de secteurs jugés stratégiques pour l’Europe dans un contexte de recomposition géopolitique.

« L’Europe est de plus en plus livrée à elle-même. Avec 8 des 10 plus grandes entreprises mondiales issues de la tech américaine, la voie est claire pour l’Europe : accélérer massivement l’innovation. Les fonds de capital-risque doivent prendre leurs responsabilités pour faire émerger la prochaine génération de leaders mondiaux », souligne Claire Houry, General Partner, dans un communiqué de presse.

Une stratégie paneuropéenne assumée

Depuis sa création, Ventech a levé 1,1 milliard d’euros, financé plus de 320 startups, dont Believe et Vestiaire Collective, et réalisé 185 sorties, dont 19 IPOs. Une dynamique rendue possible par un ancrage géographique fort : le fonds dispose de bureaux à Paris, Munich, Berlin, Helsinki et depuis 2023 à Stockholm.

Cette présence locale conditionne la répartition du portefeuille : environ 40 % des investissements en France, 30 à 35 % en Allemagne, 20 à 25 % dans les pays nordiques, avec une poche d’opportunités pour le Benelux et l’Europe du Sud. « L’early stage est un métier de terrain », insiste Jean Bourcereau. « Il faut être au contact des entrepreneurs et des écosystèmes pour détecter les signaux faibles », conclut-il.