Créé pour accompagner les technologies environnementales, Bpifrance Green Venture s’est imposé depuis plus de dix ans comme un investisseur clé des solutions de transition. L’action de l’équipe s’inscrit notamment dans le cadre de France 2030 (anciennement Programmes d’investissement d’Avenir), géré pour le compte de l’Etat et s’articule autour de la gestion des fonds Ecotechnologies dont la mission est d’accompagner les startups développant des briques technologiques capables de répondre aux grands défis environnementaux et climatiques.

Au fil des ans, la stratégie s’est structurée avec une équipe dédiée, capable d’intervenir sur des verticales variées :  énergie, agriculture, mobilité ou encore économie circulaire. « Notre rôle, c’est de tracer le sillon sur des thématiques qui mettent du temps à émerger et qui nécessitent du capital patient. Nous avons la chance d’accompagner des entreprises de long terme, parfois très en amont », rappelle Gilles Schang, directeur adjoint du pôle Bioptech et Ecotech chez Bpifrance.

Deux générations de fonds écotechnologiques

Le premier fonds Écotechnologies, lancé en 2012 avec 150 millions d’euros (réabondé à hauteur de 225 millions d’euros en 2018), a posé les bases de cette stratégie pionnière. Il a accompagné 18 participations emblématiques, parmi lesquelles Actility ou Naïo Technologies.

En 2022, Écotechnologies 2 a pris le relais, doté de 300 millions d’euros, pour cibler des tours devenus plus conséquents (late série A et early B) et soutenir l’industrialisation des solutions. Les tickets moyens oscillent autour de 5 millions d’euros, avec une capacité à réinvestir sur la durée.

L’équipe Bpifrance Green Ventures s’intéresse désormais avant tout aux briques technologiques. Dans l’agriculture, le fonds a par exemple récemment investi dans Micropep (biocontrôle via micro-ARN). Côté mobilité, OceanWings, qui conçoit des voiles pour cargos, illustre l’ambition de décarboner un secteur aussi émetteur que l’aérien. « Ce sont des entreprises souvent “first in their kind”, qui industrialisent des technologies inédites et ouvrent la voie à des marchés entiers », insiste Gilles Schang.

Premiers exits et signaux de maturité

Depuis sa création, l’équipe a accompagné une quarantaine de startups et réalisé plusieurs sorties dont Drivy, revendue à Getaround. Mais le secteur reste exigeant. « L’environnement est encore un secteur qui cherche sa maturité. Les grands succès financiers se font attendre, comme ce fut longtemps le cas pour la biotech. Nous avons la conviction que ces modèles finiront par s’imposer, mais cela prendra du temps », analyse Gilles Schang.

Le contexte n’est pas sans heurts. L’afflux de nouveaux fonds entre 2020 et 2022, porté par l’urgence climatique, a cédé la place à une phase plus prudente. « Le dealflow est toujours là, avec des dossiers de qualité. Mais structurer les opérations est plus complexe : il y a moins d’acteurs prêts à prendre le risque sur un secteur qui allie technologie de rupture, ouverture de nouveaux marchés et besoin d’industrialisation », observe Gilles Schang.


La montée en puissance d’autres thématiques, comme l’IA ou la défense, détourne également une partie des capitaux. Mais pour l’équipe Bpifrance Green Ventures, la conviction reste intacte. « L’environnement est à la croisée de la science, de la technologie et de l’industrie. Ces projets prendront du temps, mais ils sont nécessaires. Et nous continuerons à les accompagner », insiste Gilles Schang.

Une ambition à long terme

Classé article 8 SFDR, le fonds se revendique « by design » aligné avec les critères ESG. Mais son objectif dépasse la conformité réglementaire : démontrer que ces entreprises à impact sont aussi capables de générer une performance économique durable et d’attirer un cercle plus large d’investisseurs. 

Avec une dizaine de participations déjà réalisées dans le nouveau fonds et une ambition d’en doubler le nombre, Green Ventures espère cristalliser dans les prochaines années des réussites emblématiques capables de faire franchir un cap à la filière.