C4 Ventures se met en ordre de bataille pour faire décoller les futures pépites européennes de l’intelligence artificielle, de la robotique et de l’informatique quantique. En effet, le fonds français, créé en 2014 par Pascal Cagni, directeur général d’Apple Europe, Moyen-Orient, Inde et Afrique de 2000 à 2012, annonce le lancement de son troisième véhicule d’investissement de 100 millions d’euros. Avec ce fonds, C4 Ventures prévoit de réaliser 15 à 20 investissements en série A pour contribuer à l’envol des startups européennes à fort potentiel dans l’IA et la deeptech.

Né dans la foulée d’un investissement de Pascal Cagni, accompagné de Boris Bakech, dans Nest, une startup américaine d'objets connectés rachetée par Google pour 3,2 milliards de dollars en janvier 2014, le fonds tricolore estime que le potentiel de l’IA dépasse l’entendement. «La révolution de l’IA est plus vaste que toute autre mutation technologique depuis l’Internet. Nous sommes au cœur d’une transformation massive qui va redéfinir des pans entiers de l’économie», assure Pascal Cagni, co-fondateur et CEO de C4 Ventures. «Ma conviction, c’est que nous ne sommes même pas capables d’imaginer ce qui va se produire, tellement la machine s’emballe et les opportunités sont illimitées», renchérit son associé Boris Bakech.

54 startups soutenues, 12 licornes

Dans ce contexte, C4 Ventures avait déjà commencé à placer ses pions en vue de cette révolution avec une approche mêlant hardware et software. Le fonds a ainsi misé sur des startups comme Neura Robotics (robots cognitifs), Graphcore (processeurs IA), Alice & Bob et PsiQuantum (informatique quantique) ou encore Arago (semi-conducteurs IA). Autant d’entreprises que C4 Ventures espère emmener vers les sommets, alors que le fonds jouit d’un ratio exceptionnel, avec 54 startups soutenues, dont 12 sont devenues des licornes. Au total, une vingtaine d’exits a été réalisée en à peine une décennie d’existence.

Avec de telles performances, les dirigeants de C4 Ventures savent qu’ils sont scrutés avec attention. Mais à en croire Boris Bakech, la «secret sauce» du fonds n’est pourtant pas si compliquée. «Nous sommes une génération d’anciens entrepreneurs de la tech qui deviennent des investisseurs au service des entrepreneurs», résume-t-il. En plus des six Partners dans ses rangs, dont Éric Boustouller, ancien président de Microsoft Europe de l’Ouest, la structure s’appuie sur un réseau mondial d’une trentaine d’Operating Partners pour mettre à disposition des fondateurs une expertise stratégique, un soutien opérationnel et une communauté de décideurs de haut niveau. «On veut cultiver une cultiver un contact proche avec les fondateurs», ajoute Boris Bakech.

«Ce qu’on veut voir dans les projets, c’est une innovation technologique difficile à répliquer»

Si ce dernier est évidemment satisfait de la trajectoire de C4 Ventures, il estime que le fonds doit apporter sa pierre à l’édifice pour contribuer à l’essor d’un écosystème de capital-risque plus ambitieux en Europe pour préserver la souveraineté du Vieux Continent. «Certes, nous avons un ratio de licornes inédit en Europe, surtout pour un fonds qui a seulement 10 ans d’existence. C’est peut-être impressionnant, mais ce n’est pas assez européen», assure-t-il. Avant de développer davantage sa pensée : «Depuis 2022 avec l’émergence de l’IA et la crise de financement, l’écart se creuse avec les Américains. Mistral AI, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt, surtout quand on voit ce que représente OpenAI. Pour autant, est-ce que l’Europe doit abandonner son rêve de devenir un leader ? Ce n’est pas un vœu très réaliste. On doit pouvoir jouer et créer des champions sur notre terrain de jeu.»

Dans ce cadre, C4 Ventures souhaite avant tout miser sur des sociétés atypiques plutôt que sur l’énième SaaS qui se plugge à ChatGPT. «Ce qu’on veut voir dans les projets, c’est une innovation technologique difficile à répliquer», confirme le co-fondateur et Managing Partner du fonds tricolore. La virtualisation des réseaux, l’IA, la robotique, le quantique ou encore le spatial constituent ainsi des champs d’exploration qui aiguisent l’appétit des investisseurs de C4 Ventures. La quête de champions européens dans ces secteurs va donc se poursuivre ces prochaines années avec le véhicule d’investissement du fonds tricolore.