Devenir le «Meta» de la publicité TV, c’est l’ambition de Vibe. Pour s’en donner les moyens, la société qui cible le marché américain de la publicité pour la TV connectée, annonce une série B de 50 millions de dollars mené par le discret fonds britannique Hedosophia, que l’on retrouve au capital de noms bien connus de la tech comme Spotify, Uber, Airbnb, N26 ou encore Qonto.
Les investisseurs historiques ont également remis au pot à cette occasion. Parmi eux, on retrouve notamment Elaia et Singular, mais aussi QuantumLight, le fonds de Nikolay Storonsky, PDG de Revolut, et Illusian, le fonds du patron de Supercell. Dans le cadre de cette opération, Nirav Tolia, PDG de Nextdoor, fait son entrée au conseil d'administration de Vibe. Ce tour de table, qui intervient 18 mois après une série A de 22,5 millions de dollars, porte la valorisation de la société à 410 millions de dollars.
Plus de 120 millions de foyers américains atteignables
Vibe a vu le jour à l’été 2021 sous l’impulsion de Franck Tetzlaff et Arthur Querou. Le premier est l’un des fondateurs de Doctolib, l’un des fleurons de la French Tech, et ancien CTO de Frichti, tandis que le second a créé Appinest et MotionLead avant de devenir Chief Mobile Officer de l’adtech tricolore Adikteev. Ensemble, ils s’étaient déjà essayés au marché de l’adtech avec la création de KMTX, spécialiste du ciblage sémantique, cédé en 2022 à Seedtag en juin 2022.
Avec Vibe, ils développent une plateforme de publicité en streaming vidéo à destination des marques. L’objectif est de rendre l’accès à la publicité en streaming le plus simple possible, en permettant à l’annonceur de sélectionner ses chaînes ou apps de streaming, personnaliser son ciblage d’audience, optimiser ses dépenses en fonction d’indicateurs de performance précis, déposer ses spots vidéo et diffuser son contenu à la télé en quelques minutes. Dans ce cadre, la société a noué des accords avec plus de 500 applications et chaînes de streaming, comme Roku, Disney+ et Paramount+, ce qui lui permet d’atteindre plus de 120 millions de foyers outre-Atlantique.
100 millions de dollars de revenus
Avec son approche, Vibe entend tirer profit d’un marché de la publicité TV en pleine reconfiguration alors que le streaming représente désormais 45 % de l’audience télévisuelle aux États-Unis, dépassant ainsi la part combinée du câble et de la télévision traditionnelle. Dans ce contexte, les dépenses en publicité vidéo numérique, incluant la TV connectée, progressent près de trois fois plus rapidement que le marché publicitaire global, avec un chiffre d'affaires prévu de 72 milliards de dollars en 2025. «Ce marché de la publicité TV nouvelle génération devrait dépasser celui des médias sociaux d'ici 2035, grâce à l'arrivée massive de marques direct-to-consumer et de publicitaires Instagram. C'est un marché de plusieurs milliards de dollars et nous sommes leaders du secteur», assure Arthur Querou, co-fondateur et patron de Vibe. L’adtech assure aujourd’hui travailler avec plus de 5 000 marques.
La mutation du secteur va encore s’accélérer davantage avec l’IA. Et pour accompagner les marques dans cette révolution, l’entreprise a lancé Vibe Studio pour leur permettre de créer des publicités à l’aide de l’IA. Ainsi, plus de 10 % des publicités sur Vibe sont générées par IA, et cette part devrait dépasser les 30 % d’ici fin 2026. Face à cette progression fulgurante annoncée, Vibe va s’appuyer sur sa série B pour investir davantage dans l’IA, aussi bien pour la création de contenus que pour gérer les performances publicitaires des annonceurs.
Rentable d’ici la fin de l’année, l’adtech va dépasser les 100 millions de dollars de chiffre d’affaires, contre 46 millions en 2024 et 16 millions en 2023. Mais la société a de la suite dans les idées pour atteindre la barre du milliard de dollars de revenus à l’horizon 2028. Elle espère ainsi marcher dans les pas de Criteo et Teads, adtechs tricolores qui ont montré la voie du succès outre-Atlantique.