Dans l’informatique quantique, le Graal à atteindre est la suprématie quantique. Et pour cela, il faut parvenir à faire grimper le nombre de qubits embarqués sur chaque machine. Mais le câblage des ordinateurs quantiques donne bien du fil à retordre aux acteurs du secteur. La startup française Isentroniq a donc décidé de s’attaquer au problème pour faire sauter ce verrou technologique.
Pour passer la vitesse supérieure, elle vient de boucler un tour de table de 7,5 millions d’euros mené par Heartcore. Les fonds OVNI Capital, iXcore, Kima Ventures, Better Angle, et Epsilon VC ont également participé à l’opération. Bpifrance et l’Agence nationale de la Recherche (ANR) dans le cadre de France 2030 ont également apporté leur soutien dans le cadre de cette nouvelle levée de fonds.
«Le câblage est le véritable goulot d’étranglement du quantique»
Fondée par Paul Magnard, un docteur en physique qui a évolué au sein d’Alice & Bob, et Théodore Amar (ex-Bain & Company et Hilti), la société a développé une technologie de câblage permettant de surmonter les obstacles induits par les qubits qui se révèlent fragiles et donc sensibles aux erreurs. «Le câblage est le véritable goulot d’étranglement du quantique. Notre mission est de le transformer en accélérateur», explique Paul Magnard, co-fondateur et CEO d’Isentroniq.
En effet, chaque ligne de contrôle qui relie les qubits à l’extérieur du cryostat génère de la chaleur et de l’encombrement, ce qui limite rapidement le nombre de qubits par cryostat. «Au-delà d’une centaine de qubits, les systèmes actuels atteignent leurs limites thermiques et spatiales. Avec les technologies actuelles, construire un ordinateur quantique d’un million de qubits exigerait des installations colossales, de la taille de dix stades, et des investissements de plusieurs dizaines de milliards d’euros», observe la jeune pousse. A noter que celle-ci se concentre sur les ordinateurs quantiques supraconducteurs. Si Alice & Bob, qui a bouclé une série B de 100 millions d’euros en début d'année, s’est positionné sur ce segment, ce n’est pas le cas d’acteurs comme Pasqal ou Quandela.
Ramener le coût d’un système d’un million de qubits à 50 millions d’euros
Avec son approche, que la startup préfère garder discrète, Isentroniq assure pouvoir remédier aux contraintes de chaleur, d’encombrement et de coût du câblage quantique, de manière à pouvoir à aboutir à des ordinateurs quantiques dotés de beaucoup plus de qubits qu’à l’heure actuelle. Alors que les meilleures machines à l’heure actuelle comptent quelques centaines de qubits, il faudrait qu’elles atteignent des milliers, voire des millions, pour transformer à l’échelle industrielle des secteurs comme la santé, la logistique ou encore l’énergie. Dans cette perspective, la société estime pouvoir ramener à terme le coût d’un système d’un million de qubits à environ 50 millions d’euros.
Isentroniq entend s’appuyer sur sa levée de fonds pour se rapprocher justement de cette échelle industrielle. Dans ce cadre, l’entreprise prévoit d’étoffer ses effectifs, notamment en recrutant des profils d'ingénieurs quantiques, mécaniques, hyperfréquence et logiciel. «Grâce à cette levée, nous allons industrialiser une technologie de câblage qui permet de réaliser des machines de plus d’un million de qubits et de rendre le calcul quantique utile, au service de la recherche, de l’industrie et de la société», indique Paul Magnard.