En juin 2024, un accélérateur d’innovation en oncologie a vu le jour à Angers et Nantes  : Impulse by ICO. Il concrétise toute la dynamique entreprise depuis des années par l’Institut auquel il est rattaché : l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO),  faisant ainsi de lui un pionnier, en tant qu'hôpital et centre de lutte contre le cancer, dans la collaboration avec les startups françaises.

L’intérêt des différentes parties est évident. D’un côté, la startup bénéficie d’un terrain de jeu grandeur réelle pour tester sa solution, d’expertise médicale et paramédicale, de mises en relation, d’accès aux données et parfois même d’investissements minoritaires pour faciliter son accès au marché. Du côté de l’ICO, cela permet d’identifier, soutenir et accélérer le développement de solutions innovantes dans la lutte contre le cancer, que ce soit en prévention, diagnostic, traitement ou suivi. « Tout l’intérêt de la démarche engagée consiste à faire dialoguer deux mondes qui ne se parlent pas toujours assez : celui des chercheurs et des médecins d’une part, et celui de professionnels de la tech, des startups et de la valorisation d’autre part. » précise Dr Loïg Vaugier, onco-radiothérapeute et responsable médical innovation à l’ICO. 

L'ICO vient d’ailleurs de lancer « AIforHer », un challenge d'open innovation inédit à la croisée entre étude scientifique et coopétition technologique autour de l'intelligence artificielle et de la lutte contre le cancer du sein, impliquant personnel médical et startups internationales.
Les objectifs sont clairs : permettre à chaque patiente touchée par le cancer du sein de bénéficier, demain, de la thérapie la plus finement adaptée le plus tôt possible, d’évaluer la performance des solutions IA dans la détection de biomarqueurs du cancer du sein et l’aide au diagnostic (fiabilité, robustesse, interprétabilité…), et garantir enfin que les futurs outils d’intelligence artificielle répondent véritablement aux exigences cliniques et s’intègrent dans les pratiques des médecins. Un challenge porté par l’ICO, en partenariat avec AstraZeneca et Daiichi Sankyo.

Organiser le tissu relationnel, entre structures, et au sein-même de l’hôpital

« L'enjeu c'est d'arriver à constituer ce tissu relationnel qui va permettre d’identifier des enjeux communs et de faire se rejoindre les opportunités » souligne Anne-Laure Martin, directrice des datas et des partenariats chez Unicancer, avant de poursuivre « le premier frein c'est en effet de se connaître entre structures, c'est pour ça que nous avons un partenariat avec des acteurs comme France Biotech pour permettre cette première prise de contact ». L'unique réseau hospitalier français dédié à 100 % à la cancérologie a créé en 2020 une direction à part entière étant donné les enjeux autour de la donnée de vie réelle, de l'intelligence artificielle et de la digitalisation. Selon Anne-Laure Martin « nous pouvons aider les sociétés dans le ciblage de leurs innovations pour qu'elles fassent d’autant plus sens par rapport aux besoins médicaux et aux besoins des patients ». 

À Loïg Vaugier d’ajouter : “un hôpital qui travaille avec des startups et d’autres structures, c’est aussi un hôpital qui s’engage pour proposer un service valorisable et qui s’organise en conséquence : avec des méthodes, des processus adaptés, des médecins référents innovation… Et une culture du livrable”.

Se financer et contractualiser

Reste l’éternelle question du financement. Les ressources financières sont évidemment structurantes pour les projets innovants ; Et l’hôpital ne fait pas exception.
Un moyen d’apporter les financements nécessaires pour soutenir les collaborations consiste à s’engager dans une démarche servicielle (i.e utiliser les ressources humaines et matérielles de l’hôpital) afin de délivrer de l’impact et une valeur économique. « C’est exactement ce que l’on fait à l’ICO » affirme Loig Vaugier.Une autre approche consiste à nouer des partenariats et/ou bénéficier de subventions lorsque cela est possible et pertinent.

L’ICO est d’ailleurs l’un des 35 tiers-lieu d’expérimentation en santé numérique porté par le programme France 2030, qui vise à accélérer la mise sur le marché des innovations avec des services personnalisés et un budget dédié. Même son de cloche chez Unicancer qui ne dispose pas de fonds propres mais collabore à la recherche de financements par des appels à projets ou auprès de Bpifrance. Un autre enjeu aussi, estime Anne-Laure Martin, « est de travailler avec les organisations qui fédèrent les différents acteurs pour arriver à des modes de collaboration standardisés et efficients qui permettent de fluidifier la relation contractuelle et instaurer un rapport équilibré entre les différents acteurs ».