Chez Tomcat, on ne parie pas sur un pitch deck, mais sur des mois d’exécution. Fondé par Patrice Thiry, Jeremy Poyer anciens dirigeants de ProwebCE (revendu à Edenred pour plus de 300 millions d’euros) et Elie du Prés de Saint Maur ancien CMO de Edenred puis de Doctolib, le fonds a bâti un modèle rare dans le capital-risque français : investir uniquement dans les startups que l’équipe a accompagnées et observées au quotidien pendant 6 mois.

Leur conviction est simple : la valeur d’un entrepreneur ne se mesure pas à la qualité de sa présentation, mais à sa capacité à apprendre, vendre et exécuter dans la durée.

Miser sur l’exécution plutôt que sur la promesse

Tomcat Ventures se positionne sur les startups B2B Tech, de l’amorçage à la série A. Le fonds est agnostique en termes de secteurs, mais n’investit que dans des modèles récurrents, scalables et axés sur la technologie. Il investit des tickets compris entre 500 000 et 2,5 millions d’euros, en lead ou co-lead selon les tours. 

« On investit pour six ans, pas pour six mois, c’est pourquoi il est essentiel de bien connaître l’équipe, sa vision, sa cohésion et sa capacité à exécuter dans la durée », commente Jeremy Pouyer, CEO. « Notre objectif n’est pas de faire du rendement sur 10 % du portefeuille, mais d’aider un maximum d’entrepreneurs à construire des sociétés performantes », avance-t-il. Pour cela, Tomcat ne mise que sur des startups qu’elle a préalablement accélérées via son propre programme, Tomcat Factory. Cette étape préalable, conçue comme une due diligence “terrain”, permet de dérisquer l’investissement par la pratique plutôt que par la valorisation. « Bien sûr, trouver le prochain Elon Musk ou Steve Jobs serait extraordinaire, mais dans un écosystème français très différent du marché américain, notre priorité est d’identifier des entrepreneurs capables d’exécuter avec rigueur et constance », ajoute-t-il.

Un accélérateur né d’une frustration de business angels

Avant d’être un fonds, Tomcat est un accélérateur. L’idée émerge après la vente de ProwebCE, lorsque les deux fondateurs deviennent business angels. Enchaînant les investissements, ils constatent vite les limites d’un modèle où les décisions se prennent sur la base d’un seul rendez-vous et de données d'exécution par définition inexistantes.

« On investissait des montants importants sans connaître les équipes. On découvrait après coup les capacités d'exécution d’équipes qui n’avaient jamais recruté, jamais structuré, parfois même jamais vendu », se souvient Jeremy Pouyer. De cette frustration est née Tomcat Factory, en 2020, avec une idée : observer les startups dans l’action avant d’investir.

L’accélérateur cible chaque année une trentaine de startups déjà actives (entre 20 000 et 60 000 euros de revenus mensuels récurrents) et leur propose un accompagnement de six mois assorti d’un ticket de 250 000 euros. Durant six mois, les fondateurs sont challengés sur leur go-to-market, leur stratégie de pricing, leur organisation commerciale, leur qualité RH et leur pilotage financier. « On ne fait pas à leur place, on travaille avec eux. Ce qu’on veut comprendre, c’est leur capacité à progresser vite », souligne le cofondateur.

En moyenne, 15 % des startups issues du programme rejoignent ensuite le portefeuille du fonds. Parmi elles, plusieurs sont devenues des références du B2B Tech français, comme Najar, Abby, Webyn, Comet ou Seedext. D’autres ont déjà connu un exit, à l’image de Mantra, rachetée en 2024 par un l’acteur italien de la cybersécurité Cyber Guru, avec une plus-value de 50 % en deux ans, ou de Manda (ex Hello Syndic) dont la participation a été cédée à au fonds Naxicap.

Un accompagnement d’entrepreneurs pour entrepreneurs

L’équipe de Tomcat réunit des profils d’opérationnels aguerris. Aux côtés de Jeremy Pouyer et de Patrice Thiry, Elie du Pré de Saint-Maur (ex-Doctolib, Edenred) pilote les sujets de positionnement et de stratégie marketing ; Sarah Lacarse, ancienne directrice commerciale de ProwebCE, structure les plans de vente et le management commercial ; Guillaume Siffelet (ex-Arkéa) aide les fondateurs à consolider leur pilotage financier et leur modèle économique. Patrice Thiry, lui, intervient sur la culture managériale et la posture de dirigeant.

Cette approche produit des résultats concrets : les startups accompagnées par Tomcat augmentent ainsi en moyenne leur pricing de 30 à 40 % sans perte de conversion, multiplient leur MRR par 2 tout en clarifiant leur stratégie de croissance. 

Autour du noyau dur, une communauté de 400 investisseurs, mentors et LPs ; Entrepreneurs et C-level à succès ; vient compléter le dispositif. Cette dimension communautaire incarne le “give back” cher aux fondateurs : une génération d’entrepreneurs qui aide la suivante à grandir plus vite.

Un modèle d’investissement intégré et progressif

L’architecture d’investissement de Tomcat repose sur trois piliers complémentaires. Le SPV Apollo, financé par les business angels de la communauté, soutient les startups pendant la phase d’accélération et mutualise le risque entre investisseurs.À la sortie du programme, celles qui se distinguent accèdent au fonds institutionnel Tomcat Ventures I, lancé en 2022 avec 20 millions d’euros sous gestion. Ce premier véhicule a déjà investi 8 millions dans 21 startups issues de l’accélérateur, pour un TRI net de 22 % et un portefeuille affichant 25 millions d’euros d’ARR cumulés, en croissance annuelle de 90 %.

Fort de ces résultats, Tomcat lève en 2025 un deuxième fonds, Tomcat Ventures II, doté de 80 à 100 millions d’euros pour financer 70 startups B2B Tech d’ici 2030, en Seed et en Série A. Les tickets, compris entre 400 000 et 2,5 millions d’euros, permettront d’accompagner plus longtemps les sociétés les plus performantes.