Dans un système électrique moderne, les batteries jouent un rôle clé en stockant l’électricité produite, notamment à partir d’énergies renouvelables intermittentes. Elles prennent le relais dès que la production ne suit plus la demande, comme lors des pics de consommation ou des périodes creuses. Elles stabilisent aussi le réseau, évitant coupures et variations de tension, et assurent la continuité de l’alimentation même en cas d’incident. Cela permet d’intégrer davantage de renouvelables, de renforcer la robustesse des réseaux et de réduire la dépendance aux énergies fossiles, tout en accélérant la transition énergétique.
Conçue pour s’affranchir des matières premières fossiles ou extractives à forte empreinte écologique, Kemiwatt propose, selon son Chairman Jean-Paul Crouzoulon : « des batteries stationnaires longue durée, fondées sur une chimie sans terres rares ni matériaux spéciaux, en capitalisant sur la technologie de la flow-batterie qui a déjà fait ses preuves, initialement imaginée pour les bases lunaires de la NASA ».
Grâce à une expertise pointue en chimie organique, l’équipe met au point un procédé unique : « Notre batterie contient 65 % d’eau, intègre des molécules organiques recyclables sans recours aux terres rares et utilise des membranes sans PFAS,, », poursuit-il. Cette approche répond à la fois à la nécessité d’un stockage longue durée pour soutenir la montée des renouvelables, et à la quête de solutions plus sobres face à la crise d’approvisionnement en minerais stratégiques. Leur premier marché ? Les stockistes, compagnies de stockage de produits liquides pétroliers ou chimiques, acteurs incontournables des ports maritimes, qui ont l’opportunité avec la technologie Kemiwatt de redéployer leurs cuves existantes en méga-batteries pour stocker de l'électricité sous forme liquide.
Pour y parvenir, la startup ouvre son capital sur la plateforme de financement participatif Sowefund, une démarche ouverte pour compléter les 5.2 millions d’euros que Kemiwatt vient de lever auprès des investisseurs stratégiques, Stolt Ventures, fonds de capital-risque de Stolt-Nielsen, leader mondial du stockage et de la logistique de produits liquides, et Impact Océan Capital (IOC), fonds d’investissement dédié à l’innovation maritime et à la durabilité en Europe, géré par GO Capital, ainsi qu’auprès d’investisseurs historiques, Pierre-Yves Divet et Cadeis qui confirment leur confiance dans la stratégie de Kemiwatt. : « Déjà 725 000 euros collectés sur Sowefund pour un objectif initial de 500 000 euros, le tour restant ouvert jusqu’au 21 novembre prochain pour sécuriser le plus possible.. Ce capital servira à accélérer l’industrialisation et la phase de déploiement massif auprès des stockistes : adapter notre technologie à des volumes de 5 000 à 10 000 m³, étoffer l’équipe commerciale et assurer la bascule vers un modèle industriel à grande échelle. »
Les ambitions sont claires : « Notre business plan vise plus de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2031, avec une quarantaine de projets industriels majeurs en Europe. L’idée n’est pas de vendre des milliers de petites batteries, mais de miser sur la taille : chaque nouvelle batterie installée dans une cuve existante représente un projet de 50 millions d’euros, couvert par des gisements bien identifiés », résume Jean-Paul Crouzoulon.
Une technologie au service de la transition
Kemiwatt se distingue rapidement dans l’écosystème deeptech. Lauréate du Prix mondial de l’innovation, elle prouve la robustesse de sa solution via plusieurs déploiements opérationnels : « Nos premières batteries fonctionnent depuis trois ans sur des sites en Italie, en France et chez nous», rappelle Jean-Paul Crouzoulon.
La technologie flow-batterie s’appuie sur un principe aussi ingénieux que simple : deux réservoirs contenant des liquides aux polarités différentes circulent de part et d’autre d’une membrane, stockant et libérant l’énergie sous forme moléculaire. « Contrairement au lithium, l’énergie n’est pas stockée dans un matériau solide, ce qui confère à nos batteries une très grande longévité et une sécurité accrue » argumente le chairman de la startup
Au fil de ses développements, Kemiwatt s’impose comme la première au monde à commercialiser une batterie à flux organique, une solution alignée avec les engagements environnementaux européens et capable d’accompagner la montée en puissance des énergies renouvelables. « Au-delà de 25 % d’intégration d’énergie renouvelable dans un mix national, le stockage devient incontournable, sinon votre réseau commence à fluctuer dangereusement », précise l’expert.
Un virage stratégique vers les stockistes
À l’origine pensée pour les réseaux publics, la technologie de Kemiwatt a séduit un marché inattendu : les stockistes, ces entreprises qui, dans tous les ports d’Europe, opèrent de vastes cuves jusqu’ici dédiées aux hydrocarbures. Avec la transition énergétique et la baisse de la demande fossile, ces acteurs cherchent à valoriser ces actifs devenus stratégiques.
Ce virage marque un tournant décisif : « Ils ont vite compris que notre chimie à base d’eau pouvait s’intégrer directement à leurs infrastructures, créant d’immenses réserves d’électricité dans les ports et accélérant la décarbonation logistique maritime », précise Jean-Paul Crouzoulon. Les applications sont variées : fournir de l’énergie propre aux paquebots à quai pour respecter la réglementation, alimenter les industries portuaires, ou encore jouer un rôle clé sur les marchés du trading de l’électricité.
« Nous n’avons pas prospecté ce marché, il s’est imposé à nous. Pour les stockistes, l’enjeu dépasse l’impact environnemental : il s’agit aussi d’un nouveau modèle économique très rentable : louer des infrastructures pour le stockage électrique assure des revenus attrayants, supérieurs à ceux issus des hydrocarbures, avec des taux de rendement à deux chiffres. » Le potentiel est immense : « Rien qu’en Europe, réaffecter 4 % des cuves existantes représenterait plus de 42 GWh de stockage, dont 9 GWh en France. C’est un marché colossal, les batteries lithium ont bénéficié du marché de l’automobile pour faire leur ram-up industriel et baisser leurs coûts, nous chez Kemiwatt, nous avons le marché stockiste. C’est “notre automobile à nous”. De plus, le lithium, lui, est exclu des ports à cause des risques d’incendie, alors que notre technologie est sûre et ininflammable et apporte des avantages décisifs par rapport au lithium »
Une campagne de financement sur Sowefund
Depuis sa création en 2014, Kemiwatt a suivi le parcours typique d’une deeptech : amorçage, capital-risque, concours, subventions. « Nous avons levé environ 9 millions d’euros jusqu’ici, combinant fonds d’amorçage comme Go Capital, Demeter (DEMEA Invest), SATT Ouest Valorisation, des business angels, prix d’innovation et subventions publiques », détaille Jean-Paul Crouzoulon.
La levée stratégique de l’automne 2025 marque un nouveau cap. « Nous venons de boucler un tour de table de 5,2 millions d’euros avec l’entrée de deux investisseurs majeurs : Stolt Venture, acteur mondial du stockage de liquides, et Impact Ocean Capital (IOC), spécialisé dans l’innovation et la décarbonation des activités maritimes. Nos historiques ont aussi remis au pot. »
Vous voulez rejoindre le projet ambitieux de Kemiwatt et devenir actionnaire pour décarboner l’Europe, c’est par ici.