En déplacement à Toulouse hier pour dévoiler la stratégie spatiale française à horizon 2040, Emmanuel Macron a fixé le cap : faire de la France un acteur central de la nouvelle économie spatiale. Cette ambition repose sur une conviction claire : l’avenir du secteur se jouera autant dans les laboratoires que dans les startups.

En misant sur la French Tech du spatial, le Président de la République veut rapprocher les jeunes pousses des grands industriels historiques, dans une logique de coopération plutôt que de dépendance. Une approche qui marque un tournant pour un écosystème longtemps dominé par les institutions publiques et les géants établis comme Airbus, ArianeGroup ou Thales Alenia Space.

Un écosystème en pleine accélération

Le signal envoyé hier matin par la levée de 24 millions d’euros de la startup U-Space, spécialisée dans la fabrication de satellites, illustre cette nouvelle dynamique. Le tour de table, mené par Bpifrance et le fonds Expansion de Charles Beigbeder, confirme la confiance croissante des investisseurs dans le potentiel du newspace français.

Ces derniers mois, les montants levés par The Exploration Company (150 M€), Loft Orbital (170 M€) devenue une licorne, Exotrail ou Unseenlabs témoignent d’une vitalité rare pour un secteur encore émergent il y a cinq ans. La France n’est plus seulement un terrain d’expérimentation : elle devient un pôle d’attraction européen, capable de rivaliser avec les écosystèmes allemands ou britanniques.

Toulouse, cœur battant du New Space français

Au centre de cette effervescence, Toulouse s’impose comme un véritable hub technologique. La présence d’Airbus, du CNES et d’un dense réseau de startups y crée un environnement unique, propice à la collaboration et à l’innovation. Les technologies de propulsion électrique, de nanosatellites ou de surveillance orbitale y progressent à grande vitesse, soutenues par un vivier d’ingénieurs et de chercheurs parmi les plus qualifiés d’Europe.

Ce foisonnement s’appuie également sur un soutien public massif. Le plan France 2030 consacre plus d’un milliard d’euros au financement de la spacetech, via des appels à projets, des subventions et des partenariats public-privé. À cela s’ajoutent les initiatives de fonds spécialisés comme Expansion Ventures ou CosmiCapital, qui injectent des capitaux privés dans un secteur longtemps jugé trop risqué.

Une question de souveraineté technologique

Derrière cette dynamique, c’est aussi la souveraineté technologique européenne qui se joue. Le New Space n’est pas seulement un marché : c’est un enjeu stratégique. La capacité de la France à concevoir et lancer ses propres satellites, à maîtriser ses données et à développer ses infrastructures critiques conditionnera sa place dans la compétition mondiale face à SpaceX ou Planet Labs.

Mais la route reste longue. Le secteur doit encore consolider ses modèles économiques et démontrer sa rentabilité à long terme. Pour s’imposer durablement, la France devra transformer cette effervescence en filière structurée, capable de passer de la promesse à la puissance industrielle.

Le pays dispose désormais des talents, du financement et de la volonté politique nécessaires. Reste à faire du New Space français non plus une aventure ambitieuse, mais une industrie souveraine, compétitive et durable.