Objectif : 70 000 entrepreneurs accompagnés entre 2024 et 2027. Pour mener à bien la première étape du Programme  « Entrepreneuriat Quartiers 2030 », né en 2023, Bpifrance mobilise tous ses partenaires et notamment les réseaux membres du collectif Cap Créa. Il s’agit de faire émerger, d’accompagner, de financer et d’accélérer des créateurs et repreneurs d’entreprise issus des quartiers .

« Quand nous avons débuté le programme, les entrepreneurs des quartiers nous ont parlé d’abord de l’insuffisance de leur réseau, personnel comme professionnel. Ils nous ont dit qu’ils manquaient de contacts pour les accompagner. Ceux qui s’étaient lancés avaient toujours trouvé leurs portes d’entrée “par hasard”... et les autres craignaient que l’entrepreneuriat ne soit “pas pour eux”, explique Marie Adeline-Peix, Directrice exécutive en charge des partenariats régionaux, de la création et de l’action territoriale chez Bpifrance. C’est pourquoi nous avons commencé par aller sur le terrain : avec les Bus de l’Entrepreneuriat, les CitésLab, les Carrefours de l’Entrepreneuriat tout en leur proposant   un dispositif digital et gratuit pour les guider dans leur projet : Mon Pass Créa… »

Les résultats sont au rendez-vous, puisque d’après l’indice entrepreneurial français (IEF), mis à jour tous les deux ans par Bpifrance, on comptait en 2018, seulement 1 habitant des quartiers sur 7 porteur d’un projet entrepreneurial, contre 1 Français sur trois en moyenne ; alors qu’en 2023, ce chiffre était déjà monté à 1 sur 4.

« Nous nous inscrivons dans un mouvement plus large, plusieurs initiatives entrent en résonance avec la nôtre, comme ce que fait la Fondation Entreprendre par exemple, reprend Marie Adeline-Peix. Et je pense que nous sommes collectivement en train de gagner la bataille du “Pourquoi pas moi ? ” En revanche, nous avons un nouveau cheval de bataille : faire en sorte que les intentionnistes passent vraiment à l’acte. »

Ne pas réduire les entrepreneurs des quartiers à des caricatures d’eux-mêmes

Car d’importants freins restent à lever du côté du financement. L’équipe de Bpifrance a donc mis en place l’année dernière des prêts d’honneur adaptés aux entrepreneurs qui ont  peu de fonds propres. Ainsi, au lieu de proposer un euro de prêt d’honneur pour un euro de financement bancaire, elle en propose deux. Et elle accepte que le financement bancaire en question soit réalisé par le micro crédit de l’Adie, ce qui rend possible l’accès à l’emprunt pour les personnes dé-bancarisées. Il est aussi autorisé de reprendre une TPE de plus de trois ans, à l’encontre de ce qui se fait pour les prêts d’honneur solidaires.

Parmi les points d’attention de Marie Adeline-Peix, il reste aussi ce défi : ne pas réduire les entrepreneurs des quartiers à des caricatures d’eux-mêmes. « J’ai connu une jeune femme lauréate d’un prix, qui a fini par ne plus faire mention de cette récompense, car elle était invitée sur toutes les scènes, mais on l’interrogeait uniquement sur son parcours d’entrepreneure maghrébine venue des quartiers. Elle m’a dit : “Personne ne me pose de questions sur l’activité de mon entreprise !” C’est typiquement le piège qu’il nous faut éviter. Nous voulons que les entrepreneurs des quartiers soient traités comme n’importe quel autre entrepreneur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons refusé de créer une “BPI des Quartiers” en 2017. Il ne doit y avoir qu’une seule BPI, pour tous. » Pas question donc d’enfermer ces entrepreneurs dans leurs spécificités, même s’ils partagent souvent des traits communs, comme la capacité d’enjamber les difficultés (ils en ont vu d’autres) ou une forte ouverture sur le monde, liée au multiculturalisme.

Avec 13 000 inscrits l’an dernier, le grand rendez-vous « Quartier Général » (QG) est l’une des faces les plus visibles du dispositif. Cette année, rendez-vous est pris le 4 décembre à la Communale Saint-Ouen. Le concours « Money Time » verra 16 lauréats nationaux pitcher leur projet devant un parterre de financeurs. Parmi les nouveautés 2025 : un « village des solutions » repensé en fonction des besoins des entrepreneurs avec six pôles : “Comment s’orienter ?”,“Par où commencer ?” Se faire accompagner, accélérer et rebondir », « Se financer », « Appuyer sur l’accélérateur » et un pôle jeunesse « Se sensibiliser ». Nouveaux aussi,  un espace IA, une zone de pitch pour les réseaux d’accompagnement, les accélérateurs, les entrepreneurs et un espace « cuisine » destiné à des influenceurs pour produire du contenu tout en cuisinant.

Enfin, ne ratez pas la table ronde sur le plateau Big Média animée par Julien Khaski, rédacteur en chef de Maddyness ! Intitulée « Faire émerger des pépites de la tech et de l'IA, made in Quartiers. », elle aura lieu à 9H30. Avec autour de la table : Morad Attik, entrepreneur et fondateur de Kesk’IA Consulting, Warda Bailiche, PDG de Bauld et Saïd Hammouche, CEO et fondateur du groupe Mozaïk RH.