Avec la généralisation du télétravail et l’augmentation du temps passé devant un écran, les entreprises se retrouvent confrontées à une réalité difficile à ignorer : les troubles musculosquelettiques (plus couramment appelés TMS) représentent encore pas moins de 87% des maladies professionnelles reconnues en France. Et elles touchent de manière croissante les métiers du numérique, pourtant perçus comme “peu physiques”.

Face à ce constat, les organisations repensent notamment leur approche des postes informatiques. L’équipement ergonomique n’est plus un bonus optionnel, mais un levier de prévention, devenu stratégique.

Un risque longtemps sous-estimé dans les métiers numériques

Contrairement à l’image encore tenace d’un travail “léger”, les activités numériques exposent à des contraintes répétitives qui, à long terme, s’avèrent tout aussi délétères que certaines tâches physiques.

Comme le souligne en effet l’INRS, les TMS apparaissent dès lors qu’un déséquilibre s’installe entre les capacités individuelles et les sollicitations imposées par le travail. Dans le cas du travail sur ordinateur, ce déséquilibre provient de micro-gestes répétés, de positions statiques prolongées, d’une sollicitation continue du poignet, du cou ou de l’épaule, et d’un matériel standardisé qui ne tient pas toujours compte des besoins de chacun. Les tensions ressenties dans la nuque, les fourmillements dans le poignet ou la fatigue musculaire au niveau de l’avant-bras ne sont pas de simples désagréments : ce sont les premiers signaux d’alerte ! Et les conséquences peuvent être importantes pour une entreprise : des arrêts maladies qui se prolongent ou se multiplient, un absentéisme de plus en plus lié aux TMS. 

Pour prévenir l’apparition de pathologies chroniques et contribuer à renforcer l’attractivité employeur, notamment dans un secteur technologique où les talents sont attentifs à la qualité de leur environnement, l’ergonomie s’inscrit désormais dans une logique de performance durable. Un salarié moins exposé aux contraintes physiques est un salarié plus concentré, plus efficace et moins sujet à l’épuisement.

Du mobilier ajustable aux équipements intelligents

La première réponse des entreprises consiste souvent à adapter les postes de travail avec du matériel pensé pour réduire les sollicitations musculaires. Les souris ergonomiques, qu’elles soient inclinées ou verticales, limitent la torsion de l’avant-bras, et évitent l’apparition de syndrome du canal carpien et TMS. Les claviers compacts rapprochent les bras du centre du corps, tandis que les sièges ajustables soutiennent la posture neutre. On pense aussi aux bureaux réglables en hauteur, qui permettent d’alterner régulièrement entre position assise et debout.  Ces solutions, qui font partie des recommandations de l’INRS et des acteurs de la prévention, ont l’avantage d’agir immédiatement sur les contraintes quotidiennes.

Parallèlement, une nouvelle génération d’équipements fait son apparition : des dispositifs dits “intelligents”, capables de s’adapter à l’utilisateur ou de l’alerter lorsque sa posture devient contraignante. Certains sièges intègrent désormais des capteurs pour détecter une immobilité prolongée, tandis que des bureaux motorisés ajustent automatiquement leur hauteur selon les usages.  Des logiciels peuvent également analyser les habitudes clavier-souris et suggérer des ajustements ergonomiques ou des micro-pauses. Ces innovations, encore réservées à quelques grandes entreprises, préfigurent un poste de travail plus réactif, plus individualisé et potentiellement plus protecteur…