Pendant que Brevo devient une licorne après avoir été centaure, Pennylane fait le chemin inverse. En effet, la fintech tricolore spécialisée dans la comptabilité annonce avoir dépassé les 100 millions d’euros de revenus annuels récurrents (ARR) en 2025. Un cap symbolique qui permet donc à l’entreprise d’être à la fois une licorne, depuis une levée de fonds de 40 millions d'euros en 2024, et donc un centaure. Selon nos informations, Pennylane s’apprête à boucler l’année 2025 avec 115 millions d’euros d’ARR. Quant à la rentabilité, elle n’est pas attendue avant l’an prochain.
Fondée en janvier 2020 par Alexandre Roquoplo, Arthur Waller, Edouard Mascré, Félix Blossier, Quentin de Metz, Tancrède Besnard, et Thierry Déo, l’entreprise française revendique désormais 700 000 entreprises clientes et plus de 6 000 cabinets d’expertise comptable partenaires. La société assure avoir séduit 140 000 nouveaux clients au cours des derniers mois, ce qui lui a permis de porter à 700 000 le nombre total d’utilisateurs de son outil de gestion financière.
La réforme de la facture électronique en France et en Allemagne porte l’activité
Depuis son lancement, Pennylane a tiré profit de l’engouement des entreprises, notamment les TPE et PME, en quête de solutions digitales pour se transformer à l’ère du numérique. Un impératif alors que la réforme de la facture électronique impose à toutes les entreprises françaises de recevoir des factures au format numérique d’ici le 1er septembre 2026. Les PME bénéficieront d’une rallonge jusqu'au 1er septembre 2027 pour délaisser définitivement l’envoi de factures par e-mail, en fichier Word ou en papier. Outre la France, Pennylane souhaite aussi monter en puissance en Allemagne alors que la réforme de la facture électronique outre-Rhin impose à toutes les entreprises allemandes d’émettre leurs factures domestiques sous forme de facture électronique à compter du 1er janvier 2028.
Ce sont autant d’échéances obligatoires pour les entreprises qui vont doper la croissance de Pennylane dans les prochains. Forcément, Arthur Waller, co-fondateur et CEO de la fintech, a le sourire dans ce contexte favorable à l’activité de son entreprise. «On n’a pas grandi en rachetant des concurrents ou en verrouillant nos clients, on a grandi en construisant une plateforme utile, ouverte, et en misant sur la confiance. Notre ambition est simple : aider les entreprises à mieux piloter leur activité, et les experts-comptables à devenir de véritables copilotes de la transformation numérique», indique-t-il.
Bientôt une levée de 200 millions de dollars à une valorisation supérieure à 4 milliards ?
Pour accélérer son développement, la licorne française, qui compte 900 employés (dont 400 ingénieurs), a notamment levé 75 millions d’euros en avril dernier, ce qui avait porté sa valorisation à 2 milliards d’euros. Elle aura attendu octobre 2024 pour effectuer sa toute première acquisition, avec le rachat de Billy, une startup qui développe des connecteurs afin de créer des passerelles entre des logiciels financiers (comptabilité, gestion de la trésorerie, relation client…) pour permettre aux entreprises d’avoir une meilleure vision sur leurs finances. Une manière pour Pennylane de se renforcer face à une concurrence représentée notamment par Cegid, qui vient de racheter Shine.
Selon Bloomberg, la fintech française serait en discussion avec plusieurs fonds pour boucler un nouveau tour de table de 200 millions de dollars sur une valorisation comprise entre 4 et 5 milliards de dollars. Parmi les nouveaux investisseurs, on retrouverait le fonds américain TCV, basé en Californie, qui a investi notamment dans Netflix, Airbnb ou Spotify. De plus, déjà actionnaire de l'entreprise, le géant américain du capital-risque Sequoia (Apple, Google, Nvidia, OpenAI…) participerait aussi à cette nouvelle levée de fonds. Sur ces points, Arthur Waller affirme que l'entreprise est en permanence en lien avec des fonds d'investissement, mais qu'il n'est pas encore question de lever une telle somme prochainement.
En parallèle, Pennylane prévoit de concevoir des services supplémentaires autour des factures d'achats et de ventes, et de proposer aux entreprises et aux cabinets une solution totalement intégrée et interopérable. Pennylane se décrit d'ailleurs volontiers comme un «Operating System» financier au service des TPE et des PME. Enfin, l’intelligence artificielle constitue une pierre angulaire pour accélérer l’automatisation des processus financiers des entreprises et des cabinets d’expertise comptable.