La Creator Economy continue de monter en puissance. A l’honneur cette semaine à l’occasion de la Paris Creator Week à Station F, le secteur confirme année après année son poids économique majeur. Pour mieux comprendre son impact à l’échelle européenne, les organisateurs de la Paris Creator Week ont réalisé une étude en partenariat avec Coherent Marketing Insights.

Ce rapport estime que le marché européen de la Creator Economy pèse aujourd’hui 32,8 milliards de dollars, avec une trajectoire qui devrait lui permettre d’atteindre les 157,3 milliards de dollars à l’horizon 2032, avec une croissance annuelle d’environ 25 %. Sur le Vieux Continent, la France fait partie des locomotives du marché européen. Néanmoins, l’Hexagone, qui figure sur la troisième marche du podium continental avec un marché valorisé à 8,1 milliard de dollars, se retrouve derrière le Royaume-Uni (8,9 milliards de dollars) et l’Allemagne (9 milliards de dollars).

Le marché européen porté par les micro-créateurs

Au total, l’étude estime que l’Europe compte plus de 8,6 millions de créateurs monétisés, avec une traction qui pourrait porter ce chiffre à 27,7 millions d’ici 2032. «Cette massification atteste d’une démocratisation profonde : les créateurs deviennent une nouvelle catégorie socio-économique à part entière», soulignent les auteurs du rapport. Cette progression spectaculaire s’explique par l’engouement des Européens pour les contenus proposés sur les plateformes comme YouTube, Instagram et TikTok. Selon l’étude, 78 % des Européens suivent au moins un créateur et 42 % consomment du contenu de créateurs chaque jour. Et les créateurs arrivent désormais à fédérer largement au-delà des écrans, comme en témoigne l’énorme succès du GP Explorer organisé par Squeezie.

Ce sont surtout les micro-créateurs (10 000 à 100 000 abonnés) qui tirent la Creator Economy en Europe. Ensemble, ils génèrent 14,9 milliards de dollars de revenus. Derrière eux, les nano-créateurs (1 000 à 10 000 abonnés) représentent 8,2 milliards de dollars, mais il s’agit de la catégorie la plus volumineuse avec plus de 6,3 millions de profils. Selon l’étude, ils pourraient être plus de 20 millions d’ici 2032.

Bien moins nombreux, les macro et méga-créateurs (environ 1,7 % des profils seulement), concentrent près de 9,7 milliards de dollars de revenus cumulés. Ces derniers n’hésitent pas désormais à concevoir des superproductions qui peuvent parfois coûter plus d’un million d’euros comme «Terminal», la série de Michou en quatre épisodes pour proposer un jeu de survie qui place une quinzaine de personnalités d'internet dans un aéroport abandonné où elles doivent échapper à des soldats. «Ce déséquilibre démontre une Europe structurée en deux vitesses, où la valeur économique se répartit différemment selon les marchés nationaux», observent les auteurs du rapport.

Vers 1,5 million de créateurs monétisés en France en 2032 ?

Si on se concentre sur la France, l’étude souligne que le marché tricolore a progressé de 19 % sur un an pour peser 8,1 milliard de dollars, contre 6,8 milliards de dollars en 2024. Il pourrait atteindre les 38,6 milliards de dollars d’ici 2032. L’Hexagone héberge désormais 348 058 créateurs monétisés en 2025, contre 303 648 un an plus tôt. Selon le rapport de la Paris Creator Week, le cap des 1,5 million de créateurs pourrait être quasiment atteint à l’horizon 2032. «Cette croissance rapide est portée par l’essor des creator brands, la professionnalisation accrue du secteur et une réglementation pionnière qui renforce la transparence et la confiance du public», expliquent les auteurs de l’étude.

Portée par des stars comme Squeezie, Inoxtag, Michou, Amixem, Maghla ou encore Léna Situations, la Creator Economy française se renforce de plus en plus avec l’émergence de structures dédiées. Il y a quelques années, la RedBox, avec Amixem, et Maison Grise, avec Pierre Croce, avaient montré la voie.

Ces derniers mois, Kyan Khojandi, la star de «Bref», et Inoxtag ont ajouté leur pierre à l’édifice. Le premier a lancé «Le Bon Moment» pour propulser des marques grand public portées par des créateurs de contenus sur le modèle des startup studios, tandis que le deuxième, qui a littéralement cassé Internet avec son projet «Kaizen», vient de créer le studio créatif Ascend. Une manière de professionnaliser encore un peu plus un secteur qui ne cesse de se développer, au point de concurrencer des secteurs historiques comme la télévision.