Devenir un produit commercialisable et ne plus se limiter à des recherches en laboratoire : voilà peut-être le principal défi du secteur de la deeptech. On parle même parfois en anglais de “valleys of death” (littéralement, vallées de la mort) pour qualifier cette phase qui sépare le prototype de la mise en marché Selon un rapport, le secteur deeptech mondial pourrait atteindre un potentiel d’environ 9,3 trillions d’euros d’ici 2030. Pourquoi de telles difficultés, et comment y remédier ? Quelques éléments de réponses avec Onepoint.

Les obstacles au passage à l’échelle de la deeptech

Comme l’explique Renaud Mignerey, responsable des programmes de R&D et d’innovation du groupe Onepoint, le premier obstacle est celui de “la temporalité” : contrairement à d’autres startups, les entreprises de la deeptech reposent sur des découvertes scientifiques ou technologiques particulièrement complexes, et souvent longues à maturer…

Transformer un prototype en un produit viable, cela coûte aussi particulièrement cher, et les investisseurs se montrent frileux en raison des risques plus importants : en l’absence de financement ciblé, donc, difficile d’avancer. Ceci est d’autant plus problématique en Europe, où les entreprises deeptech seraient moitié moins susceptibles que leurs homologues américaines de lever des fonds en un tour de croissance important. 

A ceci s’ajoutent les contraintes réglementaires dans certains secteurs comme le médical, où la certification et la validation scientifiques ralentissent encore l’accès au marché ou encore, le manque de talents pouvant répondre à des enjeux bien spécifiques.

Passer d’un environnement très contrôlé au marché réel

Pour passer d’une découverte scientifique portée par des chercheurs généralement très experts dans leur domaine, jusqu’à une solution commercialisable et exploitable, cela implique de maîtriser des aspects juridiques, réglementaires, financiers, business, qui parfois, contraignent la mise en production de ces idées scientifiques”, détaille ainsi Renaud Mignerey.

Ces innovations sont souvent conçues dans des environnements extrêmement contrôlés. Pirmin Lemberger, directeur scientifique chez Onepoint, détaille : “Il s’agit de les faire passer au stade d’innovation où vont entrer en considération des notions de sécurité, fiabilité statistique, robustesse, qui ne sont pas prises en considération par les chercheurs qui développent la science fondamentale.” En d’autres termes, le défi consiste à transférer des prototypes conçus “en mode bricolage” par des experts, vers des produits fiables et exploitables dans le monde réel.

Créer des traits d’union entre les communautés scientifique et entrepreneuriale

Quelles solutions pour faciliter le passage du laboratoire au marché, et rapprocher recherche et entreprise  ? Comme le souligne Renaud Mignerey, “une solution privilégiée par Onepoint est de faire travailler de manière hybride et complémentaire des compétences scientifiques, business, juridiques et les acteurs majeurs de la santé tels que les hôpitaux.” L’objectif : lever les freins en apprenant à mieux se connaître.

Il faudrait prendre le temps d'apprendre à connaître l’autre communauté, illustre à son tour Pirmin Lemberger. Le monde de l’entreprise doit apprendre à connaître le monde de la recherche, et inversement.” Dans des projets de recherche communs, les doctorants feraient, selon l’expert, office de “trait d’union”, de pont entre ces deux mondes.

Chez Onepoint, on a même inventé un poste pour faciliter ces échanges, celui de “chercheur entreprenant”. L’idée n’est pas de pousser les chercheurs à créer une startup demain, mais plutôt de les encourager à adopter une posture moins académique, plus pratique, pour au bout du compte, mieux valoriser leurs projets de recherche.