Un nouveau financement pour la pépite française du quantique C12. La deeptech obtient une subvention d’innovation de 13,9 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030, qui pourrait faire l'objet d'une coupe d'un milliard d'euros. La startup avait déjà levé 18 millions d'euros l'année dernière, avec des investisseurs comme  BNP Paribas, Bpifrance, 360 Capital ou Varsity, fonds early-stage lancé par des anciens de Société Générale et Serena

La France fait du calcul quantique l’un des piliers de sa stratégie industrielle et technologique. Longtemps cantonnée aux laboratoires de recherche, cette technologie entre progressivement dans une phase charnière, où les enjeux ne portent plus seulement sur la performance scientifique, mais sur la capacité à industrialiser, à fiabiliser les procédés et à préparer des usages concrets. 

Une technologie de rupture issue de la recherche française

C12 développe des processeurs quantiques reposant sur une approche technologique différenciante : des qubits de spin intégrés dans des nanotubes de carbone, au sein de puces semi-conductrices. Cette technologie s’appuie sur un savoir-faire scientifique issu du CNRS et du Laboratoire de Physique de l’École normale supérieure, avec l’ambition de lever l’un des principaux verrous du secteur : le passage à l’échelle.

L’enjeu n’est plus uniquement de démontrer des performances en laboratoire, mais de rendre ces technologies reproductibles, fiables et industrialisables, afin de préparer leur adoption par des acteurs industriels.

Passer du laboratoire à l’usine : l’industrialisation comme priorité

Le financement France 2030 doit soutenir le projet QARTIQ, prévu sur 24 mois, dont l’objectif est de consolider l’ensemble de la chaîne menant à l’industrialisation d’un processeur quantique. Cela couvre aussi bien la fabrication des puces que leur préparation à une intégration dans des environnements de calcul haute performance et le cloud.

Pour passer à l'échelle supérieure, c'est-à-dire aller vers l'industrialisation, il nous faut améliorer beaucoup de choses : la qualité des puces, la façon dont on les caractérise, la façon dont on les initialise, et lorsque cet ordinateur quantique sera prêt, améliorer la façon de le connecter au grand centre de calcul” explique Lydia Baril, Head of Innovation and Partnerships chez C12. Au cœur de cette trajectoire figure la notion de reproductibilité industrielle, considérée comme un jalon décisif pour le secteur quantique. L’objectif est de démontrer qu’un même niveau de performance peut être atteint de manière répétée et à l’échelle, condition indispensable à l’émergence de cas d’usage concrets. 

C12 avance déjà avec plusieurs industriels afin d’anticiper les besoins du marché et de préparer l’intégration de ses processeurs quantiques dans des environnements opérationnels. “Concrètement, on travaille sur des simulations de réactions chimiques avec Air Liquide. On travaille sur des applications en défense, notamment sur des cas d'application du radar avec Thales. Et on travaille aussi sur l'aérospatiale, le design aérospatial et tout ce qui va être de simulations multiphysiques, donc écoulement d'air, chaleur, etc, avec Dassault Aviation” détaille Pierre Desjardins, CEO et cofondateur de C12.

Des jalons industriels encore lointains pour le quantique

Cette annonce s’inscrit dans un contexte où le calcul quantique reste une technologie émergente, confrontée à des défis majeurs de financement et de maturité industrielle. Si la France et l’Europe ont fait du quantique une priorité stratégique, l’écart avec les États-Unis demeure significatif. “Aujourd'hui, si on regarde le niveau de financement en Europe versus les États-Unis, il y a au moins un facteur 10” souligne Pierre Desjardins, CEO et cofondateur de C12.

Face à cet écart, la startup défend une approche qu’elle qualifie de plus frugale, visant à éviter des architectures lourdes et extrêmement coûteuses. L’enjeu, à moyen terme, est de construire des ordinateurs quantiques capables de répondre à des problématiques industrielles réelles, sans nécessiter des infrastructures démesurées.

Avec ce financement, C12 se positionne parmi les acteurs français capables d’aborder le calcul quantique sous un angle résolument industriel. En misant sur une technologie différenciante et une trajectoire maîtrisée vers le passage à l’échelle, la startup entend désormais transformer son avance scientifique en un avantage industriel durable.