L'actu

Les faits. Licorne discrète mais licorne concrète ! Exotec, qui fournit de solutions robotiques pour les entrepôts, officialise ce lundi une série D de 335 millions de dollars (292 millions d'euros), menée par Goldman Sachs Asset Management, avec le soutien de Bpifrance via son fonds Large Venture. 83North, Iris Capital et Breega, déjà présents au capital, remettent également au pot. La dernière levée de la startup datait de l'automne 2020 : elle avait alors rassemblé 90 millions de dollars. Cette nouvelle opération fait non seulement entrer l'entreprise dans le club des licornes mais porte sa valorisation à pas moins de 2 milliards de dollars.

L'anecdote. En 2020, Romain Moulin, le CEO, ne faisait pas du statut de licorne un objectif prioritaire : " devenir une licorne, c’est une belle histoire mais ce n’est pas une vision en soi ", avait-il dit à Maddyness. Et en 2022 ? Même discours pour Thomas Genestar, directeur général France : " le statut de licorne est une super étape mais n'est pas une fin en soi ".

Le contexte

Les clients. La scaleup a déjà convaincu de prestigieux distributeurs et commerçants, à l'instar d'Uniqlo ou Carrefour. " Exotec a dépassé la trentaine de clients et la cinquantaine de systèmes déployés, ce qui a prouvé la valeur de sa technologie et sa solidité, et ce à grande échelle ", s'enthousiasme Julien-David Nitlech qui a supervisé l'investissement d'Iris Capital.

Les opportunités de marché. La startup a profité ces derniers mois d'un double phénomène : la pandémie a d'un côté dopé l'adoption par les distributeurs et commerçants de solutions d'optimisation logistique pour répondre à la demande grandissante des clients - et faire face à l'essor de l'e-commerce depuis le premier confinement ; d'un autre côté, elle a aussi mis en lumière la fragilité des chaînes d'approvisionnement, dans un contexte ultra-mondialisé qui a révélé les enjeux de la réindustrialisation nécessaire de la France pour éviter une trop grande dépendance aux économies étrangères. Exotec ayant fait le choix de fabriquer ses robots logistiques dans les Hauts-de-France et de concentrer sa R&D dans l'Hexagone, elle répond à la volonté tricolore de faire émerger de nouveaux géants industriels, sur des segments à forte valeur ajoutée. Un parti pris qui a notamment convaincu Bpifrance d'investir.

La concurrence. Malgré son nouveau statut de licorne, Exotec aura fort à faire pour tenir la dragée haute à son principal concurrent, le Norvégien Autostore. L'entreprise est déjà cotée en Bourse, à Oslo, et pèse 12 milliards de dollars, soit 6 fois la valorisation de la pépite française. Pour autant, l'entreprise a été créée en 1996, Exotec a donc connu une croissance beaucoup plus rapide.

À quoi va servir l'argent ?

Le développement international. Déjà présent en Amérique du Nord et au Japon, Exotec va donner un coup d'accélérateur à son expansion internationale, afin de concrétiser son ambition de devenir " le leader mondial de la robotique logistique ". L'entreprise souhaite donc à la fois " se renforcer " dans les pays dans lesquels elle est déjà implantée mais aussi attaquer de nouveaux marchés. " C'est un vrai challenge parce qu’il faut se faire connaitre par de nouveaux acteurs et leur démontrer la plus-value de notre technologie ", souligne Thomas Genestar, directeur général France de la pépite.

L'élargissement de la gamme de solutions. Pour l'instant connue surtout pour ses fameux SkyPod, l'entreprise souhaite multiplier les cordes à son arc. " Nous voulons continuer de développer de nouvelles technologies, à raison d'une par an, pour garder notre dynamisme et notre valeur ajoutée par rapport à la concurrence ", anticipe Thomas Genestar. L'entreprise mise également sur son logiciel de gestion (ou WMS, warehouse management system) afin d'en faire un atout à part entière.

Le recrutement. Qui dit innovation et développement à l'étranger dit recrutement. Et Exotec ne manque pas d'ambition en la matière : 300 recrutements sont prévus rien qu'en 2022, ce qui fera presque doubler la taille de l'entreprise aujourd'hui constituée de 350 salariés. Et sur les trois prochaines années, ce sont pas moins de 500 ingénieurs au total qui sont attendus pour étoffer les équipes de R&D.