« J’ai commencé comme assistante dans une boutique à Londres en 2004« , raconte Ruth Andrade, qui gère la stratégie développement durable de la marque de cosmétique Lush pour le Royaume-Uni et l’Europe. Vegan convaincue, elle persuade l’un des fondateurs de Lush, Mark Constantine, de passage par hasard dans son magasin, de s’intéresser de plus près à l’impact environnemental de ses produits, à l’époque toujours emballés dans du plastique. Jusqu’à finir en charge d’un département dédié, à Londres.
Aujourd’hui, l’un des membres de son équipe se consacre exclusivement à l’analyse de la chaîne de production. « Il a étudié l’empreinte carbone de tous nos matériaux et tous les risques : déforestation, problèmes de droits fonciers pour les populations locales, dégradation du sol ou impact sur la biodiversité », détaille Ruth Andrade. À l’aide de logiciels d’analyse (Markersite, Altruistiq ou encore Maplecroft), la marque élabore un score de risque et en tire une liste de matériaux recommandés. Les formules des savons ou encore des shampoings solides pour lesquels est connue la société Lush peuvent ensuite être adaptées : moins d’huile essentielle de rose, dont la production est gourmande en énergie, ou davantage d’huile essentielle de citron, qui absorbe plus de CO2 qu’elle n’en émet.
Mesurer l’empreinte environnementale de leur entreprise et la réduire : c’est ainsi le rôle des départements développement durable, prisés avec le durcissement de la législation climatique.
La législation incite à mieux faire
Le « verdissement » des emplois est en grande partie motivé par des changements législatifs, selon Dominique Mamcarz, directeur RSE (responsabilité sociétale des entreprises) chez DPDGroup, le réseau de livraison international du groupe La Poste. Car les entreprises doivent prendre en compte la taxonomie « verte » européenne, une liste d’énergies jugées vertueuses pour le climat et qui facilitent certains financements. Une directive européenne de 2014, révisée en 2020, impose également aux entreprises de divulguer leurs données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). En 2023, cette obligation concernera toutes les structures qui emploient plus de 250 personnes, et non plus 500.