“Quand te reverrais-je, pays merveilleux ?”. Cette scène mythique des années 80, où Michel Blanc sautait du haut d’un télésiège et voyait sa chute amortie par la neige, nous l’avons tous en tête. Malheureusement, ce court extrait semble désormais définitivement appartenir au passé, en raison du décès de l’acteur en octobre 2024, mais aussi du réchauffement climatique qui fait drastiquement baisser, d’année en année, le volume de neige sur les montagnes françaises. Trop chaud donc, mais aussi trop cher. Depuis plusieurs années, il devient de plus en plus complexe de trouver une place aux sports d’hiver. Pour autant, le ski se réinvente grâce à une startup française, Skwheel, qui vient de sortir sa paire de skis motorisées que vous pourrez utiliser dès cet été. 

Deux skis électriques montés sur deux roues chacun, afin de se rapprocher le plus possible de la sensation de virage en carve, et capables d’atteindre les 25 km/h . Ce ski peut vous permettre de vous déplacer sur une distance de 30 kilomètres avant recharge et peut être utilisé aussi bien sur route que sur terre. La startup normande, ancienne candidate de “Qui veut être mon associé” en février 2025,  vient d’ailleurs d’annoncer un partenariat avec les stations de sports d’hiver de la Stass’ et de Chamonix. 

Skwheel veut maintenir les stations de ski à flot

Skwheel, fondée par les frères Masseboeuf et de Joseph Dahirel, livrera cette semaine ses premières paires de skis motorisées dans les deux stations alpines. Des domaines skiables qui n’ont pas été choisis au hasard. En somme, ce partenariat permettra à l'entreprise de se faire connaître auprès des professionnels du secteur et d’accomplir un de ses objectifs principaux : permettre la diversification des activités en station, notamment à l’heure du réchauffement climatique. 

“La Stass’ était un petit domaine skiable qui a fermé ses portes en 2019 à cause du manque de neige”, explique Antoine Masseboeuf, un des fondateurs de la société.  “On la considère vraiment comme une station pilote, parce qu’elle a, en partie avec nous, pu rouvrir ses portes en proposant de nouvelles activités, en réutilisant des infrastructures déjà présentes. Cela nous a donné l'occasion de pouvoir skier avec notre technologie et ensuite réutiliser certaines remontées mécaniques. Ça montre qu'on peut faire renaître des stations et qu'on peut faire tourner l'économie de ces petits villages dans lesquels ces stations sont présentes. En fin de semaine, nous leur livrons trois paires de skis avant d’éventuelles livraisons supplémentaires en fonction de l'attractivité et de la fréquentation de leur domaine.”

La chaîne de production des skis est lancée

Néanmoins, si dans la petite station située en périphérie de Grenoble, le partenariat a une visée socio-économique, il devrait avoir une autre portée dans la prestigieuse station de Chamonix. “C’est une station internationale réputée mais qui à terme, devrait elle aussi pâtir du manque de neige. Là-bas, le partenariat prendra une autre forme puisque nous allons créer des initiations à notre technologie, le tout guidé par un professionnel. Cela vise à proposer une nouvelle activité qui leur permette de continuer à développer l’économie de la station.” Des stages de découverte, assurés par les professeurs d’Évolution 2, le service privé d'apprentissage des sports d'hiver, sans nouvelle formation nécessaire. “Le point fort de notre technologie, c’est qu'elle se rapproche au plus près d’une paire de skis classique et permet donc aux habitués de s’adapter assez facilement.”

Un partenariat rendu possible notamment par le récent lancement de sa chaîne de production il y a deux semaines. Après plusieurs années de présentation du produit et de développement, Skwheel a enfin pu produire et livrer sa technologie. Associée à F2J Industry, sous-traitant du groupe Stellantis et du groupe Volkswagen, Skwheel a pu mettre en place une ligne d’assemblage dans un des entrepôts de la multinationale. Au total, 250 paires de ski devraient sortir d’usine et être livrées d'ici la mi-septembre. Cette chaîne de production devrait à terme, permettre la production de 18 000 paires par an. 

Un élargissement de ses activités donc, mais fait pas à pas. Après le CES, la question de la distribution internationale s’est posée. Néanmoins, celle-ci ne devrait pas intervenir immédiatement. “Au retour de Las Vegas, on a eu beaucoup de contacts de distributeurs internationaux aux États-Unis et en Australie notamment. Le souci, c'est qu'à ce moment-là, nous n’étions pas prêts à assumer de telles commandes. Je pense que nous élargirons rapidement nos activités à l’international, mais pas avant 2027.”