Une bonne nouvelle en ces temps de contexte économique morose. Les entreprises européennes choisissent essentiellement de procéder à leur introduction en Bouse en Europe, plutôt qu'aux États-Unis. C'est ce qui ressort du baromètre du cabinet français ScaleX Invest, que vous dévoile en exclusivité Maddyness. Entre 2015 et 2024, ScaleX Invest a comptabilisé 119 IPOs d’entreprises technologiques européennes (hors biotech) avec une capitalisation lors de l’introduction supérieure à 400 millions d’euros. 

Les Allemands et les Français restent dans leurs pays

76% de ces IPOs ont eu lieu sur Euronext à Paris, Amsterdam, Bruxelles, Dublin, Lisbonne ou Milan, à la Deutsche Börse (Francfort), au London Stock Exchange ou sur les places du Nasdaq Nordic. “Euronext dans son ensemble totalise 29 introductions, le London Stock Exchange en compte 17 et la Deutsche Börse 19. Les places américaines - Nasdaq et New York Stock Exchange - captent environ un quart des IPO, avec 25 opérations”, détaille ainsi Sébastien Paillet, le CEO de Scale X Invest.

Celui-ci relève au passage certaines particularités. Tout d'abord, le Royaume‑Uni (27 IPOs), l’Allemagne (19) et la Suède (12) sont les pays d’origine dans lesquels la moitié des IPOs tech recensées. La France, elle, n’a compté “que” neuf opérations sur la période. Ensuite, Londres attire plutôt les startups de la finance, avec 7 des 16 fintechs de l'échantillon, tandis que les cleantech sont sur-représentées à Francfort et aux Etats-Unis.

En outre, loin de privilégier les Etats-Unis, les entreprises françaises et allemandes ont largement tendance à s’introduire en Bourse dans leur pays d’origine. À l’inverse, leurs homologues britanniques, suédoises et suisses ont davantage tendance à se tourner vers les marchés américains. 

Les Etats-Unis, point de chute des plus grandes opérations

Mais derrière ce bilan globalement positif pour l’attractivité des places européennes, les Bourses américaines restent toutefois le point de chute des très grandes opérations. Elles ont ainsi attiré quatre des cinq plus importantes IPO de la période : Arm Holding, UI Pass, Spotify et Polestar (20 milliards). À l’inverse, les dossiers de taille intermédiaire privilégient la proximité des investisseurs et une discipline de valorisation jugée plus robuste sur les places européennes.

Comme l’observe Sébastien Paillet, “les places américaines attirent très peu d'entreprises valorisées moins d'un milliard lors de leur introduction : à peine 10% des IPO dans cette catégorie. En revanche, au-dessus du milliard, elles en attirent beaucoup plus. Cela explique en partie pourquoi les États-Unis n'attirent pas les entreprises françaises : tant qu'elles n'atteignent pas des valorisations supérieures au milliard, l’intérêt des plateformes américaines reste limité.” 

Les valorisations françaises restent trop faibles pour se tourner vers les US

Alors que l’entrée de Criteo au Nasdaq commence à être un lointain souvenir (c’était en 2013), le CEO ScaleX Invest souligne que “sur les dix dernières années, aucune entreprise française de notre échantillon ne s'est cotée aux États-Unis. Un choix qui serait plutôt fait par défaut, plus que par conviction patriotique, faute d’une taille suffisante pour intéresser les investisseurs outre-Atlantique. 

De fait, la première entreprise française du baromètre n'arrive qu'en 28e position : il s’agit d’OVH, valorisée 3,5 milliards d’euros pour son introduction en octobre 2021, bien loin des 54,5 milliards de dollars d’Arm Holding, qui est entré au Nasdaq en septembre 2023. Dataiku, créée à Paris en 2013, aurait pu faire évoluer le classement pour le prochain baromètre : l’entreprise aurait l'intention de rentrer au Nasdaq d’ici mi-2026… Mais son siège social est depuis longtemps installé aux Etats-Unis.

Un signe positif toutefois : "sur les trois IPO de 2024, deux sont françaises – Planisware et Exosens. Cela témoigne d'un écosystème français qui reste dynamique, même si nous manquons encore de candidats dans le pipeline pour de très grosses introductions. La réalité est que la France ne compte pas beaucoup d'entreprises technologiques générant plus de 500 millions d'euros de chiffre d'affaires net" explique Sébastien Paillet. Un seuil en dessous duquel les chances de succès d'une introduction en bourse s'avèrent réduites.

Le baromètre complet : https://scalex-ipo.vercel.app/ipo