L'histoire de la réussite sportive de Nico Rosberg semble tout droit tirée d'un film. Fils d'un champion de Formule 1, Nico a suivi les traces de son père sur l'asphalte. Il a fait ses débuts en Formule 1 en 2006. Mais il lui a fallu attendre onze ans, émaillés d'une amère rivalité publique avec son coéquipier chez Mercedes Lewis Hamilton, pour que le Germano-Finlandais goûte le succès ultime sur le circuit Yas Marina à Abou Dhabi, alors qu'il disputait son premier Championnat du monde de Formule 1, en 2016.

C'est ce qu'il a fait dans les jours qui ont suivi qui a surpris tout le monde : il a pris sa retraite. Nico Rosberg revient sur ce moment décisif, au plus fort de sa carrière. "Je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire vraiment", a-t-il expliqué lors d'un webinaire organisé par le fonds de capital-risque First Minute Capital intitulé "myfirstminute".

Pour les non-initiés, pourtant, le champion semble avoir tout prévu. Depuis sa retraite, il s’est fait un nom en tant qu’investisseur technologique de premier plan, notamment dans le domaine du développement durable. En 2019, il a organisé le premier Greentech Festival à Berlin, réunissant des entrepreneur·e·s et des consommateurs et consommatrices du monde entier pour discuter des prochaines étapes de l'innovation durable.

Des tours de piste aux tours de table

Lorsque Nico Rosberg a annoncé son départ à la retraite à 31 ans, il n'a pas hésité à réfléchir aux étapes qui suivraient. Même s'il ne savait pas exactement où il voulait aller, il avait une bonne idée du type de secteur où il voulait dépenser son énergie et son argent : le développement et l'innovation. "J'ai parlé à de nombreux interlocuteurs pour m'inspirer" , se souvient-il. L'une de ces personnes était le pionnier technologique et héros personnel du sportif, Elon Musk. Ils se sont rencontrés quelques années auparavant : Nico Rosberg sortait du circuit après avoir remporté son premier Grand Prix de Monaco, Elon Musk était alors l'invité d'honneur en tribune.

Il s'est rendu dans la Silicon Valley pour rencontrer des entrepreneurs, des innovateurs et des investisseurs et a été surpris par ce qu'il a vu. Tout d'abord par l'incroyable capacité de ces entreprises à pivoter, quels que soient  les obstacles que le monde a mis sur leur chemin. Deuxièmement par leur capacité à embrasser l'échec - un concept qui était étranger à sa mentalité de sportif. "Certains célèbrent même l'échec", rigole celui qui devenu investisseur.

Mais surtout, il a vu qu'il pouvait s'agir d'un domaine où il pouvait avoir un réel impact, non seulement en termes d'investissement dans des entreprises prometteuses, mais aussi en termes de soutien des innovations qui pourraient changer le monde. "J'ai toujours eu envie d'être utile. Ce qui bénéficie aux autres et m'apporte du bonheur : voilà ce qui est au coeur de mes projets et de ma thèse d'investissement" , souligne-t-il.

Objectif impact

Les investissements de Nico Rosberg à ce jour concernent des domaines aussi passionnants que divers. La startup allemande Lilium est l'un des leaders du secteur des taxis aériens, développant un avion miniature quatre places conçu pour concurrencer Uber et les applications de covoiturage. La société a lancé sa dernière vague de financement fin mars, dans un contexte de ralentissement économique mondial, et a réussi à lever 240 millions de dollars. "C'est une entreprise qui contribuera à améliorer la qualité de vie, réduira la pollution et démocratisera les vols à courte distance parce que cela ne coûtera pas beaucoup plus cher que le modèle du covoiturage" , plaide l'investisseur.

Chargepoint, une autre jeune pousse dans le portefeuille d'investissement de Nico Rosberg, est le plus grand réseau de bornes de recharge de véhicules électriques. Promenez-vous dans n’importe quelle grande ville européenne ou nord-américaine et vous verrez probablement leurs bornes de recharge. L'ex-pilote a également été un investisseur précoce dans la Formule E, la Formule 1 n'utilisant que des véhicules électriques.

Le rassemblement de toutes ces idées et la volonté de faire bouger les choses ont conduit Nico Rosberg à créer le Greentech Festival. En 2019, lors de sa première édition, plus de 40 000 personnes étaient présentes et le festival était organisé en marge de l'e-prix de Formule E à Berlin. En plus de rassembler des startups, le festival cherche à promouvoir l'écologie dans la culture d'entreprise. "Comment instiller la durabilité dans la culture des grands groupes ? C'est un vrai défi parce que pour beaucoup, il s'agit juste de faire de l'argent et la durabilité est perçue comme un frein à cela. Comment alors intégrer cette notion au coeur de la marque ?"

L'oeil sur l'eSport

Nico Rosberg n'a pas prévu de lever le pied dans les années à venir. Il est constamment à la recherche de nouvelles idées dans lesquelles investir, qui auront un impact sur la société. La pandémie Covid-19 a mis beaucoup de ces idées en avant : des choses autrefois perçues comme lointaines, qui se font maintenant plus pressantes. Alors que les championnats des sports traditionnels se sont arrêtés, l'eSport a considérablement gagné en audience et en popularité. " L'eSport a un potentiel gigantesque. Dans les sports automobiles, nous sommes encore à la traîne, parce qu'il y a beaucoup de petites plateformes, pas une seule grande plateforme, donc il n'y a pas encore de cas d'usage, mais ça bouge vite. La plus grande puissance du virtuel est d'attirer les jeunes et de susciter l'intérêt des millenials. "

Il recherche également une startup qui change la donne en matière de réunions, comme une alternative en réalité virtuelle ou augmentée à la fois à Zoom et aux voyages d'affaire, qui proposerait une expérience plus authentique que la première et plus durable que la seconde. Avis aux entrepreneur·e·s qui chercheraient à attirer l'attention de Nico Rosberg : ce qu'il recherche avant tout, ce sont des fondatrices et fondateurs passionnés et exigeants. "J'ai appris à me concentrer davantage sur les fondateurs que sur le modèle économique. Celui-ci peut et va changer, parfois de manière radicale, alors que les fondateurs et fondatrices restent la base du projet."