20.02.25 — 11h00

La course à l'IA : le paradoxe de l'accélération permanente

Quelle ironie. Elon Musk, signataire du moratoire sur l'IA en 2023 proposant une pause sur les modèles plus puissants que GPT-4, vient de lancer lundi Grok-3, une IA qu'il qualifie de "scary smart", au cœur d'une course technologique effrénée. Dans l'IA générative, tous les coups sont désormais permis, comme en témoignent ses échanges cinglants sur X avec Sam Altman. Grok-3, atteint en à peine deux ans, multiplie par 10 la puissance de calcul de Grok-2 grâce au superordinateur Colossus d'xAI, désormais équipé d'environ 200 000 GPU. Ce miracle d'ingénierie – réalisé en seulement 122 jours en transformant une ancienne usine à Memphis et en intégrant astucieusement des batteries Tesla pour stabiliser l'alimentation – illustre l'accélération vertigineuse du secteur. La nouvelle interface, pratiquement indiscernable de celle de ChatGPT, s'enrichira bientôt d'une fonctionnalité vocale, alors que chaque avancée est désormais répliquée en quelques jours par la concurrence.

Un nouveau benchmark (test standardisé pour mesurer la performance des systèmes d’IA) appelé tout simplement "Humanity's Last Exam" vient de voir le jour, car ces modèles surpuissants deviennent presque impossibles à comparer pour de simples mortels. Allez y jeter un œil, les questions sont loin d'être triviales ! La véritable fracture qui émerge n'est plus celle des modèles mais celle qui se creuse inexorablement entre les utilisateurs.

2025 s'ouvre sur un feu d'artifice technologique qui dépasse largement le cadre de l'IA générative. Des robots humanoïdes de Figure aux avancées en fusion nucléaire avec le tokamak West à Cadarache, en passant par le processeur quantique "Majorana 1" dévoilé par Satya Nadella, nous assistons à une convergence inédite des ruptures technologiques. Grok-3 ne devrait pas rester longtemps en tête car Anthropic prépare Claude 4 pour cette semaine et ChatGPT 4.5 arrive dans les semaines à venir. Musk évoque déjà un ambitieux datacenter doté d'un million de GPUs. Entre ses engagements à la Maison Blanche au titre du DOGE, ses projets SpaceX, Starlink et Optimus, il incarne un entrepreneur multidimensionnel qui repousse constamment les limites du possible. Le lendemain du Sommet, le Visionaries Club, un événement très select a réuni les têtes d'affiche de l'IA à Paris. Dario Amodei, CEO d'Anthropic et Demis Hassabis de DeepMind ont livré leurs projections sur l'AGI : 2026-2027 pour Dario et 50% de chances d'ici 2030 pour Demis. Ces deux personnalités se sont accordées sur un point crucial : ces technologies, désormais sorties des laboratoires, nécessitent des instances de gouvernance, car la responsabilité est beaucoup trop lourde pour reposer sur les épaules d'une seule personne. C'est dans ce contexte explosif que l'Europe, qui se comportait jusqu'ici comme un simple passager somnambule, se réveille enfin et prend conscience de son rôle stratégique !
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