Les robots humanoïdes : une accélération inévitable, propulsée par l’IA et la transition démographique

Elon Musk avait dit que Grok3 serait le meilleur modèle du monde et il ne s’était pas trompé. Nous savons qu’il a toujours un peu d’avance dans ses prédictions mais il faut lui reconnaître qu’il parvient toujours à ses fins. Que penser de sa prédiction de 10 milliards de robots humanoïdes en 2040 ? Les dernières avancées vont dans ce sens, il ne se passe pas une semaine sur X sans qu’on n’assiste à des démos extraodinaires ! Figure AI, lancée en 2022 par Brett Adcock, illustre cette dynamique. Après avoir cassé son partenariat avec OpenAI, l’entreprise développe Helix, un modèle vision-langage-action permettant à des robots de généraliser leurs compétences en temps réel. Leur feuille de route s’en trouve accélérée de deux ans sur la partie consumer, et une levée de fonds à 39,5 milliards de dollars portée par Parkway Venture Capital confirme l’engouement. Goldman Sachs estime le marché des humanoïdes à 38 milliards de dollars d’ici 2035. Pensés en premier lieu pour des tâches “dangereuses, sales et ennuyeuses” comme l’extraction minière, les secours en cas de catastrophe, la maintenance de réacteurs nucléaires et la fabrication de produits chimiques, il faut s’attendre à leur confier de bien plus grande responsabilités. Bienvenue dans Matrix ! En Chine, Unitree Robotics fait sensation avec le G1, humanoïde maîtrisant le kung-fu après quelques minutes d’entraînement virtuel (Sim2Real). Doté d’une vision panoramique à 360° et d’une vitesse de 3,3 m/s, il illustre la puissance industrielle chinoise… à partir de 16000 dollars sur leur site internet. Clone Robotics, de son côté, touche le fond de l’uncanny valley avec un Protoclone V1 effrayant avec ses plus de 1 000 « myofibres » imitant l’anatomie humaine, posant un défi éthique : jusqu’où irons-nous dans la fusion du biologique et du mécanique ? Mais au-delà de la suite logique à prendre en compte : chatbot IA, agents = chatbot IA doté de capacité d’action, robot humanoïde = agents incarnés se dessine une loi encore plus forte qui m’a fait ouvrir les yeux le week-end dernier : la démographie. Ces avancées ne se déploient pas dans le vide. Elles répondent à une urgence démographique que Kevin Kelly, cofondateur de Wired, décrypte dans son essai The Handoff to Bots. Pour la première fois en mille ans, la population mondiale pourrait décliner dès 2040 – bien avant les prévisions officielles de l’ONU (2080). En 2025, presque tous les pays développés, sauf Israël, affichent un taux de fertilité sous le seuil de remplacement (2,1 enfants par femme). La Corée du Sud, avec un taux tombé à 0,78 en 2023, pourrait voir sa population divisée par 30 en trois générations. Kelly prédit un "passage de relais" : alors que les humains "nés" (the born) diminuent, les entités "fabriquées" (the made) – robots, IA, agents autonomes – prendront le relais pour produire et consommer, redéfinissant l’économie mondiale. La France, forte d’une tradition robotique (Alderbaran et son Nao, avant le rachat par Softbank), doit répondre à ce défi. Des startups comme Enchanted Tools (Miroki) et Pollen Robotics (Reachy) manquent de moyens pour rivaliser à l’échelle mondiale. C’est maintenant qu’il faut investir massivement pour ne pas dépendre, demain, des blocs américain ou chinois.