19.06.25 — 13h45

Voitures autonomes : quand la réalité dépasse les prédictions

En juin 2025, à Los Angeles, des véhicules autonomes Waymo – estimés chacun à 250 000 dollars – ont été incendiés lors de manifestations contre la politique migratoire de Donald Trump et la police fédérale de l’immigration (ICE). Équipées de nombreuses caméras, ces voitures sans conducteur sont perçues par les manifestants comme des outils potentiels de surveillance, capables de transmettre des images aux autorités pour identifier ou poursuivre les contestataires. Waymo a été contraint de suspendre temporairement son service, soulignant ainsi leur vulnérabilité face aux tensions sociales. Ces incendies spectaculaires montrent à quel point les véhicules autonomes sont devenus des symboles puissants, cristallisant des tensions dépassant largement les enjeux technologiques. Peter Thiel déplorait jadis : « We wanted flying cars, instead we got 140 characters ». Aujourd’hui, à défaut de voler, ces « robots horizontaux » révolutionnent discrètement mais sûrement l’économie urbaine. Malgré les résistances, Waymo prouve déjà sa supériorité opérationnelle : chaque véhicule autonome réalise désormais plus de trajets quotidiens que 99 % des chauffeurs Uber individuels, optimisant les ressources et annonçant un bouleversement rapide des modèles économiques du transport urbain. Tesla, de son côté, pousse la logique IA encore plus loin. « Le FSD de Tesla est désormais presque entièrement basé sur l’IA. Nous avons remplacé plus de 300 000 lignes de code C++ par un réseau de neurones entraîné sur des millions de vidéos », affirme Elon Musk. Une affirmation confirmée spectaculairement en mai à Paris : une Tesla Model 3 équipée du système Full Self-Driving a traversé sans encombre la place de l'Étoile, faisant mentir Luc Julia, directeur scientifique de Renault, qui jugeait ce niveau 5 impossible sur un carrefour aussi complexe, « relevant plus de sociologie que du code ». Au-delà du défi technique, c’est tout l’urbanisme qui s’apprête à être bouleversé. Selon McKinsey, chaque véhicule autonome pourrait remplacer jusqu’à huit voitures privées. La généralisation des robotaxis permettrait ainsi de réduire jusqu’à 90 % le parc automobile urbain, libérant des milliers d’hectares de parkings pour les reconvertir en logements abordables, espaces verts et équipements publics. Une révolution permettant aux villes d'être à la fois plus denses et plus agréables à vivre. Mais cette transformation radicale aura également un coût social considérable : chaque robotaxi pourrait remplacer jusqu’à quatre emplois de conducteurs à temps plein. L’enjeu majeur sera donc d’accompagner cette transition massive, en anticipant les besoins en reconversion professionnelle et en repensant fondamentalement notre rapport au travail et à la mobilité. Les voitures autonomes ne volent pas, mais leur impact pourrait s’avérer bien plus profond que les rêves futuristes ne l’avaient imaginé. Entre scepticisme et réalité, leur adoption accélérée redessine déjà nos villes, nos emplois, et même notre manière de penser le quotidien.
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