Ronan Le Moal, Directeur Général du Crédit Mutuel Arkéa, répond aux questions de la rédaction sur l'implication de sa banque auprès des startups. Si ce secteur apparaît de plus en plus attractif pour les établissements financiers, le choix d'une banque est souvent un choix crucial pour les entrepreneurs. Revenant sur les raisons de son engagement auprès des startups, Ronan Le Moal donne également ses conseils aux entrepreneurs français :[hr]

Comment le Crédit Mutuel Arkéa épaule-t-il les jeunes pousses ?

L’une des caractéristiques essentielles du Crédit Mutuel Arkéa est d’avoir fait le choix, il y a plus de 30 ans, de concevoir et fabriquer ses produits et services bancaires. Cela nous confère une forte dimension technologique. Cette expertise nous permet de proposer une palette complète de produits et services qui peuvent rapidement être déclinés pour des startups. Avec l’assurance pour elles de disposer de solutions souples, pérennes et réellement adaptées à leurs besoins. Cela vaut pour les solutions de paiement – souvent le point névralgique pour les startups – comme pour la gestion des flux bancaires. Notre force réside dans notre réactivité, notre agilité et notre capacité à assembler les savoir-faire pour proposer des solutions sur-mesure. C’est ce qu’attendent de nous les jeunes pousses.

Au Crédit Mutuel Arkéa, nous nous appuyons sur des équipes et des expertises dédiées au sein de notre filiale Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels. De plus, nos équipes commerciales bénéficient de l’appui de nos experts en innovation et en développement.

Nous pouvons ainsi intervenir directement en entrant au capital de sociétés. C’est ce que nous avons fait, par exemple, pour Prêt d’Union, la première plate-forme de prêts entre particuliers – qui rencontre un très joli succès –, ou pour Linxo qui développe des outils de gestion multibanques.

Nous intervenons aussi par l’intermédiaire d’une participation à des fonds d’investissement spécialisés comme peut l’être Isai, véritable référence dans le domaine.

Nous mettons également à disposition des solutions de paiement multicanal telle Payline, développée par notre filiale Monext, et déjà adoptée par plus de 6 000 e-commerçants. Dans le même domaine, la société Limonetik, qui simplifie la connexion des nouveaux moyens de paiement aux sites marchands, utilise notre carte virtuelle de paiement, Virtualis. Je n’oublie pas non plus notre savoir-faire dans la gestion des flux monétiques, avec de belles références : Leetchi, Blablacar, Sarenza, Smartbox…

Au-delà de nos expertises, nous cherchons à tisser avec ces jeunes entrepreneurs de vrais liens de proximité. Pour bien les épauler, nous avons besoin de les connaître.

Nous avons envie de les entendre. Nous avons besoin de détecter leurs motivations, leur niveau d’implication et d’engagement. L’examen d’un dossier, avec un beau business-plan, ne suffit pas. Un bon "pitch" non plus. Nous sommes ainsi très présents aux grands rendez-vous organisés à destination des startups qu’il s’agisse de forums, de conférences ou de contests… Nous étions, par exemple, partenaires de l’association France Digitale à l’occasion du France Digitale Day. Nous encourageons aussi la création de tiers-lieux et le coworking. Toutes ces initiatives sont de formidables lieux de rencontres et d’excellents baromètres pour saisir l’air du temps et dénicher les pépites de demain.

Pourquoi les aider ?

Nous sommes une banque de proximité. C’est donc notre rôle d’accompagner les entrepreneurs dans leurs projets de création et de développement et d’être ainsi au service de l’économie réelle. Par ailleurs, il existe une vraie convergence de valeurs entre notre groupe, qui dispose d’une très forte  culture technologique, et le marché des startups. Rappelons que nous avons été, dès les années 1980, la première banque à proposer des services de banque à  domicile. Nous avons aussi été les premiers à proposer le passage d’ordres de Bourse sur Internet et, plus récemment, nos services sur iPhone et iPad.

Cette année, nous avons reçu le Premier prix de l’innovation pour nos développements dans le domaine du Big Data.

Autre exemple emblématique de notre savoir-faire : notre filiale, Fortuneo Banque, à l’origine une startup, figure aujourd'hui parmi les leaders de la banque en ligne. Or, les startups constituent de formidables laboratoires d’idées. Les jeunes pousses qui réussissent le mieux sont celles qui anticipent et accompagnent l’évolution des modes de consommation, en exploitant les nouvelles technologies de la communication. Elles apportent une réponse concrète à de réels besoins des consommateurs, en rendant disponibles des services qui améliorent leur quotidien : achats, déplacements, loisirs…

De même, dans le contexte économique actuel, les startups sont un véritable moteur de croissance et un gisement d’emplois pour notre pays. Selon un récent baromètre de l’association France Digitale, elles affichent, en moyenne annuelle, une progression de leur chiffre d’affaires de 40 %. Cette croissance s’accompagne d’une hausse des effectifs – principalement des jeunes – de plus de 25 % par an. C’est une vraie performance.

Pensez-vous que les banques soient une réponse adaptée aux besoins des startups ? Les moyens alternatifs de financement sont-ils un danger pour les banques ?

Plutôt que de les opposer, j’insisterai davantage sur la complémentarité des acteurs qui évoluent dans l’écosystème des startups.  Chacun a son rôle à jouer. Les leviers de financement sont multiples : la "love money" souvent sollicitée à l’amorçage, le financement participatif (ou crowfunding), plus anecdotique encore le "media for equity", sans oublier évidemment les réseaux de Business Angels et les fonds d’investissement.

Le Crédit Mutuel Arkéa n’a pas vocation à se substituer aux Business Angels ou aux gestionnaires de fonds d’investissement.

C’est pour cela que nous avons choisi d’accompagner un fonds d’entrepreneurs comme Isai qui intervient principalement pour des besoins en fonds propres compris entre 500 000 euros et 1,5 million d'euros.

Le banquier reste, pour sa part, le partenaire incontournable pour la gestion au quotidien, la mise en place de solutions de paiement en VAD… Il est un partenaire sur le long terme. Une startup est avant tout une entreprise. Dans ce domaine, nous détenons une expérience et des expertises reconnues. Il nous incombe d’être vraiment à l’écoute de ces jeunes entrepreneurs, de faire preuve d’agilité, de flexibilité et aussi d’être innovants dans nos réponses.

Quelles sont les startups que vous avez remarquées dans votre secteur ?

Nous sommes en veille permanente avec une vision panoramique du marché des startups. Naturellement, nous regardons avec attention les jeunes pousses innovantes sur les secteurs des moyens de paiement et toutes celles qui développent des services qui, notamment grâce à la géolocalisation, facilitent le quotidien des consommateurs.

Parmi toutes celles que nous suivons, je citerai Prêt d'Union car elle réinvente le métier du crédit en faisant de la collecte des uns les crédits des autres ; BlaBlaCar pour sa croissance impressionnante qui en fait un vrai concurrent des moyens de transport traditionnels de type TGV ; et Leetchi qui se positionne comme un moyen de paiement alternatif.

Quels conseils pourriez-vous donner aux entrepreneurs pour se lancer et réussir aujourd'hui ?

J’ai envie de leur dire "Chiche !  Osez !" Le risque ne doit en aucun cas brider l’ambition et l’imagination. Une startup, c’est l’école de la persévérance. Combien de belles entreprises d'aujourd'hui reposent sur des marchés défrichés par des  startups ? Les startups incarnent de belles valeurs d’entreprise : l’enthousiasme, le courage, l’audace et l’innovation. Elles ont la volonté d’explorer des opportunités de développement au-delà des cadres habituels, voire même de prendre le contre-pied des pratiques dominantes. Ce sont autant de valeurs que nous partageons au Crédit Mutuel Arkéa et que nous encourageons.