A l’heure où les termes « uberisation » et « barbares du numérique » sont à la mode, certaines entreprises hexagonales prouvent que grands groupes et startups sont aussi faits pour s’entendre. C’est le cas de Somfy du haut de ses 53 ans et de Monitorlinq, une startup ayant 2 ans d’âge. Rencontre avec ces acteurs que tout oppose, excepté le goût de l’innovation.


2007, c’est l’année du déclic chez Somfy, moment où l’entreprise a véritablement entamé sa transformation numérique. Cela peut sembler tardif et pourtant l’iPhone, premier du nom, symbole de l’ère du mobile, sortait tout juste. En interne, persuadée que le smartphone allait transformer les usages, l’entreprise a décidé de créer sa propre startup pour travailler sur un projet de dématérialisation qui donnera lieu en 2010 à la création de Tahoma, dont la volonté est de rentre la domotique plus intuitif et accessible.

« Somfy a toujours gardé son esprit familial, propre d’ailleurs aux startups, alors qu’il s’agit aujourd’hui du leader mondial de la motorisation des ouvertures » Emmanuel Joumard, Home Automation & Controls Business Group Director de Somfy

L’expertise domotique de Somfy pour gérer les équipements de la maison, s'applique à de nombreux autres objets et services, qui permettent désormais de simplifier la vie des personnes. Ainsi, les conditions de sécurité sont améliorées, tout comme la santé de la famille mais aussi des personnes âgées désirant vivre plus longtemps de manière indépendante à leur domicile.

L’idée est simple, passer du gadget à l’usage.

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En 2015, cette intuition d’il y a 8 ans s’avère porteuse, puisque 60% des utilisateurs de solutions Somfy ouvrent leur application tous les jours pour interagir avec la maison.

Repenser confort, accès et sécurité de nos Maisons

La rencontre avec Monitorlinq date de 2013, année durant laquelle la jeune startup fut contactée par les porteurs d’un projet de maison de retraite du futur connectée Leyhoeve, dans le sud de la Hollande.

Pour pouvoir répondre à ce projet avec une solution pertinente, il a fallu identifier un partenaire produit proposant une box domotique fiable, installation et maintenance, ainsi qu’un nombre de périphériques pour la gestion du confort, mais aussi de l’accès. C’est comme ça que Monitorlinq s’est tourné vers Somfy.

« Un ami travaillant chez Somfy à Hong Kong m’a mis en relation, et nous avons immédiatement été impressionnés par cette société qui a dépêché un ingénieur sous 24h pour nous permettre de connecter Tahoma à notre plateforme, et réaliser une première démo en quelques jours » Jean David Miquel, co-fondateur de Monitorlinq

Le projet a finalement été remporté grâce à l’association d’écosystèmes connectés Monitorlinq et Somfy Tahoma. Celle-ci permet de transposer ces technologies de convergences développées pour le projet de maison de retraite connectée, vers les appartements et maisons individuelles, et de permettre d’assister au bien-être, à la sécurité, et à la santé de la famille, mais aussi des personnes désirant vivre plus longtemps de manière autonome chez elles.

L’ouverture est prévue pour fin novembre et 100% des appartements sont loués avant même le début de la construction.

Les retombées de ce premier projet sont minimes. Monitorlinq connecte déjà 250 appartements et les services connectés coûtent au consommateur entre 10 euros et 25 euros par mois, en incluant confortique, sécurité, accès, et télésanté (hors coût des soins et centre d’alarme). Il s'agit là d'une petite révolution car la gestion des coûts de santé permet des économies conséquentes face aux solutions actuelles.

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En revanche, la transposition de ces solutions vers des services similaires proposés à la famille et aux personnes âgées, présente un potentiel immense, notamment dans le cadre de leur domicile et de leur cercle social proche. Les deux entreprises travaillent activement avec d’autres prestataires de services (opérateurs de téléphonie mobile et sociétés d’assurances) pour proposer ces solutions en B to B to C, dans les mois qui viennent.

Les clés d'une collaboration à succès

Jean-David Miquel concède que travailler avec les grands comptes est difficile pour une startup, mais essentiel. Il faut dire qu’une grande entreprise apporte sa notoriété, son réseau, mais aussi et surtout ses process, qui permettent à une petite entreprise de se structurer et de grandir.

Pour, Emmanuel Joumard, collaborer avec des startups est une opportunité plus qu’une nécessité. Elles apportent un regard frais et détaché des idées reçues dans le temps. L’absence d’historique, fait qu’elles n’ont pas le poids du passé sur les épaules, est justement une des contraintes majeures des grands groupes.

Pour garantir une collaboration à succès, ces deux types de structures doivent être alignés sur la vision du marché dans le futur proche et moyen, et sur la philosophie d’entreprise et le modèle économique. Humainement, au niveau des équipes donc, le constat est le même. Pour favoriser cette osmose, il convient de bien définir le projet en amont, d’instaurer une communication transparente et récurrente dans le travail et surtout de s’assurer d’une complémentarité du savoir-faire.

Dernier conseil d’Emmanuel Joumard : prenez le temps ! Assurez-vous qu’au travers de l’organisation, vous préservez la fraicheur de la startup pour ne pas la digérer trop vite. Laissez lui le temps de s’exprimer, apportez un regard bien vayant. Soyez en support plus qu’en attente.

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