Dans quel domaine les pépites vont-elles décoller cette année ? Quelles mutations et quelles nouveautés attendent le monde de la tech ? Nous avons détecté en avant-première les orientations à ne pas rater.

Les cobots entrent à l’usine

Dans son usine de Cologne, en Allemagne, les ouvriers de Ford bénéficient d’un robot assistant bien pratique, qui améliore l’efficacité de chacun de leur geste et les soulage des tâches pénibles. L’an dernier, ces «cobots» (robots collaboratifs) ont été les stars des salons industriels, à l’instar du bras robotisé d’IsyBot, une startup française issue du CEA. A mi-chemin entre la chaîne de production 100% automatisée et les opérations manuelles, le cobot a un créneau porteur à exploiter. Son usage est jusqu’ici resté limité en raison des risques d’accidents, mais les nouveaux appareils intègrent aujourd’hui des technologies détectant la présence humaine et anticipant le comportement de leurs «collègues» humains. Reste un point essentiel : la formation des employés. A Dijon, un pôle de formation a ouvert fin 2016 et propose déjà un module spécial «cobotique».

Les objets connectés passent à la taille nano

Vous avez aimé l’IoT (Internet of Things) ? Vous allez adorer l’IoNT (Nano Internet of Things).

Des micro capteurs pouvant être directement intégrés à des matériaux comme le béton afin d’alerter des fissures dans un pont ou un bâtiment par exemple. L’an dernier, la startup toulousaine Nanolike a mis au point des microparticules qui mesurent la déformation mécanique de certaines pièces (pales d’un hélicoptère, missiles, ailes d’avion…). En médecine, les labos planchent sur des nanocapteurs pour détecter et surveiller l'évolution d'un cancer, de diabète ou d'autres maladies inflammatoires. Associés, ces nano objets peuvent enfin dessiner une cartographie précise de leur environnement et détailler le moindre changement (luminosité, courant électrique, composition chimique…).

Le marketing surfe sur la réalité virtuelle

2016 a vu la folie Pokemon Go débarquer sur nos téléphones mobiles. Une aubaine dont se sont emparés de nombreux commerces, en plaçant des «Pokestops» dans leurs magasins. Outre le mode du jeu, il existe quantité d’autres pistes pour exploiter la réalité augmentée : visiter son futur appartement témoin en 3D en choisissant le papier peint ou le parquet (Bouygues Immobilier, Ikea…), découvrir son prochain lieu de vacances (Club Med) ou visionner des reportages (New York Times). La technologie est encore limitée par la faible diffusion des casques grand public, mais elle est un réel booster de ventes. D’ici les quatre prochaines années, 78% des responsables marketing prévoient d'utiliser des expériences clients basées sur la réalité virtuelle selon une étude Oracle de décembre dernier.

Les agents conversationnels envahissent notre vie quotidienne

L’an dernier, Apple a intégré son système vocal Siri dans ses nouveaux Mac, tandis que Facebook a ouvert un «magasin» de chabots. Ces agents conversationnels, capables de répondre à nos moindres envies (commander un billet d’avion, trouver un formulaire administratif, demander un conseil de maquillage…), vont connaitre une croissance de 28% par an selon Transparency Market Research. En 2017, Microsoft lancera lui sa plateforme de conversation automatisée à destination des développeurs, ce qui devrait booster le nombre d’applications de ce genre. «Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’accès à la technologie» s’enthousiasme Christie Pitts, responsable du fonds d’investissement Verizon Ventures. Tout cela bien sûr grâce aux progrès fulgurants de l’intelligence artificielle.

Les startups grandissent dans des inculateurs

Dans un parcours classique de création de startup, l’entrepreneur passe d’abord par un incubateur, qui fournit des locaux et offre un coaching personnalisé. Une fois lancé, il fait appel à un accélérateur, qui apporte des capitaux pour permettre un déploiement rapide. Une séparation parfois artificielle et problématique pour le créateur. D’où l’idée d’une structure «deux-en-un» avec l’inculateur. La station F, créée par Xavier Niel au coeur de Paris, qui se décrit elle-même comme une «usine à startups», accueillera à la fois des des espaces de travail, un auditorium, des fonds d’investissement… Le blockbuster américain Techstar pourrait lui aussi débarquer en France sur le même modèle. Autres acteurs de ce marché très prisé : les grands groupes, comme Orange, qui disposent à la fois de leur propre incubateur et des capitaux.

Les algorithmes mis sous surveillance

En 2016 les algorithmes ont montré de graves signes de dysfonctionnements : diffusion de fausses informations sur Facebook, mini krachs boursiers causés par des programmes informatiques ou résultats de recherche racistes sur Google. Le 15 décembre dernier, un rapport du Conseil général des entreprises préconisait donc une norme définissant un algorithme «loyal» et fiable. Le Conseil national du numérique va lui mettre en place ou outil permettant aux utilisateurs de signaler des éventuels problèmes. En Angleterre, le Labour entend avoir accès aux algorithmes qu’utilisent Facebook ou Amazon pour permettre une meilleure régulation du marché. Quant à Google, il est toujours sous le coup d’une enquête de la Commission européenne sur le cas de son moteur de recherche de Google, accusé d’abus de position dominante.

La banque se goinfre de blockchain

La blockchain, nouvel eldorado des banques ? Selon une étude Santander InnoVentures, le recours à cette technologie ferait économiser au secteur jusqu’à 20 milliards d’euros chaque année, grâce à la réduction des coûts d’infrastructure dans les paiements internationaux, le trading et la mise en conformité. La blockchain contourne notamment les chambres de compensation dont le fonctionnement est opaque et lent. Depuis 2015, une cinquantaine de grandes banques se sont regroupées en consortium pour s’entendre sur un standard commun. En décembre dernier, la Banque de France a annoncé une expérimentation dans le paiement interbancaire tandis que la BNP a signé un partenariat avec des plateformes de crowdfunding pour permettre aux entreprises d'émettre des mini-obligations.

Les securetech prennent leur envol

Après la fintech, la foodtech ou la greentech, ce sont les securetech - les startups spécialisées dans la cybersécurité - qui sont en 2017 dans l’oeil du visuel des investisseurs. Fin 2016, de nombreuses jeunes pousses (Secdo, Proficio, PhishMe, LogRythm, SafeBreach, Cylance…) ont levé des dizaines de millions de dollars. La France a elle aussi ses pépites, à l’instar de Dashlane, CybelAngel, Pradeo  ou Ziwit. Et ce n’est pas un hasard : le nombre de cyberattaques a augmenté de 50% en 2015, selon Denjean & Associés, et la situation s’est encore empirée en 2016 avec des piratages à répétition (DDoS, ransomware, vol de données…). Mal armées pour lutter contre ce fléau, les entreprises recourent de plus en plus à l’externalisation en faisant appel aux start-ups, expertes et plus agiles.