Dans le sillon de la Cantine numérique en 2011, d’autres espaces inspirants dédiés au numérique ont essaimé à Nantes. Zoom sur trois de ses emblèmes. Article issu d’un dossier d’étude réalisé par Valentin Rocheteau, étudiant à Sciences Po Rennes. 

A relire : Nantes Tech, l’étoile montante

Le Startup Palace

La première surprise en débarquant au Startup Palace, c’est sa taille : 1 000m2  nichés au 7e étage du 18 rue Scribe, à deux pas du Théâtre Graslin. Tellement grand qu’on se déplace en trottinette dans cet espace au design soigné, où on retrouve deux Chief Happiness Officer, des espaces de réunions cosys, une terrasse panoramique et un mur des réussites !

startup palace

Le Startup Palace, c’est un peu la météorite de l’écosystème nantais. Pas vraiment pris au sérieux par les acteurs publics, Antoine, Benoît et Mathieu, trois entrepreneurs nantais, décident dès le mois de mai 2015, d’investir de leur poche et de porter leur projet en total autonomie. L’idée est simple : héberger des startups dans un espace d’émulations, en leur proposant des prestations allant du service administratif à l’animation de workshops autour de l’entrepreneuriat et de l’innovation. La suite est bien connue, le Startup Palace ouvre en septembre et affiche complet en 4 mois ! Si bien qu’après à peine un an, les fondateurs annoncent le déménagement du Palace vers une surface quatre fois plus grande, dans le même quartier, pour le dernier trimestre 2017 !

Mais pourquoi déménager plutôt que d’exporter le concept ? « C’est impossible de multiplier le Startup Palace, répond fièrement Mathieu Le Gac. Un lieu comme celui-ci, il faut énormément l’animer. Il faut créer du lien entre les résidents tout en faisant bien attention que les startups restent bien concentrées sur l’exécution de leur business. Pour que ça fonctionne, et pour des questions économiques d’échelle, il faut que ça tienne dans un lieu. Donc typiquement dans le prochain lieu, on veut qu’il y ait une salle de sport, peut-être une crèche, une salle de sieste, … on passe une étape supplémentaire dans la création d’un vrai espace de vie ». 

A l’heure actuelle, le Startup Palace compte 25 « locataires », parmi lesquels DoYouBuzz, Afrostream ou encore SmartMyData … mais également une quinzaine de grands groupes comme Banque Populaire par exemple. Leur objectif ? « mettre en relation des startups et des grands groupes, ETI, grosse PME, pour qu’ils aient des frictions, apprennent à se connaître et commencent à travailler ensemble sur des projets », explique Florian Hervéou, de Birming Group, l’une des trois sociétés codirigeantes de l’établissement.

En somme, faire tomber les cloisons, pour que les uns et les autres s’entraînent vers le succès. « Les grands groupes regardent beaucoup les startups mais ne savent pas réellement ce qu’elles peuvent faire avec. De même que la startup ne comprend pas forcément ce que fait le grand groupe et ce qu’elle peut lui apporter. Le Startup Palace permet cette rencontre en jouant les intermédiaires entre les deux sphères ». Concrètement, cela se matérialise par des événements de mises en relation, comme le Pitch Day, ou par la mise à disposition de locaux pour favoriser le travail en groupe.

Et le moins que l’on puisse dire c’est que la recette fonctionne : « Au contact des startups et de compétences que nous n’avons pas en interne, nous avons une autre manière de réfléchir, de travailler, d’être créatif. On devient plus fluide, plus réactif », expliquait Christophe Cadenat, directeur de la modernisation de la Banque Populaire Atlantique, « le « test and learn » (méthode visant à tester une idée ou un processus à petite échelle, pour en mesurer rapidement l’efficacité et ainsi évaluer la pertinence de l’idée, avant de la déployer complètement) n’est pas vraiment une pratique courante dans les banques ».

Et c’est ce rôle privilégié d’intermédiaire entre les deux mondes qui a naturellement motivé le groupe SIPA-Ouest France à y établir son accélérateur OFF7 au mois de septembre dernier, projetant de ce fait le Startup Palace comme une place forte du numérique à Nantes, aujourd’hui.

Le Hub Creatic

hub creatic

Intuitive Robots, Immodvisor, Hélicéo, Kaliterre , Cashway… comme 55 autres congénères, ces startups (mais pas que !) du numérique ont choisi d’investir les 6600m2 du Hub Créatic. Excentré mais au cœur du parc d’innovation de la Chantrerie, aux côtés de grandes écoles comme Polytech Nantes ou l’École des Mines, ainsi que de centres de recherche et laboratoires, le Hub Créatic est apparu en 2014 sous l’impulsion de Nantes Métropole laquelle souhaitait notamment donner de la visibilité aux entreprises du numérique.

Et de visibilité, le Hub Créatic n’en manque pas avec ses façades jaune pétant. Conçu autour d’une approche Haute Qualité Environnementale, ce bâtiment dispose notamment de panneaux photovoltaïques sur sa toiture. Mais c’est surtout le grand atrium, situé au centre du bâtiment, qui doit le mieux représenter l’âme que les concepteurs ont voulu donner à cet espace : un lieu de frictions créatives. 200m2 qui pourraient néanmoins sonner un peu creux, se dit-il, quand celui-ci n’est pas animé par une exposition, une conférence ou un cocktail !

Le Hub Creatic, c’est également un lieu qui s’adapte au niveau de développement des entreprises qu’il accueille. Incubation, pépinière, simple coworking, … le Hub se divise en trois étages selon les services attendus par ses locataires : espace meublé et accompagnement stratégique, marketing et juridique pour les plus jeunes entreprises, ou simples bureaux pour ceux qui ne souhaiteraient pas plus. Le tout à des tarifs très attractifs … ce qui n’est pas sans impacter certaines structures privées qui s’interrogent sur la loyauté de cette concurrence.

Toujours est-il que cette « ruche d’entreprises » remplit aujourd’hui le rôle pour lequel elle a été fabriquée : soutenir le numérique à Nantes en mettant ses entreprises dans de bonnes conditions pour se développer !

Le Fabmake

A quelques centaines de mètres de l’Aéroport, au milieu d’imposants bâtiments blancs, il faut suivre la ligne violette tracée au sol pour trouver un laboratoire pas comme les autres… Bienvenue au Fabmake, petite usine de 150m2 ! Ici, place aux imprimantes 3D, machines laser, fraiseuses numériques, … autant d’outils de conception et de fabrication numérique mises à disposition de porteurs de projet pour réaliser, entre autre, maquette numérique, prototypage rapide, ou tester un nouveau procédé, personnaliser un objet, etc.

fabmake

Ouvert et opérationnel depuis le 8 septembre 2014, le Fabmake était l’un des 14 lauréats de l’appel à projet « Fab labs  2013 » lancé par le Ministère du Redressement Productif. Lieu de convergence inédit entre le manufacturing et le numérique, le Fabmake s’inscrit pleinement dans la dynamique French Tech. Ainsi, en deux ans, près de 300 projets ont vu le jour grâce au Fabmake. « Ce lieu permet de créer un produit fini, de donner une idée du rendu, du volume, de l'aspect, des fixations, expliquait Olivier Daïrien, maître des lieux, dans les colonnes des Echos. Cela permet des phases de création empirique, circulaire, par itération, selon des méthodes inspirées du web ».

Aujourd’hui, le Fabmake rassemble une communauté, sans cesse grandissante, de salariés de groupes industriels comme Airbus ou Areva, de startupers, d’étudiants et chercheurs. Pour 35 euros par mois, les fabmakers peuvent avoir 6 heures de formation sur la machine de leur choix puis y accéder sans limite de temps. La prise en main des machines est facilitée par des ordinateurs, le lieu ayant d’ailleurs vocation pour les constructeurs de machine de tester les usages avec de potentiels utilisateurs.

Si le Fabmake ne remplit pas les critères stricts du Fablab défini par le Massachusetts Institute of Technology, il s’impose tout de même comme un incontournable atelier de fabrication numérique pour tout ingénieur ou inventeur en devenir !