Parrot Air Support propose une offre de  « drones as a service» pour répondre aux besoins des professionnels de l’immobilier et de la construction avec une plateforme de services clés-en-main basés sur l’imagerie aérienne par drones. Quelles représentations peut-on avoir d’un futur de l’immobilier redessiné par l’usage des drones ou encore l’arrivée d’un ensemble de capteurs de mesure pour un idéal de smartcity ? Pour en savoir plus, nous avons rencontré Bernard Michel, président de la foncière immobilière Gecina et Thai-Binh Phan, directeur général de Parrot Air Support.

Capteurs, drones, outil de monitoring: finalement de quoi parle-t-on ?

Bernard Michel : Il s'agit du smart building, un marché européen estimé à 2 millions d'euros en 2017 (selon Smart Buildings Alliance for Smart Cities) qui invite à transformer le bâtiment en un ensemble de données numériques. Chez Gecina la grille de lecture que l’on porte sur ces technologies dédiées au smart building revient à les mettre au service d'une urbanisation durable, par exemple pour une meilleure maîtrise de l'énergie consommée et des émissions de CO2.

Capteurs, drones et autres artefacts sont ainsi autant de leviers permettant de lutter contre l’obsolescence du parc immobilier et de monter en gamme. Aujourd’hui, les usages sont vastes et en constante évolution : ils vont des missions de thermographie optimisée à la maquette numérique en passant par des services d'imagerie de modélisation 3D de diagnostic dans la construction. Ces usages viennent « numériser » l'ensemble du cycle de vie des bâtiments et de la construction. C’est ainsi un champ d’expertise et d’exploitation gigantesque en matière de big data qui s’ouvre avec la vélocité – issu des 3V du big data : Volume, Vélocité, Variété - des données récoltées, un réel marché complémentaire que doivent saisir, anticiper et comprendre l’ensemble des acteurs de la ville.

Plus généralement, l’environnement des données dessine une nouvelle géographie industrielle, de production et de business modèles. C’est un chantier très stimulant ; reste cependant à réussir cet enjeu d'exploitation des big data dans l'immobilier dans un contexte de résilience.

Le drone s’invite à part entière dans le débat du smart building, et promet de l’enrichir en apportant des solutions de mesures et d’analyses toujours plus précises. Chez Parrot Air Support, vous parlez de "drone as service" : Qu'est-ce que cela signifie concrètement ?

Thai-Binh Phan : À l’origine du concept de "drone as a service",  il y a la volonté chez Parrot de développer, démocratiser et faciliter l’usage du drone chez les professionnels.  Cela signifie leur offrir l’expérience client la plus simple possible tout en leur apportant un maximum de valeur ajoutée sur l’ensemble de la chaine du service par drone, –de la prise de commande à la réception sur le cloud des éléments liés à la mission, en passant par l’obtention des autorisations de vol, le traitement des données captées par le drone et leur intégration aux outils métiers de nos clients-. Car l’une des forces du drone est qu’il permet de capturer des données à très grande échelle, de manière exhaustive, rapide et fiable. Et savoir traiter et interpréter des volumes gigantesques de données recueillies sur le terrain afin de faciliter la prise de décision des professionnels est la promesse de notre entreprise.

Avez-vous des exemples de dispositifs techniques qui rendent plus performants les bâtiments ainsi que la valeur du patrimoine immobilier dans son ensemble ?

B. M. : Je peux déjà vous citer deux exemples d'applications smart building mis en place chez Gecina. Ils se concentrent sur deux grandes tendances numériques : d’une part la diffusion de traitement de l’information et son partage, d’autre part des dispositifs qui sont capables de communiquer entre eux et avec les usagers.
Ainsi nous avons expérimenté l’installation  de  capteurs météo sur la toiture de certains de nos immeubles pour communiquer avec les occupants et par exemple  relayer des messages conseillant l’’ouverture ou la fermeture des fenêtres afin de mieux monitorer le confort thermique et la consommation énergétique de l’immeuble. L’idée est de rendre efficientes les démarches responsables en démocratisant l'accès à l'information en matière d'énergie. Autre exemple : l'outil Hypervision de Bouygues Energies & Services que nous appliquons cette fois-ci sur l'ensemble du patrimoine de bureau de Gecina pour suivre en temps réel la consommation énergétique pour évaluer notre démarche responsable.

Quels sont les apports du drone au milieu du bâtiment ?

Thai-Binh Phan : Le drone permet d’intervenir dans des endroits inaccessibles, dangereux ou très étendu. C’est un outil idéal de collecte et d’acquisition de données, de loin comme de très près, selon la nature de l'objet étudié. Les services Air Support de Parrot couvrent l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment et répondent tout particulièrement à trois types de besoins techniques spécifiques : la mesure et le suivi de chantier, l'inspection visuelle ou thermique, et la promotion visuelle de biens immobiliers existants ou en vente en état de futur achèvement (VEFA).

Quelles sont les applications que nous pouvons imaginer dans le secteur de l'immobilier pour demain ?

B. M. : Nous nous sommes beaucoup consacrés au « bâti », aujourd’hui ce sont les applications davantage tournées vers les services aux utilisateurs qui seront attendues. D'où l'approche intéressante initiée par Parrot et Parrot Air Support de reprendre le concept de Saas (pour « Software as a service »). Reste à voir jusqu'où les drones peuvent aussi s'inviter dans la vie des salariés de demain... Une démarche servicielle qui serait intéressante à proposer. Elle est cependant moins B2B. Un exemple qui m’a intéressé récemment est celui de la marque Toyota qui fait visiter en 3D une future installation par le personnel impliqué et recueille ainsi ses idées pour une démarche d’innovation collaborative.

Concernant les drones dans le secteur immobilier, quelles applications servicielles peut-on imaginer ? 

Thai-Binh Phan : Je vois deux évolutions technologiques possibles. La première serait que le drone puisse agir directement sur son environnement en l'équipant par exemple de bras robotisés pour effectuer des prélèvements, voire même en le dotant d'une capacité d'analyse en temps réel des échantillons collectés. La seconde évolution est liée aux innovations technologiques telles que la vision stéréoscopique, les algorithmes d'évitement d'obstacle ou le machine-learning. Ces technologies permettent d'imaginer un drone capable d'explorer de façon autonome un environnement clos et encombré. De nouveaux cas d'application seront alors possibles, comme la surveillance robotisée par drone, la cartographie automatique d'espaces intérieurs comme des centres commerciaux, des entrepôts ou des gares. Le drone apportera toujours plus de valeur ajoutée grâce aux nouvelles technologies, aux nouveaux capteurs qu’il pourra embarquer.

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Maddyness, partenaire média de Gecina