En Russie, il est un centre de formation qui a su flairer le talent des startups françaises avant d’autres. A la présentation par Biomodex d’organes en plastique reproduisant fidèlement ceux des humains (à la sensation de découpe près), les chirurgiens y seraient devenus "dingues". Il faut dire que ces inventions ont de quoi séduire : elles réduiraient, selon le CEO Thomas Marchand, les risques liés aux opérations, en permettant aux spécialistes de s’entraîner la veille. Pour cela, il serait possible de copier fidèlement l’aorte, le poumon ou l’avant-bras du patient en question, pour en étudier les moindre spécificités.

D’autres jeunes pousses tricolores se sont aussi plongées dans l’univers médical, à l’image de Wandercraft, qui conçoit des exosquelettes permettant à des personnes immobilisées de marcher à nouveau.

Clinical trials - Francoise pause during trial

"Anticiper"

Pour son fondateur, Nicolas Simon, il s’agirait ni plus ni moins que d’un nouvel "outil", destiné à "répondre à un besoin". Mais certains, comme Isabelle Vitali, directrice de l’innovation chez Sanofi, y voient surtout une transformation plus profonde, induite par les nouvelles technologies. "La manière dont on envisage la santé de demain a beaucoup évolué, explique-t-elle. Avant, la médecine, c’était juste soigner des maladies. Aujourd’hui, c’est bien plus. Cela nous amène à repenser nos métiers."

Pour elle, l’une des tendances les plus flagrantes serait "d’anticiper, d’empêcher que quelqu’un ne tombe malade". Ce, à travers par exemple la construction de méga-fichiers de données, comme le "docteur Watson" ou l’oncologie advisor, de Microsoft, qui aurait, dit-on, sauvé une patiente atteinte de leucémie. Résultat : les géants du GAFA se passionnent pour le sujet, et l’on commence à parler de liens entre IoT (internet des objets, NDLR) et génétique.

"15% des gens ont une application santé"

Un savoureux mélange des genres, déteignant sur une population hyper-connectée. Philippe Huot-Louradour, d’Havas Health, chiffre ainsi : "15% des gens ont téléchargé une application santé sur leur smartphone. 14% ont un objet connecté lié à leur santé, et 68% le voudraient".

Ce constat fait aussitôt bondir Eric Sebban, CEO de Visiomed. "Ce qu’ils regardent, c’est Doctissimo, et si vous regardez ça, vous savez que vous allez mourir avant la fin de la journée", plaisante-t-il. A Guy Vallancien, chirurgien et professeur d’urologie, d’ajouter : "la technologie, il faut l’embrasser pour les gens qui sont malades [ou pour combler les déserts médicaux], mais il ne faut pas tomber dans la folie du contrôle. Les algorithmes, ça sous-entend que les malades rentrent dans des normes, alors qu’il n’y a pas d’homme normal". "C’est débile, on va devenir des robots", ajoute-t-il, l’air circonspect, avant de souligner qu’aussi "superbes" soient les mutations actuelles, le plus important serait, selon lui, que les sociétés ne se laissent surtout dépasser par elles…

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