Avant de changer le monde, transformons déjà la France ! La 10ème conférence annuelle des entrepreneurs a réuni l’association Citizen Entrepreneurs et les représentants de la délégation française du G20 des jeunes entrepreneurs de Berlin, qui ont présenté leurs recommandations pour doper la compétitivité française. Chacune d'elles est assortie de plusieurs propositions concrètes pour faciliter l'entrepreneuriat.

Les deux premières recommandations sont dédiées à la culture entrepreneuriale française et à son environnement économique. Ainsi, les jeunes entrepreneurs souhaitent "réduire le décalage encore trop important entre l’Éducation Nationale et le monde d’aujourd’hui". Au programme, la création d'un Bac Numérique ou encore une immersion en entreprise obligatoire pour les élus nationaux, régionaux et locaux, une proposition qui avait été évoquée lors de la campagne présidentielle pour rapprocher les élus de leurs électeurs.

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Autre préoccupation : la préservation de la souveraineté des compétences et des actifs français mais aussi "le combat" contre "l’hégémonie des géants du Web américains et chinois". Et pour cela, les jeunes entrepreneurs ont des recettes loin d'être novatrices. La création d'un "cloud souverain" pour "garder en France les données privées et publiques" avait ainsi été évoquée - sous une autre forme - par Marine Le Pen dans son programme présidentiel de 2017 (proposition numéro 8). La candidate du Front national entendait alors obliger les entreprises à "stocker les données personnelles des Français sur des serveurs localisés en France". Quant à l'imposition des géants du Net sur la base de leur chiffre d'affaires réalisé en France, elle est demandée de longue date par plusieurs partis politiques... mais relève pour l'instant du voeu pieu, optimisation fiscale oblige.

Harmoniser pour mieux financer

Alors qu'Emmanuel Macron souhaite faire de la France une startup nation, les jeunes entrepreneurs ont déjà un coup d'avance et veulent en faire une scale-up nation, grâce notamment à la création d'un fonds souverain de 10 milliards d'euros pour financer les futures licornes. Le financement est d'ailleurs l'un des points identifiés par Citizen Entrepreneurs et la délégation française au G20 de Berlin comme les plus problématiques. Pour permettre aux entreprises d'accéder plus facilement au financement bancaire et au financement alternatif, ils appellent de leurs voeux à la création d'un "crédit Fonds Propres" pour que les PME puissent affecter une partie de leurs résultats au renforcement de leurs fonds propres.

Enfin, les deux collectifs militent pour l'harmonisation au niveau européen des politiques fiscales (TVA et impôt sur les sociétés), du code du travail (avec la création d'un contrat de travail type) mais aussi du droit des sociétés (en instaurant des règles communes de fonctionnement des sociétés commerciales). Une uniformisation qui permettrait aux jeunes entreprises européennes de s'intéresser plus rapidement à des marchés étrangers au sein de l'Europe et de limiter les écueils administratifs.

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Ces préconisations ont été remises au ministère de l'Économie et présentées devant le Conseil économique et social. Depuis 2012, 18 des 19 préconisations présentées ont été suivies d'action : certaines ont inspiré un changement de réglementation, comme la création en 2014 du dispositif PEA-PME pour financer les entreprises; d'autres ont abouti à l'organisation de conférences ou d'événements permettant de mettre en lumière certaines problématiques clés de l'entrepreneuriat, comme lors des Assises de l'entrepreneuriat lancées en janvier 2013.