Décryptage par Tech Trash
1 mars 2019
1 mars 2019
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
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La jobbymoon : quel ROI pour vos vacances ?

Retrouvez chaque mois sur Maddyness les auteurs de la newsletter Tech Trash, qui décryptent pour nous un vrai concept bullshit. À l'honneur ce mois-ci : la « jobymoon », un break de vacances entre 2 boulots pour « recharger ses batteries » et (surtout) être encore plus efficace au travail.
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La novlangue du fabuleux monde de la Tech nous réserve bien des surprises. La dernière création linguistique en date concerne ce petit break de vacances que certains s’accordent entre deux boulots : la " jobbymoon ", ce processus de vacancing (ou choming, tout dépend de votre situation) qui consiste à se déconnecter du monde du travail pour se ressourcer, et reprendre des forces tout en faisant le tour du monde (et ouais, pourquoi se priver).

 

En matière de vacances, c’est bien connu, les entrepreneurs ne sont pas vraiment des experts. Ravis de passer 15h d’affilée devant leur ordinateur (parce qu’il ne faut jamais s’arrêter de bosser - c’est même gravé dans les concombres des distributeurs d’eau chez WeWork), ces derniers voient généralement ces périodes de repos d’un mauvais œil, voire comme l’œuvre du diable en personne. Chef de fil de ce mouvement " pro work ", le martyr du travail Elon Musk (who else ?) déclame à qui veut bien l’écouter qu’il travaille 100 heures par semaine – et ne serait parti en vacances que deux fois en 12 ans. Dans le même esprit, le conférencier, coach et millionnaire Grant Cardone (auteur du best-seller If You’re Not First You’re Last - ça donne le ton) a quant à lui carrément écrit une ode anti-vacances, parce que " la vie apporte suffisamment de distractions comme ça ". Bref, si les vacances sont pour les faibles, et le chômage pour les losers, la seule solution qui nous reste, c’est bien la jobbymoon !

L’équivalent de la lune-de-miel donc, mais pour le boulot ? Et oui. À l’origine de cet attentat contre la raison, le New York Times (qui, avouons-le, a connu des moment de journalisme plus glorieux) a théorisé le concept dans cet article, dans lequel le journal dresse le portrait de plusieurs " jobbymooners " en herbe. Quelques extraits : Hirumi, ancienne cadre de chez LittleBits, désormais passée chez Quip (une passionnante start-up qui " réinvente " le brossage de dents – si si), explique que sa jobbymoon lui a permis de " redéfinir ce qu’elle voulait faire dans la vie ". La career-coach Joy Lin nous éclaire elle-aussi sur l’importance du concept, parce que " les gens apprennent beaucoup sur eux-mêmes quand ils partent en voyage ". Oliver, producteur, raconte quant à lui qu’il en a profité pour " trouver la paix intérieure "…

Vous l’aurez compris, l’ère des " bizcations ", qui consistent à travailler pendant ses vacances, à toute heure et tout endroit (et aligner par exemple 2-3 lignes de codes depuis la piscine de son hôtel), est bel et bien révolue ! Par contre, même s’ils ne comptent pas vraiment bosser, ces jeunes startuppeurs du voyage n’oublient pas les bonnes habitudes apprises au bureau : on planifie tout, on dépense le moins possible, on optimise à fond et surtout on documente tout ça via les réseaux sociaux (ici, ici et ici). Parce que ce qui compte, c’est bien l’histoire qu’on pourra raconter une fois de retour devant son ordinateur, pas forcément celle qu’on a vraiment vécue… (celle-là, tout le monde s’en fiche, non ?).

Morale de l’histoire : bye bye bizcations, vive la jobbymoon (et oui, on a osé !).

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