10 novembre 2019
10 novembre 2019
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
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TargEDys, à la conquête d’un médicament contre l’obésité

Chaque année, les statistiques sur le taux d’obésité en France se font de plus en plus alarmantes. Pour tenter d’enrayer ce phénomène, l’équipe de recherches de TargEDys a mis au point un complément alimentaire capable de réguler l’appétit grâce au microbiome : EnteroSatys.
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Avant de plonger au coeur du travail de cette startup, concentrons nous quelques instants notre système intestinal. Si les micro-organismes qui le composent ne font pas rêver (bactéries, champignons, virus), ils sont pourtant les garants de notre immunité et notre bonne santé. Les recherches des professeurs et co-fondateurs de TargEDys, Pierre Déchelotte et Sergueï Fetissov, sous-tendent même que certaines bactéries permettraient de lutter contre l’obésité (sont considérées comme obèses, les personnes présentant un IMC supérieur à 30). 

Le microbiome, miroir de notre assiette et de notre santé ? 

Dans le le documentaire Super Size me sorti au début des années 2000, Morgan Spurlock se lançait le défi (un peu) fou de se nourrir exclusivement de malbouffe matin, midi et soir. En à peine un mois, le réalisateur avait pris 11 kilos et présentait un bilan de santé alarmant. Que l’alimentation joue sur le poids n’a rien de révolutionnaire mais il s’avère qu’elle influe également sur l’état du microbiome. C’est en tout cas ce que laisse apparaître une étude menée sur des africains soumis à un régime alimentaire américain, c’est à dire faible en fibre et saturé en graisse. En à peine quelques semaines, de nouvelles bactéries stockant les graisses sont apparues dans leurs microbiomes. En effet, ces derniers évoluent en fonction de l’environnement, de l’alimentation et de l’état de santé des individus. 

À l’image de l’ADN, chaque microbiome est unique. Pourtant, des corrélations ont été établies entre certains individus. Par exemple, les personnes atteintes d’obésité présentent très peu de bactéries Hafnia Alvéi 4597, capables de réguler l’appétit. C’est pourquoi le sentiment de satiété arrive plus lentement chez elles. 

Une bactérie coupe-faim ? 

Il aura fallu plus de 15 ans aux professeurs Déchelotte, Fetissov et aux équipes du laboratoire de l’Inserm pour réussir à décrypter certains secrets du microbiome humain. Parmi ces mystères, ils découvrent que la fameuse bactérie agit par mimétisme, comme les hormones de satiété.
En effet, Hafnia Alvéi 4597 produit une protéine, ClpB, qui agit à trois niveaux sur le corps comme l’explique le professeur Déchelotte : “Elle stimule directement des cellules endocrines pour produire d’autres hormones impliquées dans le mécanisme de la satiété, elle active des neurones qui véhiculent un signal de satiété jusqu’au cerveau et  accède à l’hypothalamus où se trouve le système de satiété” . Des études menées sur des rats et des souris obèses, ayant reçu une faible dose de cette protéine, attestent d’une réduction des portions mangées.

En se basant sur ces recherches, l’équipe de TargEDys a développé un complément alimentaire composé de cette bactérie, de zinc et de chrome, reconnus pour leur impact sur le diabète. Contrairement à la pléïade de produits de ce type qui promettent un amaigrissement éclair, Grégory Lambert, PDG de TargEDys, préfère se focaliser sur le rééquilibrage alimentaire.

 

Réapprendre les bonnes habitudes 

Le complément alimentaire EnteroSatys s’annonce, non pas comme un énième brûleur de graisse partant à l'assaut de nos calories mais plutôt comme la cigarette électronique pour les fumeurs. Il vise, en effet à aider ses utilisateurs à réguler leur appétit. Sa prise doit s’accompagner, "au mieux, d’un suivi par un nutritionniste ou, d’une reprise en main de ses habitudes alimentaires” reconnaît Grégory Lambert. En discutant avec lui de l’étude menée sur un panel de consommateurs, il insiste d’ailleurs sur le changement de comportement alimentaire intervenu plutôt que sur la perte de poids. Sur les 65 personnes ayant pris le complément alimentaire pendant 3 mois, 83% indiquent avoir perdu du poids et/ ou réduit leur prise alimentaire. “ Notre objectif  est d’aider les gens à reprendre conscience du sentiment de satiété qu’ils ne connaissent plus et ainsi à réguler et équilibrer leurs menus”. C’est pourquoi il n’hésite pas à opposer son produit aux autres compléments “minceurs” vendus en pharmacie. Ici, pas de captage de graisse ou de drainage “qui n’encouragent pas les gens à mieux manger”.  C’est aussi la raison pour laquelle le traitement doit être pris entre 3 et 9 mois pour avoir des effets sur le long terme et engendrer de nouvelles habitudes. 

Un partenariat public-privé pour développer des biotechnologies 

Interrogé sur l’objectif sur son modèle économique, Grégory Lambert risposte en précisant que “TargEDys est une entreprise de recherches en biotechnologie” qui n’ambitionne pas de devenir une société commerciale. D’où l’ouverture de deux sites internet séparés, l’un renvoyant aux travaux de recherches de la startup, l’autre permettant d’acheter leur produit en ligne. “ La mise sur le marché de notre molécule est là pour faire la preuve de notre concept sur le marché français explique Grégory Lambert. L’entreprise envisage de réaliser des partenariats commerciaux pour vendre son produit en Europe, aux Etats-Unis et en Asie et générer les revenus nécessaires pour accompagner  leurs recherches. Elle a déjà levé plus de 9 millions d’euros auprès d’investisseurs comme Seventure, NCI et, plus récemment, le laboratoire allemand Biocodex spécialisé dans la recherche sur le microbiome. 

Le dirigeant de l’entreprise souligne également les deux partenariats scellés avec l’Inserm et l’hôpital de Rouen. Grâce à eux, TargEDys bénéficient de doctorants travaillant sur le microbiome.
Les recherches s’axent actuellement sur la création d’un complément alimentaire pour favoriser l’appétit à destination des personnes âgées et souffrant d’anorexie. À termes, TargEDys envisage également la fabrication d’un “médicament contre l’obésité”

 

Les résultats de l’étude clinique, encore en cours, devraient être connus d’ici quelques mois. Mais les premiers commentaires émis par les clients et la qualité du partenariat public-privé mis en place sont plutôt de bon augure. De quoi renforcer un peu plus l’importance donnée au microbiome dans la recherche médicale. 

 

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