L’entrée d’un investisseur au capital est une chose, sa sortie en est une autre. Pour preuve : si les levées de fonds pleuvent dans l’écosystème startup français, les exits se font rares, très rares, trop rares. « Les tours de table augmentent rapidement mais, pour l’instant, l’industrie tech en France est toujours immature en comparaison de ses voisins anglais et allemand – sans parler des États-Unis – et n’a pas encore produit de sortie de géant« , assène tout de go Arthur Porré, cofondateur d’Avolta Partners, en préambule d’une étude circonstanciée sur la question. Un uppercut qui vise très directement la startup nation… qui peine à voir le jour.
Depuis 2017, le cabinet spécialisé dans les fusions et acquisitions a recensé 493 exits technologiques, pour un total de 23,7 milliards d’euros. Youpi ? Pas vraiment : seules 12,5% de ces opérations ont dépassé les 150 millions d’euros et six ont affiché une addition à dix chiffres. Et parmi ces six… aucune startup, la plus jeune entreprise, Exclusive Networks, étant née en 2003. Il faut élargir au top 10 des exits pour voir apparaître les premières jeunes pousses, Teads et Drivy – respectivement 9ème et 10ème – avec des opérations bien loin du milliard : 285 et 268 millions d’euros.
La Bourse, Graal des startups et des investisseurs ?
Qu’est-ce qui explique cette moisson aussi pauvre ? L’une des causes est à trouver du côté de la Bourse : sur les trois dernières années, 17% des exits en moyenne ont été réalisées via une cotation sur le marché boursier. Or c’est par ce biais que les multiples sont les plus élevés : jusqu’à 9,8, avec une moyenne de 4,5, contre 6,1 et une moyenne de 2 pour un rachat par un grand groupe. La Bourse n’est cependant pas la voie royale à un exit réussi : la performance moyenne des entreprises tech sur le marché coté est de -18,2%. Pas franchement une sinécure.