Si près de trois quarts des Français·e·s sont attiré·e·s par les nouvelles technologies selon une étude YouGov réalisée pour Maddyness, ils ne les regardent pas moins d’un oeil méfiant. Près de la moitié des sondé·e·s estiment ainsi que l’essor des technologies est “le vrai danger de demain”. 

Et contrairement aux stéréotypes, les plus réfractaires ne sont pas des seniors désabusés : les 18-24 et 25-34 ans sont les plus nombreux (respectivement 52 et 54% d’entre eux) à regarder d’un mauvais oeil cet essor. De manière générale, d’après ce sondage mené auprès d’un échantillon représentatif de 1018 personnes, plus on habite dans une grande ville et plus on a fait d’études, plus on est optimiste face aux innovations. 

Les plus de 55 ans sont les plus nombreux (45%) à estimer que les nouvelles technologies “impactent positivement notre façon de consommer”, contre à peine plus d’un quart des 18-24 ans interrogés. Pourtant, ces derniers sont aussi les plus nombreux (75%) à considérer que les innovations simplifient le quotidien (contre 70% des 35-44 ans et 54% chez les plus de 55 ans). 

Plus d’un·e Français·e sur deux “parfois” dépassé·e par la technologie

Plus de 50% des personnes interrogées (53% précisément) se disent “parfois” dépassées par la technologie, et 20% “régulièrement”. Il est intéressant de relever que ce n’est pas une question d’âge, ni de diplôme, ni de catégorie socio-professionnelle, ni de lieu de vie. Les proportions sont stables sur tous ces critères. 

L’étude YouGov pour Maddyness a interrogé son panel sur des innovations précises : certaines sont déjà disponibles pour le grand public, comme les assistants vocaux ou de santé (FitBit, Apple Watch, etc.), d’autres sont encore peu accessibles comme les voitures autonomes. 

Les assistants vocaux tels Google Home ou Alexa, au-delà des offres sur smartphones, semblent finalement peu utilisés. Seul·e·s 15% des sondé·e·s disent en utiliser un, et 16% en avoir déjà utilisé. Cela s’approche des 10% d’internautes français de plus de 15 ans ayant déjà utilisé une enceinte connectée estimés par un rapport de cette année du CSA et d’Hadopi. 

Le manque d’utilité, grand frein face à l’innovation

Et les Français·e·s ne semblent pas franchement convaincu·e·s de la chose : 39% des personnes interrogé·e·s par YouGov disent “ne pas en utiliser et ne pas le vouloir”, non seulement par crainte pour leurs données personnelles mais aussi car ils n’en voient pas l’utilité. Un prix trop élevé et l’hyperconnectivité de la société sont aussi des raisons avancées dans l’étude. Plus de 25% disent quand même être tenté·e·s par leur utilisation même s'ils n'en possèdent pas, 16% ont déjà testé par le passé et 4% "ne savent pas". 

Les assistants de santé tels FitBit, Withings ou l’Apple Watch sont encore moins plébiscités. Seuls 10% des sondé·e·s disent en utiliser, 11% en avoir déjà utilisé et 42% déclarent n’y avoir jamais eu recours et ne pas le vouloir. Presque un tiers des répondant·e·s indiquent quand même un certain intérêt pour en essayer, même si ils/elles n’en utilisent pas au quotidien. 

L’étude YouGov s’est aussi penchée sur une innovation bien moins disponible pour le grand public, mais sur laquelle il a déjà un avis : les voitures autonomes. En effet, si seules 2% des personnes interrogées disent en utiliser, 50% disent ne jamais vouloir essayer, alors que 39% tenteraient bien. L’âge influence légèrement la vision de la voiture autonome : 56% des plus de 55 ans sont réfractaires à l’idée d’en essayer une, contre 31% qui seraient partant·e·s. 

Face à l’affirmation “dans quelques années, nous roulerons tous en voiture autonome”, seul·e·s 9% des Français se disent “tout à fait d’accord”. En tout, 37% y croient, 10% pas du tout, et un quart sont “ni d’accord, ni pas d’accord”. Ce sont les 35-44 ans à être les plus optimistes sur ce point.

Un grand intérêt pour la medtech et l’environnement

Il ressort du sondage un gros succès pour les aspirateurs robots. Un peu comme les assistants vocaux et de santé, seul·e·s 10% des sondé·e·s disent en utiliser dans leur quotidien. En revanche, la réticence de ceux et celles qui n’en ont pas est bien plus faible : 46% des personnes interrogées aimeraient en utiliser un, contre 27% de méfiant·e·s. Plus d’un·e Français·e sur deux n’en voit néanmoins pas l’utilité et 40% lui attribuent un prix trop élevé. A noter que 11% des répondant·e·s s’inquiètent de la protection de leurs données personnelles. Face à un aspirateur. 

Si les Français·e·s semblent quand même un peu moroses face aux innovations technologiques, dans quels domaines souhaiteraient-ils voir des nouveautés révolutionner leur quotidien ? Un podium se place loin devant les autres : la medtech (citée par 73% des sondé·e·s), l’énergie et l’environnement (64%) et les services à la personne (59%). L’intelligence artificielle, quatrième citée, est loin derrière avec 24%, devant l’IoT (19%). Des aspirations un peu loin de celles des investisseur·e·s : en 2019, la France se place en tête des investissements dans l’intelligence artificielle en Europe

 

Les perles du verbatim

Parmi les freins à l'utilisation des assistants vocaux, les répondant·e·s ont notamment avancé "leurs problèmes d'élocution", "Je sais appuyer tout seul sur un interrupteur sans qu'une machine le fasse pour moi" ou encore "leur débilité". "Dans une voiture, c'est moi qui commande", peut-on lire dans les raisons du désamour pour les voitures autonomes, "ma liberté" ou encore "JE N'AI PAS LE PERMIS". (Mais justement !) En ce qui concerne les aspirateurs robots, la plus grosse inquiétude se situe tout de même sur leur capacité à "aspirer dans les coins". "Bouge ton corps !", intime quand même un·e sondé·e.