Halte au greenwashing ! Le troisième baromètre “Talents : ce qu’ils attendent de leur emploi” du Boston Consulting Group/Conférence des Grandes écoles/Ipsos montre le regard sévère que portent étudiants et diplômés de grandes écoles sur les promesses sociales et environnementales des grandes entreprises. 

Si elle n’a pas pour but d’être représentative (la méthode des quotas n’ayant pas été utilisée), cette étude menée en décembre 2019 auprès de 4112 étudiants et 2083 anciens élèves de 187 grandes écoles permet de faire ressortir de grandes tendances sur leurs exigences vis-à-vis du monde du travail.  

Trois quarts des étudiants considèrent que les grandes entreprises ne s’engagent pas 

Près de trois quarts des étudiants (et 65% des diplômés) considèrent donc que les grandes entreprises ne sont pas du tout engagées en termes de responsabilité sociale et environnementale (RSE), alors même qu’ils considèrent très largement qu’elles peuvent faire bouger les lignes. 

Si elles sont un peu mieux jugées, les PME se placent en avant-dernière position. En revanche, les startups sont considérées par 60% des étudiants interrogés comme engagées, sans que ne soit spécifié dans le baromètre sur quels critères ils les différencient des PME. 

Alors que les grandes entreprises sont déjà dernières du classement des acteurs les plus susceptibles de s’engager (les associations/ONG, startups et citoyens occupant le podium), les jeunes interrogés gardent un oeil attentif sur leur tendance au greenwashing. Plus d’un sondé sur six (étudiants et diplômés confondus) considère en effet que les entreprises agissent par opportunisme, devant l’obligation légale et très très loin devant la conviction (autour de 6-8%). En résumé, le message envoyé par les jeunes issus de grandes écoles est : “Peut mieux faire” ou, comme le présente le baromètre : “Les entreprises font des efforts, mais pas assez aux regards des enjeux”. 

6 jeunes sur 10 prêts à refuser un poste dans une entreprise qui manque d’engagement

Ils ne font pourtant pas que râler : neuf d’entre eux sur dix se disent prêts à s’engager au sein de leur entreprise, voire à refuser un poste dans une entreprise qui manque d’engagement pour près de deux tiers d’entre eux. L’arrivée des entreprises à mission peut permettre de mieux aiguiller les jeunes diplômés, tout en ne protégeant pas de l’écueil d’une entreprise qui dit beaucoup mais fait peu en matière de RSE. 

Assez paradoxalement, les grands groupes restent la cible privilégiée des étudiants de grandes écoles, assez loin devant les PME, l’entrepreneuriat, les startups et les associations/ONG. En résumé, ils s’orientent vers les structures qu’ils décrivent comme les moins à même de faire bouger les lignes. Un des arguments avancés est que les étudiants estiment que le meilleur moyen pour faire changer les mentalités est, pour 58% d’entre eux, d’intégrer les entreprises incriminées pour les changer de l’intérieur. Les diplômés eux expriment une courte préférence pour le fait de refuser d’y travailler. 

Une fois diplômés, les destinations se rééquilibrent : ces derniers préfèrent les petites entreprises, mais les grands groupes et l’entrepreneuriat suivent d’assez près. Toujours aussi peu de succès en revanche pour les startups et associations. 

Un gros attrait pour l’économie sociale et solidaire 

L’attrait pour l’économie sociale et solidaire (ESS) se renforce toutefois, avec sept diplômés ou étudiants sur dix qui aimeraient ainsi travailler ou faire un stage dans l’ESS. La rémunération dans cette branche est quand même citée comme un frein pour 22% des étudiants et 31% des diplômés, même s’ils ne citent qu’en 10e position la rémunération comme critère de choix d’un poste. Toutefois, il faut souligner que plus de trois quarts des diplômés intéressés par l’ESS se disent prêts à revoir leur rémunération à la baisse, de 11% en moyenne. 

Où veulent donc travailler les jeunes des grandes écoles, au-delà du type de structure ? Leurs secteurs privilégiés sont l’environnement, cité par 76% des étudiants et toujours en progression, l’énergie (62%) et le conseil (55%), qui remplace l’automobile qui tenait la troisième place en 2017. Cela tombe bien : l’environnement et l’énergie sont deux des trois secteurs cités par les Français dans une étude YouGov pour Maddyness dans lesquels ils aimeraient voir des nouveautés révolutionner leur quotidien. 

L’intérêt du poste, toujours un critère de choix

Si ce que l’entreprise montre et fait au dehors est important pour les étudiants des grandes écoles, ce qui les attend à l’intérieur les interpelle aussi. Pour 92% d’entre eux, l’intérêt du poste est le principal critère de sélection, devant l’ambiance et le bien-être au travail (85%) et le fait que le poste soient en phase avec leurs valeurs (76%). Cependant, s’ils placent haut l’importance du bien-être au travail, des facteurs qui y contribuent comme les horaires, le temps de trajet ou encore la charge de travail peinent à dépasser les 40%. 

L’utilité sociale du travail est par ailleurs un pré-requis absolu pour 53% des étudiants et 50% des diplômés. Pour environ 35% d’entre eux, ce n’est “pas fondamental”, mais c’est un supplément qu’ils essaient de prendre en compte dans leur choix de travail. 

Cette utilité, ils la prennent à coeur : près de deux tiers des étudiants veulent en priorité “avoir été utile” et “avoir apporté des changements positifs à la société”. Un écho qui se retrouve du côté des diplômés qui, une fois insérés sur le marché du travail, évoquent aussi (pour 38% d’entre eux) l’intérêt d’avoir “permis à des personnes d’exprimer leurs compétences, de se développer professionnellement”.