Les startups lèvent plus d’argent aujourd’hui qu’il y a dix ans. Beaucoup (beaucoup, beaucoup) plus d’argent. Mais auprès de qui ? Des fonds d’investissement français, notamment, qui ont essaimé en France – à Paris mais aussi en région. Mais aussi de fonds d’investissement étrangers, qui ont accompagné l’évolution de l’écosystème startup tricolore du stade de chenille à celui de papillon. Longtemps réticents à mettre des billes dans les entreprises françaises, à cause de préjugés persistants (comme la complexité administrative ou réglementaire française) et parfois infondés – non, la productivité française n’est pas plombée par le droit ou le temps de travail ! – ils ont fini par s’intéresser à ce marché majeur sur la place Tech mondiale. De près, très près !
En effet, selon une étude réalisée par le cabinet Cambon Partners sur la base des données de Cfnews, les investisseurs étrangers sont six fois plus actifs aujourd’hui qu’en 2010 ! En effet, ils n’avaient participé qu’à 23 levées de fonds sur la période 2010-2011 – moins d’une par mois, donc – contre 146 en 2018-2019 – plus de six par mois ! La croissance la plus forte est intervenue entre 2016-2017 et 2018-2019, avec une hausse de 76% de la présence de VCs étrangers dans les opérations. L’effet Macron ? Pas seulement, car le tournant a en fait eu lieu entre 2014 et 2016, où l’augmentation était déjà de 73%, contre 37% entre 2012-2013 et 2014-2015.
Les fonds étrangers n’hésitent donc plus à investir en France. Et, deuxième bonne nouvelle, ils ont de moins en moins besoin d’un chaperon. Alors que, jusqu’en 2017, seulement 13 à 17% investissaient dans des deals où aucun investisseur français n’était présent, ils étaient 28% à le faire sur la période 2018-2019 ! Cela montre qu’ils ont suffisamment gagné en confiance pour sourcer directement leurs participations.
Preuve de la maturité des fonds étrangers en France, ces derniers investissent de plus en plus tôt dans les pépites tricolores. Alors que les tours d’amorçage ou de série A ne représentaient en 2010-2011 que 30% des opérations réalisées par les fonds étrangers, cette proportion a presque doublé pour s’établir à 56% en 2018-2019. C’est la première fois que ces opérations représentent plus de la moitié de l’activité des VCs étrangers, qui ont longtemps cueilli les jeunes pousses françaises à leur éclosion.
Néanmoins, le co-investissement avec au moins un fonds français reste largement majoritaire. Et, parmi ceux qui investissent le plus aux côtés des fonds étrangers, on retrouve quelques noms bien connus de la place tricolore. Ainsi, idInvest, Alven ou Partech figurent régulièrement depuis dix ans parmi les fonds les plus friendly vis-à-vis des VCs étrangers.