20 mars 2020
20 mars 2020
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
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Comment 1083 est passé des jeans aux masques pour endiguer la pénurie

La marque drômoise a stoppé sa production de jeans pour se concentrer sur celle de masques, mis gracieusement à disposition du personnel soignant de la région.
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Comme beaucoup de commerçants, 1083 a vu son activité fortement ralentir avec la fermeture de ses boutiques et de ses revendeurs. "On garde une petite part de notre activité en e-commerce mais il y a eu un véritable coup d'arrêt", concède Thomas Huriez, fondateur de la marque de vêtements et accessoires dont la pièce maîtresse est le jeans. Pourtant, ce vendredi, les ateliers - situés dans la Drôme, à Romans-sur-Isère, surnommée "la capitale de la chaussure" et place forte du secteur textile français - tournent à plein régime.

Une production pour anticiper la reprise des commandes, dans quelques semaines ou quelques mois, lorsque le confinement sera levé ? Point du tout. "On ne pense pas à la reprise, évacue l'entrepreneur. Le temps que durera la crise n'est pas une inquiétude pour nous, notre communauté est solide." Au milieu des jeans qui s'entassent, les machines à coudre ronronnent pour produire des masques de protection.

Fournir le personnel soignant

"Dès lundi, des personnels de santé de Romans nous ont spontanément contactés. Ils n'avaient plus de masques et nous ont demandé si nous pouvions en produire", raconte Thomas Huriez. En effet, en début de semaine, le maire de Grenoble Éric Piolle avait appelé les couturiers et couturières amateurs à coudre des masques de protection pour les donner au personnel soignant. L'hôpital de Grenoble a même mis un tutoriel avec un patron à la disposition de ses médecins et infirmiers ! "Mais les soignants n'ont pas le temps et parfois pas le matériel pour réaliser ces masques", rappelle le fondateur de 1083.

Ni une ni deux, la marque produit quelques masques qui répondent aux indications données par le CHU grenoblois : "deux couches de coton avec une couche de molleton au milieu", précise l'entrepreneur. Impossible d'utiliser du denim, bien trop rigide pour un masque. Alors la marque s'est servi du coton utilisé pour les fonds de poches de ses jeans et a récupéré du molleton qui lui a été offert par d'autres entreprises textiles de la région.

Loin des masques réglementaires... mais mieux que rien pour faire face à l'épidémie qui touche tout particulièrement le bassin grenoblois. Les premiers masques sont cousus et distribués gracieusement dès le début de semaine... avec un effet boule de neige. Mardi, les ateliers arrêtent la production des jeans pour se concentrer sur celle des masques.

Organiser la production

La fabrication ne pose aucun problème à ces professionnels de la couture : "coudre un masques, c'est beaucoup plus facile qu'un jeans !" Plusieurs centaines d'exemplaires ont déjà été produits et distribués. Et la demande est telle que l'entrepreneur a passé un appel aux couturiers et couturières du dimanche pour venir l'aider à fabriquer et distribuer les stocks... tout en respectant évidemment les normes de sécurité. Les travailleurs et travailleuses opèrent par créneau horaire, sans se croiser pour éviter les contacts. Pendant ce temps, la dizaine de salariés gèrent les demandes et l'information des bénéficiaires, coordonnent la récupération des matières premières et les livraisons - réalisées par le chef d'entreprise lui-même.

Et pas question de s'arrêter là. L'entreprise a déjà été contactée par d'autres professionnels du secteur, prêts à mettre à sa disposition leurs moyens de production. "Cela permettra de démultiplier la production. Mais l'enjeu va rapidement être de trouver des matières premières", prévient Thomas Huriez, qui cherche coton et molleton entre Romans et Valence. Mais qui ne court pas après les couronnes de lauriers. "C'est la moindre des choses que l'on puisse faire pour aider."