Outils et conseils par Anaïs Prétot, LiveMentor
10 août 2020
10 août 2020
Temps de lecture : 1 minute
1 min
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Quelques questions à se poser avant d’envoyer valser son job à la rentrée

On a tous, à un moment dans sa vie, eu envie d'envoyer valser son emploi et de rester sur cette plage grecque pour toujours. Si les raisons varient, l'envie est là, mais avant de commettre l'irréparable, veillez à vous poser les bonnes questions.
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Republication du 1er août 2018

“Mon boss me rend dingue, c’est hors de question que j’y retourne à la rentrée !”, “C’est décidé, en Septembre je pose ma démission !”, “Cela a assez traîné, vivement que j’obtienne cette rupture conventionnelle pour me consacrer à 100% sur mon projet !” L’été est propice aux remises en question. On a du temps, suffisamment pour ressortir du tiroir le projet entrepreneurial un peu fou qui nous trottait dans la tête depuis quelques mois. On se prend à rêver de liberté et d’un monde sans boss, sur fond de cigales et de rosé frais. On y recroise d’anciens camarades de promo qui ont fait le grand saut. Ou pire, on tombe par hasard sur cet ancien collègue que l’on appréciait tant, qui se vante des mérites d’avoir quitté le navire pour voler de ses propres ailes.

C’est aussi souvent le moment où on se plaît à dresser un portrait peu reluisant de son employeur. Il faut dire que l’open space et ses structures de reporting pas toujours alléchantes brillent assez peu par contraste depuis la plage. Cela devient de plus en plus clair - à chaque badigeonnage de crème solaire, on s’entend dire à son compagnon de serviette : “cette fois, c’est sûr - je n’y retourne pas”. Il y a quelque chose de très moderne derrière cette incantation. Elle est très dans l’air du temps, cette envie de tout plaquer.

Est-ce une bonne idée ?

Votre compagnon de serviette, lui, acquiesce silencieusement. Il vous pose quelques questions rhétoriques : “mais tu es sûr que c’est vraiment si horrible que ça ?”, “tu ne devrais pas attendre six mois de plus, cela te ferait un peu plus d’ancienneté et ce serait plus facile pour chercher ?”.

Cela ne t’aide pas. Mais on ne peut pas vraiment lui en vouloir. Tout comme toi, lui non plus n’a aucune idée de ce que tu devrais faire. L’école ne nous apprend pas à faire des choix radicaux. Ne t’attends pas à ce qu’un ami le fasse à ta place.

Ces bribes de conversation difficiles résonnent comme un mélodie estivale dans mes bureaux chez LiveMentor en ce mois de juillet.
Des porteurs de projet nous appellent pour réaliser un premier diagnostic de leurs envies entrepreneuriales, et nous parler de leur envie de faire le grand saut.

Soyons clairs - je n’ai pas de recette miracle pour les aider à faire leur choix. Comme souvent lorsque l’on travaille avec des humains, il faut souvent un peu plus qu’un algorithme ou une matrice pour décider du bon itinéraire.

A défaut d’avoir des solutions toutes faites, j’ai tout de même consolidé une liste de questions qui peuvent aider à cheminer parmi les doutes lorsque l’envie de déchirer son CDI devient forte.

Vous n’y trouverez pas d’hymne au “il faut tout plaquer” ou de “Gantt chart à 3 mois des premiers jours d’un projet”. La vie, c’est souvent un peu plus compliqué que cela. Je crois qu’une vraie bonne décision ne se décrète pas : l’incantation n’a jamais permis de payer un loyer.

Voici donc une liste de questions toutes simples que j’aime poser à mes élèves ou amis lors de nos cafés aux allures de boussole.

Etape 1 : est ce que c’est vraiment votre travail le problème ?

Qu’est ce qui vous enlève de l’énergie en ce moment ? Qu’est ce qui à l’inverse vous en donne ? Est ce que c’est vraiment ton travail le problème ?

L’idée est de passer ici au peigne fin les différentes composantes de sa vie : son travail certes, mais aussi sa santé, ses proches, ses relations, ses hobbies, son équilibre.

S’il est important de prendre au sérieux cette envie de tout plaquer, il est essentiel de ne pas confondre signal et cause.

Il est en effet fréquent pour nous de rencontrer des élèves qui viennent nous voir avec une envie de démissionner immédiatement, mais qui après quelques questions nous révèlent être dans une phase personnelle très compliquée, marquée par exemple par la maladie d’un proche ou une rupture difficile.

Le mal être est réel, et c’est dans l’envie de quitter son travail qu’il se cristallise parce qu’il y a là quelque chose de commode. Il est plus aisé de se plaindre de son boss en terrasse que d’avouer une vulnérabilité plus personnelle.

On a tous cet ami qui accumule les anaphores en “j’en ai marre” au gré des cafés. Rien ne va, son mec, son boss, son appartement… Je suis passée par là. J’ai failli changer 3 fois d’orientation pendant une longue maladie. Je me sentais mal, sauf que cela n’avait absolument rien à voir avec le fait d’étudier les maths.

Changer de voie n’aurait pas vraiment aidé, mais cela n’en restait pas moins une sonnette facile à tirer. Sauf que ce n’était pas forcément la bonne. Je ne suis pas psychologue, mais je crois que dans pareil cas un simple changement de poste ne vous suffira pas à vous sentir mieux.

Pire encore, vous êtes sûrement en train de prendre une décision à un moment où vous n’êtes pas vraiment capable d’en prendre une.

Il n’y a rien de très grave à cela : cela arrive à tout le monde de ne pas avoir les idées claires. Il faut juste savoir reconnaître ces moments et réfréner de prendre des décisions hâtives.

Changer de travail ne vous rendra pas plus heureux si vous broyez du noir depuis 6 mois, enfermé dans une relation toxique. Cela peut paraître bête à dire - mais cette “analyse externe” toute simple peut éviter de nombreuses décisions prises pour les mauvaises raisons.

Vous vous rendrez parfois compte que ce n’est pas votre boss, le problème. Mais plutôt ce proche malade qui vous fait voir le monde en noir depuis plusieurs semaines.

Accordez vous du temps pour prendre du recul, et soignez les causes principales de votre mal être avant de pivoter à 360° et abandonner un travail qui pourrait finalement beaucoup vous plaire une fois les idées claires.

Lancer un projet vient nécessairement avec son lot de tracas - il convient donc de s’assurer en amont que l’on n’est pas en train de s’en rajouter inutilement !

Etape 2 : mais qu’est ce qui ne vous plait vraiment pas dans ce job ?

Maintenant que nous sommes certains que c’est bien votre travail le problème : essayons de cerner les racines du mal. Arrivez vous à décrire spécifiquement ce que vous rejetez dans votre travail ?

Est ce l’industrie ou est ce l’environnement de travail (les horaires, la façon de travailler, ton boss) que vous ne supportez plus ?

Ces questions sont importantes car de nombreux élèves viennent nous voir avec un projet de reconversion extrêmement radical.

Il est vrai que les anciens ingénieurs aéronautiques devenus fleuristes fleurissent (c’est le cas de le dire) en couverture des magazines, mais ce ne sont pas le seul modèle !

Notre époque voue un culte aux retournements à 180°, aux virages radicaux - à croire que tout changer est nécessairement la solution à tous nos maux.

On nous parle des :
HEC devenus pâtissiers
ingénieurs devenus bergers
rédacteurs devenus ferroniers
graphistes devenus développeurs web
...

Je pense au contraire que la solution - la vraie, la pragmatique - ne se situe pas toujours dans un revirement de situation total.

Prenons un exemple précis : se lancer en freelance en marketing digital lorsque l’on était jusqu’alors employé dans une banque sous entend d’apprendre d’un coup deux métiers : celui d’indépendant et le marketing digital en soi.

C’est possible, mais cela prend de façon pragmatique plus de temps. Et était ce vraiment nécessaire de changer d’un coup d’un seul tous les paramètres de l’équation ?

Pour aider nos élèves à prendre les bonnes décisions, je leur conseille généralement de décomposer les différents paramètres de leur rapport au travail pour séquencer leur transformation et aboutir à une issue réaliste.

Beaucoup d’élèves croient par exemple devoir changer impérativement de métier pour être heureux, quand ils aspirent simplement en réalité à davantage d’autonomie à l’intérieur de ce dernier.

Est ce que si l’on flexibilisait vos horaires votre job vous comblerait ?
Est ce que tous les projets vous ennuient - n’y en a t’il pas un certain type qui vous emballe ?
Rejetez vous votre métier, votre secteur d’activité tout entier ou plutôt votre cadre de travail ?

Une fois le diagnostic réalisé, les options sont infinies : est ce possible d’aspirer à davantage d’autonomie et de flexibilité à l’intérieur de l’emploi en question, par exemple en demandant à son employeur de passer en télétravail ?

Ou pourquoi ne pas envisager un lancement en freelance sur cette même spécialité, pourquoi pas en continuant à travailler pour son ancien employeur ?

Il serait dommage de ne pas capitaliser sur des années d’expertise et sur ce réseau acquis au fil du temps.

Bien souvent, la solution se trouve dans une somme de petits changements pragmatiques (un transfert d’une équipe à l’autre, un changement de relation contractuelle avec la même entreprise...) qui ne feront jamais la une des magazines. Mais à choisir entre la grandiloquence et le pragmatisme, j’ai fait mon choix.

Il faut aussi prendre garde à ne pas faire des choix contradictoires. L’entrepreneuriat n’est pas une antidote à tous les maux, bien au contraire.

Il est ainsi fréquent que je discute avec des élèves souhaitant quitter leur emploi salarié pour se lancer dans l’entrepreneuriat par rejet total de leurs managers.

Dans bien des cas, ce qui bloque les élèves est le manque de reconnaissance dans leur entreprise.

C’est effectivement dommageable - mais attention à un lancement hâtif dans l’entrepreneuriat si la soif de reconnaissance est un levier de motivation très fort, car il y a quelque chose de très ingrat dans le fait de monter un projet.

Personne ne vous dit que ce vous faites est génial lorsque c’est vous le boss.

Si après toutes ces questions, il apparaît clairement que la solution pour vous est de monter votre projet, encore un peu de patience !

Il faut à présent se poser les questions de la temporalité : faut il le quitter directement ce job ? N’est il pas possible de commencer à développer l’activité en parallèle de son emploi salarié ?

Etape 3 : faut il tout plaquer dès maintenant ? est ce que je l’écris tout de suite, ma démission ?

Avez vous déjà une première expérience entrepreneuriale ou de travail en parfaite autonomie ?

Commencer à entreprendre sous entend bien plus que des connaissances techniques.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le plus compliqué n’est pas d’apprendre à coder ou à créer des publicités sur Facebook - mais bel et bien d’apprendre à évoluer dans ce nouveau cadre aux contours flous.

Sans deadline. Sans boss. Sans contrainte.

Une transition trop brutale, en passant du jour au lendemain d’un cadre salarié très policé à une page blanche entrepreneuriale n’est ainsi pas toujours la meilleure option, car elle peut être synonyme de perte de temps.

Nombreux sont ainsi nos élèves qui ont perdu leurs 3 premiers mois d’activité dans des trappes à productivité, qu’ils auraient pû apprendre à éviter en parallèle de leur activité salariée avant de se lancer.

Disposez vous déjà d’un premier portefeuille de client ? D’une communauté ? La première brique de votre projet est elle déjà posée ?

Non, il n’est souvent pas nécessaire de tout plaquer pour commencer à faire décoller sur son projet. Fort est de constater que très peu de projets nécessitent véritablement de se lancer à plein temps dès le 1er jour - bien au contraire.

Bien souvent, la première brique peut se poser en parallèle de son emploi, à l’image de la création d’une communauté sur un blog ou une newsletter. Il s’agit pour beaucoup de projets sur Internet d’une première étape incontournable, qui peut tout à fait se faire le soir ou le week end.

C’est par exemple le cas de notre élève Romain, banquier le jour et bloggeur déco la nuit.

Il se fait la main sur son futur marché, en accumulant les apprentissages tout en se garantissant un flux de revenus à l’heure où son projet n’est pas encore prêt à en dégager.

Il est plus pertinent de choisir de passer à plein temps sur ce projet une fois cette communauté, ce premier réseau de prospects, ou cette première brique prêtes à être monétisée.

Ils peuvent en effet sembler très longs, ces mois sans perspective de monétisation et la tentation d’abandonner peut être très forte lorsque l’on est à plein temps sur son projet et que les revenus sont inexistants.

C’est une situation plutôt anxiogène, qui conduit de nombreux entrepreneurs à abandonner au mauvais moment, juste avant que leur travail commence à porter ces fruits.

Qui veut aller loin s’arme de patience, en planifiant quelques coups d’avance.

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