Le numérique bénéficiera de 7 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance. Quelque 3,7 milliards seront directement fléchés vers les startups. Quel enjeu ces dernières représentent-elles pour notre économie ?
Depuis cet été, Apple vaut plus que l’ensemble du CAC 40. À l’image du remplacement d’Exxon Mobile par Salesforce au sein du Dow Jones, cet événement illustre à quel point le numérique est important pour l’avenir de nos emplois et de notre économie. Les résultats qui sont ceux de la France, et ce grâce à la politique menée depuis trois ans, sont très bons. Nous l’avons vu encore récemment à travers notre progression dans le classement des nations les plus innovantes.
Nous restons néanmoins loin de la ligne d’arrivée, loin de ce que représente l’écosystème américain par exemple. Dans le cadre d’un plan pensé pour préparer l’avenir, il est indispensable que la question de la technologie et des startups soit un élément important. C’est la raison pour laquelle nous consacrons cette somme non-négligeable à la croissance de l’écosystème.
Quels seront les leviers à disposition des startups pour tirer parti de ces annonces ?
Plusieurs choses. D’abord, une augmentation significative de 60 % des aides à l’innovation de Bpifrance sur deux ans pour atteindre 800 millions d’euros au total. De cette manière, les startups savent où taper à la porte : les canaux existent, particulièrement pour les amorçages. Je pense qu’il va y avoir des opportunités suite à la crise, tout comme celle de 2008 avait été – par défaut – un facteur d’accélération forte de l’écosystème. C’est pourquoi nous voulons mettre plus d’essence dans le moteur, aussi bien par le biais des subventions que des levées de fonds, puisque 2,5 milliards d’euros seront consacrés à ces dernières sur les cinq prochaines années.
D’autre part, le plan pour le secteur des technologies numériques s’élève à 2,3 milliards d’euros. Tout comme on l’a fait avec le plan autour de l’intelligence artificielle, qui a été tout de même déterminant il y a deux ans pour l’implantation de centres de recherche étrangers dans le pays, on veut faire en sorte que la France se positionne sur des technologies telles que l’informatique quantique ou la cybersécurité, pour être au rendez-vous de la compétition mondiale. Ces axes seront détaillés prochainement.
Vous ambitionnez de faire émerger des « leaders mondiaux ». Cela constitue-t-il une confirmation de votre objectif de 25 licornes à l’horizon 2025 ?
C’est non seulement toujours d’actualité, mais nous n’allons pas nous limiter à ces chiffres là. Notre objectif ne doit plus seulement être de faire émerger des licornes, mais des entreprises qui valent 10, 20, 50 milliards d’euros. La licorne n’est pas l’aboutissement du chemin, elle n’en est en fait que le début. Je suis assez optimiste sur le fait que nous verrons, dans les quelques années qui viennent, émerger ces fameux leaders mondiaux.
Il faut se souvenir qu’il y a un an et demi, la France comptait déjà 34 entreprises valorisées entre 500 millions et 1 milliard d’euros. Maintenant, nous allons passer au niveau supérieur. Les Doctolib et autres ContentSquare ne doivent plus être de simples licornes, mais atteindre demain une valorisation de 5 milliards d’euros… et après-demain, 10 milliards. La suite logique, c’est qu’elles s’imposent en bourse afin de constituer un véritable tissu de grandes entreprises françaises du numérique.