9 septembre 2020
9 septembre 2020
Temps de lecture : 3 minutes
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Le fonds Atomico s'engage sur des objectifs chiffrés pour réduire les inégalités dans la tech

Dans un post Medium, le fonds d'investissement anglo-saxon Atomico promet que 40% des startups qu'il soutiendra seront désormais fondées par des personnes "sous-représentées".
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Photo Station F

le fonds anglo-saxon Atomico est connu pour être un ardent pourfendeur du manque de diversité dans la tech européenne et de la perception qu'en ont ses acteurs et actrices, notamment à travers son baromètre annuel "State of European Tech". En 2018, cette étude n'avait ainsi trouvé qu'une seule femme directrice technique (CTO) des 175 startups qui avaient levé entre 1 et 10 millions d'euros en Europe en 2018. En cette rentrée particulière, 14 ans après sa création, Atomico a donc décidé de passer aux actes avec des engagements chiffrés, vérifiables, pour dépasser les lettres d'intention si chères à un secteur biberonné aux éléments de langage. Dans un post Medium, Atomico s'engage à faire passer à 40% la part de ses startups fondées "par une personne issue d'un milieu sous-représenté", pour reprendre la terminologie ("underrepresented background", NDLR) du fonds.

La définition d'Atomico de la sous-représentation comprend le genre perçu, l'appartenance ethnique, l'orientation sexuelle (LGBTQ+), le handicap et le milieu socio-économique (y compris l'éducation). À date, cette catégorie de fondateur·rice·s serait de 25% au sein du portefeuille d'Atomico qui aurait réalisé 160 investissements, dont 62 comme investisseur majoritaire, selon les données de Crunchbase.

Bousculer l'homogénéité de l'écosystème

Pour les Britanniques, ces engagements est un pas supplémentaire dans sa quête de sortir d'un monde des startups homogène où "souvent ces personnes font partie d'un groupe de personnes qui se ressemblent et pensent pareil." En 2019, Atomico avait ainsi lancé Angel Program en offrant l’opportunité à 12 business angels d’investir chacun·e 100 000 dollars dans les startups qu’ils estimaient prometteuses. Roxanne Varza, directrice de Station F, en faisait partie.

Le fonds du cofondateur de Skype Niklas Zennström, qui a investi dans l'éditeur français de jeux vidéo Oh Bibi!, explique que "le mouvement MeToo en 2017 a été un catalyseur pour accélérer le changement" en matière d'inclusion. MeToo a aussi permis aux Britanniques de s'en rendre compte en interne "que nous n'étions pas allés assez loin", pointant du doigt les manques dans la constitution des équipes. "Actuellement, nous n'avons pas de personne noire dans notre équipe d'investissement. Nous devons changer ça", témoigne sans fard Atomico.

Sans le demander, le fonds londonien devient une sorte de porte-étendard d'une partie de la tech européenne qui essaie de bousculer les habitudes en matière d'inclusion. Dans son post Medium, l'équipe d'Atomico souhaite d'ailleurs "entendre les autres acteurs de l'écosystème, en particulier les fondateurs sous-représentés, les organisations et les personnes qui s'efforcent d'améliorer la représentation dans la CV et la technologie européenne".

Cet appel à une démarche commune sera-t-il entendu en France? Depuis deux ans, des voix s'élèvent, des associations émergent pour promouvoir notamment la parité entre hommes et femmes et lutter contre la discrimination d'investisseurs. Mais pour l'instant, la prise de conscience peine à porter ses fruits.

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