Deux ans après sa dernière levée (65 millions), InnovaFeed annonce un nouveau tour de table de 140 millions d’euros dont la moitié en equity réalisé grâce à deux investisseurs historiques, Temasek, fonds souverain singapourien, et Creadev, fonds d’investissement de la famille Mulliez. Rien ne semble pouvoir arrêter la startup spécialisée dans la production de farine d’insectes à destination des poissons, même pas la concurrence d’Ÿnsect, pourtant présente dans le Next40, et elle aussi lorgne sur le marché américain. Il sera intéressant de voir quelles stratégies les deux entreprises vont déployer pour se démarquer.
2020 est une année plutôt faste pour l’entreprise qui a inauguré la mise en opération de sa nouvelle usine (Nesle) d’une capacité de 15 000 tonnes de protéines par an, il y a moins d’un mois. Grâce à ce nouveau financement, la startup veut aller encore plus loin, au sens propre comme au figuré, en s’implantant sur le sol américain.
Quadrupler sa capacité de production aux États-Unis
Cette levée de fonds doit permettre la construction d’une « première implantation aux Etats-Unis » , en l’occurrence sur le site du siège d’ADM (Archer-Daniels-Midland Company) à Decatur (Illinois), d’une capacité annuelle de 60 000 tonnes de protéines d’insectes – quatre fois celle de Nesle. La construction de cette usine commencera en 2021, a indiqué la startup, qui n’a pas souhaité dévoiler le montant de l’investissement. Le site d’ADM à Decatur est « le plus gros site de transformation de maïs au monde » , a expliqué Clément Ray, président d’InnovaFeed. ADM a accepté de vendre un des derniers terrains disponibles sur son site et conclu avec la startup « un contrat à très long terme de fourniture de matières premières », selon le dirigeant.
Si l’échelle est nettement plus grande, le modèle est identique à celui de l’usine de Nesle, implantée à proximité d’une amidonnerie du sucrier français Tereos. Les coproduits du maïs d’ADM Decatur « seront recyclés localement pour nourrir les insectes grâce à des infrastructures connectées au site. Ce modèle de production permettra également à InnovaFeed d’utiliser 27 mégawatts d’énergie résiduelle récupérée du processus ADM, énergie qui n’était pas valorisée auparavant », a précisé la startup.