Longtemps érigée en exemple de success story à la française, membre du fameux indice Next 40 lancé par le gouvernement pour mettre avant les pépites de la scène tech française, la scaleup Sigfox traverse une zone de turbulences. Si le spécialiste des réseaux bas débit pour l’Internet des objets (IoT) a mené, dans les années ayant suivi sa fondation en 2009, une politique de recrutement extrêmement ambitieuse, portant ses effectifs à plus de 300 personnes dans le monde, l’entreprise toulousaine doit aujourd’hui affronter le revers de la médaille de cette croissance, celui d’un management jugé « brutal », entraînant plusieurs plaintes devant les Prud’hommes de Toulouse et Paris.
Dans une enquête en deux parties, le site Mediacités, qui a interrogé une vingtaine d’actuel·le·s et ancien·ne·s salarié·e·s racontent le sentiment de mal-être qu’ils ont vécu au sein de l’entreprise. Parallèlement, Sigfox a lancé avant l’été son plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en France, rendu public quelques mois plus tard. Dans le détail, Sigfox devrait se séparer de 13 % de ses employés dans le monde, passant ainsi de 370 à 320 personnes. En France, le plan social concerne 47 employés.
La personnalité du PDG mise en cause
Si son réseau a déjà été déployé dans 72 pays à date, Sigfox peine à atteindre l’équilibre financier quand bien même même elle a levé 280 millions d’euros en 10 ans. Le climat dans l’entreprise, pesant en raison des mesures économiques et sociales draconiennes, l’est d’autant plus depuis que remontent à la surface les plaintes d’actuel·le·s et ancien·ne·s employé·e·s. Le principal mis en cause ? Ludovic Le Moan, président-fondateur. « Il faut un électrochoc et le retour de l’humilité, notamment pour le CEO, qui au lieu de donner des grandes leçons aux autres devrait plutôt s’affairer à redresser sa boîte » , indique à Maddyness un ancien salarié. Un témoignage qui recoupe ceux relayés par Mediacités dans son enquête, accablante pour le dirigeant.
Certain·e·s employé·e·s, qui ont demandé à conserver l’anonymat précise Mediacités, lui reprochent de les avoir pris en grippe et dénoncent un caractère éruptif. Si Ludovic Le Moan est décrit comme « inspirant » et « charismatique », selon les propos rapportés par Mediacités, il est aussi perçu comme quelqu’un de « narcissique » et « versatile ». « Il t’a mis sur un piédestal, puis tout à coup tu n’es plus rien. Des gens ont travaillé jusqu’à l’épuisement pour lui plaire » , témoigne ainsi une ex-cadre de l’entreprise dans Médiacités. « Il n’a pas d’attache émotionnelle avec les gens. Je l’ai vu virer certains de ses amis, qui avaient toujours défendu l’entreprise, du jour au lendemain » , renchérit dans ce même article un ancien salarié de la communication, un service qui aurait un temps été la cible des critiques de la direction sous prétexte que « ce qu’ils faisaient était nul ».