Republication du 13 octobre 2021
Et si la startup nation faisait place à la PME nation ? Si les startups ont le vent en poupe, elles charrient aussi un certain nombre d’a priori, parfois justifiés : des modèles économiques parfois toujours fragiles au bout de plusieurs années d’existence et des entreprises qui ne survivent que grâce à de clinquantes levées de fonds. Tout le contraire de ce qui anime l’écosystème grenoblois du numérique et de l’innovation. Avec près de 160 000 habitants et plus de 600 000 à l’échelle de la métropole dont 10% d’étudiants, Grenoble présente un vivier de talents et une matière grise non négligeable. « Notre objectif est de créer des entreprises et des emplois pérennes. Nos champions, ce sont ceux de la PME nation : ils ont 50 ans, ont traversé plusieurs crises et sont encore là aujourd’hui » , constate Claire Chanterelle, directrice du Tarmac, l’incubateur du technopôle Inovallée.
Courir après le succès, oui, mais pas à n’importe quel prix. Les chiffres avancés par la directrice du Tarmac illustrent avec force cette maxime : en six ans, les sociétés de l’incubateur ont généré 60 millions d’euros de chiffre d’affaires pour seulement 85 millions d’euros levés. « Nous préconisons une gestion raisonnée, une forme de frugalité, parce que cela enseigne beaucoup de choses. La richesse n’est pas gage de succès. » Un discours à contre-courant de l’hypercroissance à grands coups de méga-tours de table mis en avant par nombre d’entreprises innovantes.
Mais l’innovation sauce grenobloise se conjugue davantage en techno qu’en euros. « La force de Grenoble, c’est l’importance de la recherche, souligne ainsi Claire Chanterelle. Nous avons à notre disposition sur le territoire l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur des smart systems. » La métropole se targue ainsi d’industriels de pointe, notamment dans le secteur électronique, ST Microelectronic ou Schneider Electric en tête. Et peut compter sur un accompagnement de haute volée, à l’instar du Centre d’énergie atomique (CEA), installé à Grenoble depuis 1956.
Le CEA, moteur de l’innovation
Cet acteur-clé de l’innovation grenobloise n’a pas attendu les startups pour se distinguer. Depuis plusieurs années, il figure dans le haut du classement des organismes publics les plus innovants, récompensant une politique volontariste de dépôt de brevets – plus de 700 par an. L’institut a ainsi contribué à créer un cercle vertueux de l’innovation, grâce à des partenariats avec des industriels mais aussi des startups : ces derniers peuvent utiliser les laboratoires, plateformes techniques et équipements de pointe du CEA à moindre coût et sont ainsi encouragés à poursuivre leurs recherches avec l’aide de chercheurs experts en nanoélectronique, photonique ou robotique. Les brevets déposés restent la propriété du CEA, et contribuent ainsi à nourrir la recherche fondamentale, mais les entreprises partenaires en obtiennent l’utilisation exclusive sur le marché qui les intéresse.
C’est ainsi que l’écosystème grenoblois a vu émerger ces dernières années des champions nouvelle génération, dont les innovations reposent sur des innovations radicales et brevetées : Aryballe, Diabeloop ou encore Sylfen. Plus récemment, c’est Aledia qui s’est illustré avec une levée de 80 millions d’euros récompensant sa technologie de led 3D aux coûts de fabrication réduits mais à rendement lumineux particulièrement élevé. Plusieurs autres produits de startups, développés avec l’aide du CEA, comme ceux d’Iskn, de Moovlab ou de PowerUp sont d’ailleurs fièrement exposés au sein du showroom du Y.Spot, le centre d’innovation ouverte du CEA, flambant neuf.