écrit le 29 mars 2021, MÀJ le 25 mai 2023
29 mars 2021
Temps de lecture : 4 minutes
4 min
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Que font les fonds ? Le portrait d'Arbevel Life Sciences Crossover

Dans le paysage foisonnant de l'investissement, les fonds se multiplient... et ne se ressemblent pas. Parce qu'une levée, ce n’est pas simplement encaisser de l'argent et une bonne occasion de communiquer, nous brossons le portrait des fonds pour aider les entrepreneurs à s'y retrouver et à choisir le bon investisseur. Au tour d'Arbevel Life Sciences Crossover.
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Sam Moqadam

Les enjeux en matière de BioTech sont majeurs… mais les fonds d’investissement spécialisés dans le secteur demeurent rares. À l’image d’Advent France Biotechnology, la Financière Arbevel a choisi de s’y intéresser. Fondée à la fin des années 90, la société a été rachetée en 2018 par ses dirigeants actuels – Jean Baptiste Delabare et Sébastien Lalevée, des analystes financiers. Centrée sur les petites et moyennes valeurs, elle a lancé fin 2018 un véhicule spécifique, Arbevel Life Sciences Crossover, avec pour ambition de répondre aux besoins en capitaux. "Les dispositifs existants étaient largement défaillants. Il fallait créer de la richesse dans le domaine" , souligne auprès de Maddyness Marc Le Bozec, responsable du fonds, qui a été abondé à hauteur de 40 millions d’euros.

Mener, mais aussi compléter des levées

La Financière Arbevel, dont les activités principales sont la gestion de fonds traditionnels – qui pèse 1,7 milliard d’euros – et de fortune – 500 millions d’euros –, ne disposait pas en interne de compétences en matière scientifique. C’est donc pour gérer sa structure dédiée au capital-investissement que la société a recruté Marc Le Bozec. Le professionnel a été président du directoire de Cytoo, une startup grenobloise qui développe des produits thérapeutiques, ainsi que membre du conseil scientifique de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). "J’ai envoyé un mémo de 15 pages à Sébastien Lalevée en 2014. Il partageait le constat : des besoins existent dans la BioTech" , explique celui qui a d’abord géré le fonds Pluvalca Health Opportunities d’Arbevel jusqu’en 2018.

Arbevel Life Sciences Crossover s’est financée auprès de groupes mutualistes privés, tels que Malakoff Humanis, la Mutuelle générale de l'Éducation nationale, Pro BTP et Pasteur Mutualité, ainsi que de family offices. Ce fonds de première génération, lancé il y a deux ans, est presque bouclé. "Nous avons déjà réalisé 9 des 10 investissements prévus. Tous en France, sauf un en Israël. Il en manque un dernier" , indique Marc Le Bozec, précisant que "les dossiers arrivent naturellement sachant qu’il existe très peu de fonds spécialisés". Le gestionnaire précise que ses équipes ont été "à la manœuvre par trois fois, en menant les tours". Cela a été le cas pour les startups Transcure Bioservices – un prestataire de services pour l’industrie pharmaceutique – et NG BioTech – qui a récemment mis au point un test sérologique pour dépister le Covid-19. Mais le fonds est aussi amené à "compléter des tours de table conséquents" , tel que celui de 35 millions d'euros annoncé par CorWave début 2021.

De premiers exits en ligne de mire

Pour gérer Arbevel Life Sciences Crossover, Marc Le Bozec peut compter sur l’appui de Louis Geslin. Pharmacien de formation, il partage avec le responsable la volonté de "créer de la valeur pour le souscripteur tout en respectant l’entrepreneur" . Le fonds, qui investit des tickets allant de 500 000 à 4 millions d’euros – deux de ses transactions ont atteint cette somme –, rachète parfois les parts de business angels dans les entreprises. Il argue que "détenir l’essentiel du capital" n’est pas une obligation. "Quand cela est nécessaire au développement d’une société en portefeuille, nous réinvestissons" , assure aussi Marc Le Bozec. Le véhicule de la Financière Arbevel revendique ainsi de ne pas s’inscrire "dans une logique de séries". "Nous accompagnons les besoins de fonds propres, nécessaires pour renforcer le développement et les capacités de production" , affirme le responsable.

Alors que le fonds de première génération aura réalisé tous ses investissements dans les prochaines semaines, la Financière Arbevel ne prévoit pas de lancer son successeur dans l’immédiat. "Nous allons attendre un exit. Cela pourrait arriver cette année, puisque deux de nos sociétés en portefeuille sont en vente, pointe Marc Le Bozec, indiquant avoir rejeté une première offre de rachat. 7 de nos 9 participations ont été exposées aux banques d’affaires et la mise en bourse d’une société s’apprête à démarrer." Pour autant, ce choix de marquer une pause est réfléchi : il s’agit de consolider les fondations de la structure. "2022 marquera le lancement d’un véhicule. Mais nous voulions avoir des exits fructueux à montrer. C’est un élément très apprécié des souscripteurs, d’autant plus quand il s’agit d’investir dans de petits fonds" , avance le dirigeant, qui plaide pour "la transparence".