A 20 minutes de Paris, dans la plaine de Versailles, à Saint-Nom-la-Bretèche au cœur de paysages ruraux, se niche au bout d’un sentier encore en terre battue, l’incubateur Agritech des Fermes de Gally. Sur un terrain de plusieurs hectares, entouré de champs, il abrite plusieurs startups dont NeoFarm. Une bâtisse blanche qui fait office de bureau, des cultures sous serres hautes d’au moins 3 mètres pour abriter d’impressionnants portiques robotisés, d’autres cultures plus traditionnelles en plein champs pour l’agroécologie, et des zones de biodiversité : c’est ici que la jeune équipe d’entrepreneurs, d’ingénieurs et d’agronomes a élu domicile pour concevoir la ferme technologique du futur. Une installation pilote sur 10 000 m2, inaugurée en juin dernier, et vouée à être développée pour être proposée « clé en main » .
Bio, intense et techno !
L’enjeu ? « On conçoit et développe des fermes technologiques en maraîchage bio-intensif sur petite surface, pour produire des fruits et légumes bio et locaux destinés à la distribution en circuits courts, et nous proposons cette solution clé en main au sein d’exploitations installées à proximité des villes » , résume Alexia Rey, co-fondatrice de NéoFarm avec Olivier Le Blainvaux, également co-fondateur du start-up studio Technofounder. Simple et décontractée, diplômée de Sciences Po Paris et d’un brevet de responsable d’exploitation agricole, Alexia Rey démarre la visite des lieux en ce 31 août 2021 et présente les dernières innovations technologiques, issues de trois années de recherche financée par une levée de fonds de 1,4 millions d’euros en 2019. Une visite particulière puisque parmi les visiteurs figurent le ministre de l’agriculture Julien Denormandie et le Secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique Cédric O, et des élus locaux. Dans la cadre du plan « France AgriTech » , le gouvernement a annoncé le matin même une enveloppe 200 millions d’euros sur 5 ans pour promouvoir ce genre de startup.
Des portiques robotisés
Sur plusieurs parcelles sous serres, poussent une cinquantaine de variétés : des plantes aromatiques, des tomates, des choux de Chine, des courgettes, des radis… Les cultures se côtoient et les plans sont très rapprochés les uns des autres. Un procédé bien étudié pour accroître la production et les rendements dans le respect des règles agroécologiques et que rend possible la technologie. Entourée de son équipe, la dirigeante fait la démonstration du portique enjambeur robotisé, équipé d’une dizaine d’outils pour réaliser des tâches culturales (semis, plantation, désherbage, récolte…).
Sur une rangée vierge, le robot finit la préparation du sol et lisse la surface, puis procède au semis. La précision de la machine permet une culture intense. « Dans un champs normal, aucun outil conventionnel ne pourrait opérer sur des rangées aussi serrées. Ici, sur 80 cm, on peut mettre 11 rangées de carottes, au lieu de 4 » , précise Olivier Le Blainvaux. Qui ajoute : « Notre solution technologique entièrement intégrée comporte plusieurs briques : hormis le portique suspendu qui a pour but de réduire le temps et la pénibilité du travail tout en permettant une agriculture intense, nous avons développé une application de gestion intelligente de l’activité maraîchère, des capteurs et automatismes, permettant entre autres le contrôle de l’irrigation et de l’aération » .
Ici, high tech et agroécologie se côtoient : deux modèles complémentaires destinés à se développer conjointement, à l’instar de l’idée qui a poussé Xavier Niel a co-financé une nouvelle école d’agriculture baptisée Hectar, elle-même dotée d’un accélérateur de startups. « L’enjeu de l’agroécologie, c’est de concevoir des systèmes d’une grande productivité avec un minimum d’intrants. En y associant la technologie, nous voulons cultiver intelligemment des produits sains et réduire la pénibilité des maraîchers. Notre portique réduit déjà de 40% le temps et la pénibilité. Face aux enjeux du changement climatique et de la souveraineté alimentaire, notre mission est de faire émerger un modèle durable, rentable et attractif » , rappelle Alexia Rey, lauréate en février dernier du concours « 10 000 startups pour changer le monde ».