9 septembre 2021
9 septembre 2021
Temps de lecture : 4 minutes
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Benoît Hamon prend la tête de l'ONG Singa pour aider les réfugiés à entreprendre

L'ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017 annonce quitter la politique pour devenir directeur général de Singa Global.
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Certains espéraient qu'il soit candidat à la présidentielle, c'est raté : Benoît Hamon, ancien candidat socialiste à la présidentielle de 2017 et qui avait quitté le PS pour fonder le mouvement Génération.s a annoncé ce jeudi, dans une interview accordée au Monde, qu'il quittait la vie politique. " J’ai moins envie de participer au débat public sous la forme classique mais j’ai ressenti le besoin d’être davantage dans l’action ", précise-t-il. Mais " renoncer à l’action politique, ce n’est pas renoncer à l’action ". C'est pourquoi Benoît Hamon rejoint l'ONG Singa, destinée à créer du lien entre personnes réfugiées et communautés d'accueil, notamment via l'innovation et l'entrepreneuriat, en tant que directeur général de Singa Global.

" Ma mission, c’est d’accélérer le changement d’échelle en Europe et en Amérique du Nord ", explique-t-il. Le désormais ancien homme politique devra donc promouvoir les projets visant à mieux intégrer les personnes réfugiées et à valoriser leurs compétences. " L’idée est de permettre que le potentiel de chacun se dévoile et s’épanouisse. L’image que nous conservons des personnes migrantes est celle de femmes et d’hommes abîmés par l’exil. Pourtant, leur vie ne se résume pas à ce parcours. Combien de gens sous les tentes sont des trésors ? Il y a un potentiel incroyable (...). Quelqu’un qui a pris la route de l’exil, qui a repoussé les frontières, révèle toujours une résilience, une agilité, une capacité à coopérer et innover. "

" Tout le monde ne créera pas Google ou BioNtech. Mais il y a aussi les futures Marie Curie sous les tentes de la porte de la Chapelle. "

Cette accélération internationale devra aussi avoir pour but de faire bouger les lignes dans l'Hexagone, " assez en retard sur ces questions ". " À titre d’exemple, en Allemagne, 44 % des entreprises de tech sont créées par des migrants. Aux Etats-Unis, 45 % des grandes entreprises ont été créées par des immigrés ou enfants d’immigrés. 16 % des brevets sont déposés par des étrangers. "

Benoît Hamon renonce ainsi à jouer un quelconque rôle dans la présidentielle à venir, alors qu'il avait contribué ces derniers mois à rapprocher son mouvement Génération.s des écologistes, en pleine primaire actuellement. Il défend désormais une autre forme d'engagement. " Singa, l’organisation que je rejoins, est représentative de ces mouvements citoyens qui se sont développés depuis dix ans et qui ont énormément d’impact par les solutions qu’ils proposent, dans le débat public comme dans les représentations que l’on peut avoir de sujets conflictuels comme l’immigration ", tient-il à souligner, alors qu'il constate que " les fléaux contre lesquels [il s'est] battu jeune sont plus forts aujourd’hui que quand [il avait] 18 ans ". " Les victimes d’intolérance deviennent parfois elles-mêmes des bourreaux. On est tous les parias et les bourreaux de quelqu’un ".

Une "bataille" pour l'inclusion

Après avoir consacré plus de deux décennies de sa vie à la politique, Benoît Hamon estime qu'aujourd'hui, de grands mouvements sociaux permettent de faire avancer certaines causes plus rapidement que la politique. " Si on prend le féminisme, le mouvement #metoo a eu beaucoup plus d’impact sur le comportement des hommes et les lois que vingt ans d’action institutionnelle classique. Sur le climat, la mobilisation citoyenne a eu beaucoup plus d’impact sur l’appui des rapports du GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat] que la totalité des ministres de l’écologie réunis. "

Il s'apprête donc à mener une nouvelle " bataille culturelle ", celle de la paix sociale grâce à l'inclusion - sans oublier pour autant la croissance économique : " plusieurs études l’attestent : plus une société est inclusive, plus son économie va bien, plus les rapports sociaux sont pacifiés ".

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Photo by JOEL SAGET / AFP