La jeune entreprise française Flying Whales entend profiter de l'exposition universelle de Dubaï, où elle sera présente au sein du pavillon français, pour " générer une adhésion " autour de son projet de transport de charges lourdes par dirigeable, selon son président. Seule startup sélectionnée par les autorités françaises pour promouvoir des projets innovants dédiés à la mobilité à l'occasion de l'exposition rassemblant 190 pays du 1er octobre au 31 mars, Flying Whales (la "Baleine volante") présentera son projet de dirigeable conçu pour transporter des charges lourdes et volumineuses dans des zones difficiles d'accès.

" On attend de Dubaï de faire connaître la solution et de générer une adhésion sociétale " autour du projet, explique son président Sébastien Bougon, alors que le dirigeable reste souvent associé dans l'inconscient collectif à la catastrophe du Hindenburg en 1937. Mais là où le zeppelin géant était gonflé d'hydrogène hautement inflammable, la péniche du ciel moderne de 200 mètres de long et 50 mètres de diamètre sera remplie d'hélium non pressurisé, un gaz inerte. Sa propulsion sera hybride électrique.

Atteindre des zones difficiles d'accès

" Ce sera de très loin le plus grand aéronef du monde ", affirme Stéphane Bougon. Et là où un avion doit se poser pour décharger, le dirigeable n'aura qu'à se mettre en vol stationnaire, se passant donc d'empreinte au sol. Grumes de bois, pales d'éoliennes, pylônes électriques ou conteneurs... il pourra emporter 60 tonnes sous élingues ou dans sa soute de 100 mètres de long sur plusieurs centaines de kilomètres. En Guyane, il pourrait rallier Cayenne à Maripasoula en trois heures, contre trois jours en camion puis en pirogue.

L'idée est venue en 2012 lors de discussions avec l'Office national des forêts (ONF) à propos de l'extraction de bois dans les zones difficiles d'accès, où la construction d'une piste peut coûter plus cher que la ressource elle-même. Le projet est lancé et mobilise des investisseurs privés (Air Liquide, Bouygues, Oddo) comme publics (gouvernement du Québec, région Nouvelle Aquitaine, groupe ADP, bpifrance...). Quelque 80 millions d'euros ont été levés à ce stade sur un total de 450 millions nécessaires d'ici la certification de l'appareil prévue fin 2025.

La construction de l'usine à Laruscade (Gironde) doit débuter l'an prochain et le premier vol est prévu en 2024. Flying Whales, qui estime le futur marché à 800 appareils, est confronté à plusieurs projets concurrents, notamment l'américain LTA Research du cofondateur de Google Sergueï Brin et du britannique Hybrid Air Vehicule (HVA).

Maddyness avec AFP