Moins de trois ans après avoir fondé Sublissime, Mona Cathelin a déjà exploré la vie de startuppeuse sous tous les angles. Les plus favorables, lorsque les idées fusent et les financements suivent, comme les moins avantageux, lorsque les galères s’accumulent et les doutes s’installent. Une expérience qui illustre bien la détermination de la jeune femme qui s’est donnée un objectif : sublimer par l’image les articles des commerçants et e-commerçants grâce à un véritable studio photo virtuel. Avec un double intérêt : mettre en valeur les produits, bien sûr, grâce à des options de détourage et de scénographie en 3D, mais aussi simplifier leur inventaire, avec une myriade de fonctionnalités ingénieuses (récupération des caractéristiques produit, remplissage automatique de fiche produit, reconnaissance de contrefaçon…).
Lancée au printemps 2020, en plein confinement dû à la crise de Covid-19, l’application enregistre un « bon décollage », s’enthousiasme Mona Cathelin.
Leroy Merlin conquis
Près d’un an plus tard, l’offre de Sublissime intègre le programme New Shopping Experience 2021 du PICOM by Cap Digital et tape dans l’œil de Leroy Merlin. Plus exactement, c’est le logiciel sur lequel s’appuie l’application de Sublissime qui suscite l’intérêt du spécialiste français de l’habitat. « L’équipe de Leroy Merlin testait un nouveau logiciel interne appelé ‘Planogramme’, qui permet de visualiser en 3D l’implantation des rayons, c’est-à-dire d’offrir une vue globale des étagères sur lesquelles sont disposées les produits, calculer leur encombrement (taille, volume…) », détaille Mona Cathelin. Problème : « En fin de test, ils se sont aperçus que leur base de données médias n’était pas du tout complète : pour 90% des 300 000 produits, les équipes en charge du ‘Planogramme’ n’avaient que des images sans emballage. » Or, ce logiciel est destiné aux vendeurs en rayon, qui manient les produits emballés et n’avaient donc aucun moyen de les reconnaître.
Leroy Merlin demande donc à Sublissime de concevoir un studio photo et de développer une appli sur-mesure pour eux : « Nous avons pris plus de 600 photos de produits emballés en une journée », se remémore Mona Cathelin. Inédite, cette collaboration – née en janvier 2021 au cœur du programme New Shopping Experience – a pu compter sur le soutien financier du fonds européen de développement régional (FEDER) (1). Une première victoire pour Mona Cathelin, pour qui travailler avec Leroy Merlin, était « un objectif professionnel ultime ».
Pour l’entrepreneuse, l’arrivée du Covid-19 a marqué un tournant la poussant à « pivoter » en abandonnant son produit initial – un mini-studio photo en bois modulable dédié au retail et au e-commerce – pour se concentrer sur sa version virtuelle. Un second départ bienvenu, après un parcours semé d’embûches.
Un studio photo conçu depuis une cave, sans lumière naturelle
L’aventure de Sublissime commence pourtant comme une jolie photo de famille, en 2016. Le bac en poche, Mona Cathelin crée sa société de communication puis quitte son Antibes natal pour se lancer dans une double licence de stylisme photo et visual merchandising à Lille. En parallèle, sa mère Nadine lance son site e-commerce de loisirs créatifs mais « elle faisait des photos horribles », sourit aujourd’hui l’entrepreneuse. Ni une ni deux, cette passionnée de photo et de communication se lance dans la confection d’un studio photo sur-mesure. La logistique entre Lille et Antibes est compliquée mais Mona Cathelin sent qu’autour d’elle, l’idée plaît. Elle se lance dans la création de Sublissime en 2017 depuis son « bureau installé dans une cave, sans lumière naturelle » à l’Institut de l’entrepreneuriat de l’Université catholique de Lille, qui devient sa « deuxième maison ». Quelques mois plus tard, Lucas Boucher, développeur dans le même incubateur, quitte une première startup pour la rejoindre.
Ensemble, ils rejoignent l’accélérateur EuraTechnologies, à Lille, « par pure opportunité », admet aujourd’hui la fondatrice. « Nous voulions qu’ils financent notre accès au TechShop de Lille, un markerspace au sein duquel il était possible de faire de la R&D et des formations », détaille-t-elle. Le duo obtient 14 000 euros de la part de l’incubateur et se plonge dans un an et demi de R&D, « dont neuf mois où je ne suis pas sortie et je n’ai vu personne », se remémore l’entrepreneuse. Pendant que son associé planche sur le développement d’une appli, Mona Cathelin, elle, passe son temps sur des machines à découpe laser et à impression UV pour fabriquer son studio photo modulable.