Qui n’a jamais assisté à une réunion où 90% des participants n’ont pas pris la parole ? Où aucun objectif clair et pertinent n’a été décidé ? La réunionnite française n’est plus une surprise mais elle se tue à petit feu selon le fondateur de Klaxoon. « La réunion est morte » , lance t-il. Une affirmation qui s’appuie sur le changement de comportement de ses clients au cours des 18 derniers mois.
« Lorsque nous nous sommes lancés en 2015 [avec pour ambition de rebattre les cartes de la réunion classique, ndlr], notre concept ne passionnait pas les foules, seuls les spécialistes comprenaient notre apport » , reconnaît Matthieu Beucher. Mais 18 mois de confinement ont eu raison des temps d’échange où deux personnes monopolisent la parole devant une assistance à moitié endormie. « Les entreprises font face à trois enjeux majeurs : fonctionnement hybride, contextes complexes et des cycles de décision rapides » , met en exergue Matthieu Beucher. La réunion hebdomadaire ne répond plus à ce besoin. Durant la pandémie, des clients de Klaxoon ont commencé à travailler en « mode workshop« afin de fluidifier les échanges entre collaborateurs et équipes. Cela consiste à quitter « le modèle pyramidal et ouvrir son organisation à l’extérieur en créant un collectif à dimension variable en fonction des enjeux et des objectifs à atteindre. On peut ainsi faire entrer des partenaires et des personnes extérieures essentielles pour un objectif spécifique du projet » , développe Matthieu Beucher. François Gabart a utilisé cette méthode pour développer sa PME Mer Concept, le Crédit Agricole également, tout comme Microsoft.
Pour aider les sociétés a s’emparer de ce sujet, la startup a lancé un nouveau produit, the Workshop platform, comprenant une centaine de template prêts à l’emploi pour collecter des données, réaliser une matrice de gestion de projets, etc. D’autres outils viennent compléter la plateforme : un système de « timer » pour obliger à respecter les délais, le mémo pour partager des informations, des sondages, des quizz, la génération d’un compte-rendu après chaque réunion et surtout la possibilité de connecter n’importe quel écran à la solution. Cette workshop platform a pour ambition de devenir « l’épine dorsale » de la gestion de projet en offrant la possibilité de se connecter avec les autres outils de la société comme Teams, Salesforce, etc. Tout comme le reste de la plateforme Klaxoon, « la solution s’adresse autant aux grands groupes, qu’aux entreprises plus modestes mais aussi aux services publics » , souligne Matthieu Beucher. Et ces derniers sont apparemment très demandeurs. « Nous grandissons deux fois plus vite sur ce marché que sur les autres » .
Cap sur l’Amérique
L’autre grande stratégie de développement de Klaxoon est son expansion aux États-Unis. Pour passer un cap et convaincre davantage de sociétés comme Microsoft, son fondateur s’est installé à Boston. « C’est le pays historique du logiciel qui donne le ‘La’ en la matière » , confie t-il. C’est pourquoi la startup y a déjà posé un pied il y a quelques années. L’objectif est désormais d’y renforcer l’équipe en recrutant une centaine de personnes notamment dans le marketing et le commercial. « Ils sont déjà très à l’aise avec l’hybridation » , souligne Matthieu Beucher, persuadé que Klaxoon pourra facilement convaincre un grand nombre de sociétés américaines au cours des prochains mois. D’autres recrutements sont prévus en France, une centaine dans la R&D et le commercial, ce qui devrait faire grimper le nombre de salariés à 500, l’entreprise en comptant actuellement 300 -250 en France, 20 aux Etats-Unis et 30 dans le reste du monde.